Un débat public est en cours concernant le projet de construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR2. Si le projet aboutit, c'est presque une deuxième centrale nucléaire qui sortirait de terre.
Il faut imaginer deux nouveaux dômes, plus grands, plus massifs, positionnés face aux six autres déjà existants et alignés face à la mer. Pour le grand public, ces deux nouveaux bâtiments seraient alors la partie visible de la mise en activité des deux nouveaux réacteurs nucléaires, qui auront transformé en profondeur le paysage du centre de production nucléaire de Gravelines.

Concrètement, deux bâtiments jumeaux abriteraient deux réacteurs de troisième génération, fonctionnant grâce à un principe physique de réaction à l'eau pressurisée. Ils seraient capables de produire chacun 1670 MW d’électricité, près de deux fois plus que les six réacteurs déjà en activité à Gravelines. Autour des réacteurs, des bâtiments abritant des générateurs diesels, d'ultimes secours pour assurer un haut niveau de sûreté au site. Résultat : une production d'électricité bas-carbone d'au moins 20 TWh par an, pendant au moins 60 ans. Voilà pour le projet.
Un site métamorphosé
S'il aboutit, c'est presque une deuxième centrale nucléaire qui sortirait de terre à l'horizon 2037. En face du site existant, côté Loon-Plage, les deux nouveaux réacteurs seraient séparés de l'actuelle centrale par une route. Ils disposeraient de leur propre canal d'amenée, utilisé pour acheminer l'eau de mer jusqu'au réacteur. Des canalisations souterraines devraient permettre ensuite d'acheminer les eaux utilisées et réchauffées vers le point de rejet déjà existant pour le centre actuel.
Deux phases de travaux sont donc prévues. La première concernerait des opérations de génie civil pour préparer le site. "C'est une phase préparatoire. On devrait par exemple renforcer le sol, qui est trop sableux, puisque les réacteurs EPR2 sont deux fois plus lourds et deux fois plus puissants que ceux qui existent déjà" prévient Antoine Ménager, directeur du programme "nouveau nucléaire" pour EDF. Pour la circulation de l’eau depuis et vers la mer, "d’autres travaux d’ouvrages sont aussi nécessaires pour créer ce fameux canal d’amenée et les canalisations vers le canal de rejet afin d’assurer le refroidissement des réacteurs" poursuit Antoine Ménager.
Une centrale 2.0 "toujours à l'état de projet"
Cette métamorphose en profondeur du site est actuellement présentée lors de réunions ouvertes à tous et menées par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) afin d’informer les citoyens. Ces débats se sont ouverts en septembre 2024 et se poursuivent jusqu’au 17 janvier 2025. Deux enquêtes publiques devraient ensuite s'ouvrir en 2026 et 2028.
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— EDF Gravelines (@EDFGravelines) January 13, 2025
Car la construction des deux nouveaux réacteurs est soumise à plusieurs phases d'information et d'autorisation. "Par exemple, nous allons déposer une demande d'autorisation environnementale et une demande d'autorisation des installations nucléaires de base dont nous attendons les réponses d'ici à l'automne 2026. Il faut le rappeler, tout cela est à l'état de projet" rappelle Antoine Ménager devant plusieurs dizaines de citoyens désireux de s'informer et connectés lors d'un webinaire qui s'est tenu jeudi 9 janvier dernier. D'autres réunions d'information du même ordre sont prévues jusqu'au 17 janvier 2025.
Le défi du raccordement électrique
Dans ce projet de construction de deux nouveaux réacteurs à Gravelines, EDF est associé à RTE pour raccorder l’énergie produite au réseau. Là encore, d'autres travaux sont donc à prévoir. Il faudra construire deux lignes électriques aériennes et quatre lignes souterraines. La construction se fait en deux phases, avec les travaux de liaisons en sous-sol prévus entre 2027 et 2029. "Les câbles seront déroulés dans des rouleaux de cuivres placés dans des tranchées enterrées à 1m50 sous le sol" décrit François Maillard responsable de projet chez RTE. Ensuite, les travaux de construction des liaisons aériennes commenceraient à l’horizon 2030 et dureraient deux ans. "On aurait deux pylônes électriques mesurant entre 40 et 60 mètres de haut, très semblables aux pylônes déjà existants" conclut François Maillard.
En tout, l'ensemble des travaux devraient durer douze ans. "Il faut compter sept ans, rien que pour construire les bâtiments" rappelle Antoine Ménager. Pour créer cette centrale 2.0, il faudrait, selon EDF, 1 million de m3 de béton, 200 000 tonnes de ferraille, 300 kilomètres de tuyaux, 3 000 kilomètres de câbles... Derrière les chiffres, impressionnant, une réalité : la centrale nucléaire de Gravelines serait métamorphosée.