Implantations de gigafactories de batteries électriques, réacteurs EPR à Gravelines, investissements d’entreprises liés à l’économie décarbonée... Dans les cinq prochaines années et au-delà, les besoins de main d’œuvre vont exploser dans le Dunkerquois et dans tout le Nord-Pas-de-Calais. Particulièrement dans l'industrie détaille une étude prévionnelle des emplois.
La Chambre de Commerce et d'Industrie vient de mener une étude afin d'estimer les besoins, les métiers et compétences qui seront nécessaires au territoire allant de Calais à Dunkerque en passant par Saint-Omer. En comptant les emplois directs et indirects, 30 000 postes seraient à pourvoir dans les prochaines années.
Diagnostic
Pour réaliser cette étude, 71 entreprises implantées sur ce territoire ont été consultées et questionnées sur leurs prévisions de développement et de croissance à court terme. Le préfet de région Bertrand Gaume, commanditaire de l'étude via la CCI, indique : "Cette étude nous permet collectivement d’orienter efficacement les interventions à conduire et les financements nationaux, régionaux et européens. Le succès de ce projet repose sur notre capacité à travailler ensemble pour faire du nouvel essor industriel du Dunkerquois un levier de développement et d’opportunités pour l’ensemble de notre région".
Aujourd'hui, près d'un tiers des salariés (28 %) travaille dans l'industrie dans le Dunkerquois. Ce qui représente 20 400 emplois.
Quand en 2 ans, l'emploi dans l'industrie a augmenté de 1% au niveau des Hauts-de-France, il a bondi de 8% sur les terres de Jean Bart.
La métallurgie et la transformation des métaux sont le premier employeur, avec 7718 salariés. Vient ensuite l'industrie des biens intermédiaires et d'équipements (réparation, installation de machines et d'équipements) puis l'industrie des biens de consommation (et notamment l'industrie pharmaceutique).
Un contexte inédit, des opportunités d'emplois sans précédent
Pour les auteurs de l'étude prospective sur la GPEC du territoire (Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences), "le Dunkerquois entre dans une nouvelle ère industrielle". Ils précisent : "Les nombreuses industries d’envergure comme les gigafactories en cours d’implantation, le développement des investissements liés à la décarbonation des sites existants, le chantier de l’EPR2 à Gravelines… constituent des opportunités d’emplois sans précédent".
Le Dunkerquois entre dans une nouvelle ère industrielle. Au total, ce sont plus de 30 000 emplois directs et indirects qui seront à pourvoir à l’horizon 2030.
Etude prospective sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences du territoire dunkerquois.
Les 71 entreprises (industrie, BTP, transport) ont aussi été interrogées afin de quantifier les volumes d'emplois, d'identifier les nouveaux métiers à venir, de repérer les besoins de formations et d'estimer les difficultés de recrutement.
Il ressort de ces entretiens que 72 % des entreprises ont déclaré avoir -déjà- des soucis à recruter et que la principale raison est un manque de candidats dans les profils recherchés.
Dans les secteurs de la maintenance, l'automatisation, l'électricité, le management ou la mécanique, les tensions sont déjà fortes. D’ici 2028, plus d’un dirigeant sur 2 projette une hausse de ses effectifs.
Mais ce qui est intéressant aussi dans cette étude, c'est qu'elle met le doigt sur la mutation des métiers : "L’industrie 4.0 modifie en profondeur les modes de production et d’organisation. Ainsi, avec la décarbonation, l'intégration des technologies telles que l'intelligence artificielle, l'internet des objets, la robotique avancée et le Big Data, de nouveaux métiers émergent pour accompagner cette transformation". Des métiers qui existent déjà pour certains mais qui ne sont pas encore présents au sein des entreprises questionnées. Ils se concentrent dans les domaines de l'automatisation, la cybersécurité, la décarbonation, la méthode Hydrogène (H2).
EPR de Gravelines
Le projet de construction par EDF de deux réacteurs nucléaires EPR2 lancé à Gravelines, près de Dunkerque est un chantier gigantesque. Et donc un véritable pourvoyeur d'emplois : 4300 postes seraient à pourvoir d'ici 2029.
Pour la centrale de Gravelines, les recrutements prévus concernent des niveaux bac+2 alors que pour l’EPR 2 la majorité des recrutements s’orientent vers des niveaux Bac+5.
Pour l’EPR2, trois métiers sont principalement demandés : la construction et maintenance, mécanique et électrique avec 186 postes prévus, les métiers de l’intégration technique avec 157 embauches envisagées et le management de projet pour 142 embauches.
Pour le nucléaire existant : les métiers liés à l’exploitation dominent avec 243 recrutements prévus suivis des métiers de la mécanique, chaudronnerie, robinetterie, électricité avec 168 recrutements envisagés.
A tous ces emplois, il faut ajouter 850 postes prévus pour l'éolien off-shore.
Besoins de formation
Alors, les organismes de formation ouvrent des antennes ou s'installent sur le territoire, pour préparer au mieux les travailleurs de demain.
"Ce nouvel essor industriel est une chance unique de renforcer l’accès à l’emploi pour tous : jeunes diplômés, travailleurs en reconversion ou publics moins qualifiés. Le succès de ce projet repose sur notre capacité à travailler ensemble", a déclaré Bertrand Gaume, préfet de la région Hauts-de-France.
Le site internet "Dunkerque, l'énergie créative" a listé les 20 000 emplois qui seront proposés ainsi que des conseils pour se former, s'installer et travailler sur le littoral. Tout le territoire se met en ordre de bataille pour adapter l'offre d'emploi aux demandeurs.