L'inquiétude monte chez ArcelorMittal à Dunkerque. Le Président du groupe en France, Alain Le Grix de la Salle a annoncé que tous les sites européens d'ArcelorMittal risquaient de fermer. En colère, les salariés se sont mobilisés à Dunkerque à l'appel de la CGT.
"Tous les sites européens présentent aujourd'hui des risques de fermeture". Ces propos ont été tenus par Alain Le Grix de la Salle, président d'ArcelorMittal France, le 22 janvier 2025 à la Commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale. Pointant du doigt une concurrence chinoise de plus en plus rude.
Au lendemain de cette prise de parole et marqués par les propos de leur président, les salariés d'ArcelorMittal se sont mobilisés à l'appel de la CGT à Dunkerque.
Inquiets et en colère, ils espèrent bien sauver leur site. L'argument de la concurrence chinoise serait un leurre pour les représentants syndicaux, qui dénoncent également une attitude attentiste de la direction qui retarde la décarbonation du site.
"C'est un tsunami pour le territoire"
"C'est le scénario le plus noir qu'on craignait et qui confirme l'alerte qu'on a lancée en juin dernier", fustige Gaëtan Lecocq, délégué syndical CGT ArcelorMittal à Dunkerque. "Si cette année, on ne réalise pas les premiers travaux, on sait très bien qu'on est condamnés".
Condamnés, car le retard pris dans la décarbonation de l'acier d'ArcelorMittal empêche certains sites de respecter les accords de Paris sur le climat. Leur survie est donc en jeu. Cette décarbonation doit amener à produire -35% de CO2 à l'horizon 2030 et à la neutralité d'ici à 2050. Un projet à 1,8 milliard d'euros.
À Dunkerque on ne va pas se laisser crever.
Gaëtan LecocqDélégué syndical CGT à Arcelor Dunkerque
"Il va falloir qu'on s'organise, qu'on réagisse. À Dunkerque, on ne va pas se laisser crever. Si ArcelorMittal tombe, ce sont les territoires de l'Audomarois, du Dunkerquois, du Boulonnais qui seront supprimés. C'est un tsunami pour le territoire. On nous parle de projets de batterie, mais sauvons déjà notre industrie actuelle", poursuit le syndicaliste.
850 millions d'euros apportés par l'État
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF était également de la partie. Pour lui, "les propos du PDG d'ArcelorMittal sont très inquiétants. Les sites d'ArcelorMittal sont menacés par l'actionnaire principal parce que ArcelorMittal préfère investir en Inde, faire de l'acier là-bas et le faire venir en Europe et concurrencer ses propres usines. Il peut toujours pointer du doigt la Chine, la réalité, c'est que c'est lui qui augmente la production en Inde, au Brésil et refuse d'investir en France."

Sur les 1,8 milliard d'euros nécessaires, l'État français est prêt à apporter 850 millions d'euros sans contrepartie. De son côté, ArcelorMittal traînerait des pieds à ajouter les fonds manquants selon les syndicats. Aujourd'hui, le site de Dunkerque représente 3200 emplois directs et fait vivre près de 10 000 personnes.
Reportage réalisé par Yann Fossurier, Frederik Giltay et Arnaud Moreau pour France 3 Hauts-de-France.