Les proches de l'éducateur spécialisé, tué à Cappelle-la-Grande (Nord) le 31 août 2024, se mobilisent ce vendredi 17 janvier 2025 devant le tribunal de Dunkerque. Ils veulent que la justice requalifie le meurtre en crime raciste. Jérôme Décofour, affilié à une milice d'extrême-droite, est mis en examen et placé en détention provisoire depuis le 2 septembre.
Un rassemblement pour crier leur colère, près de 5 mois après le meurtre de Djamel Bendjaballah. Ce vendredi 17 janvier 2025, les proches de la victime appellent à manifester devant le tribunal judiciaire de Dunkerque. À leurs côtés, la Ligue des Droits de l’Homme, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples et la Maison des Potes.
Tous réclament une requalification du meurtre en crime raciste, comme l’explique maître Alexandre Demeyere-Honoré, avocat des parties civiles. “La famille n’est pas dans un esprit de vengeance, ils aimeraient juste se battre pour que l’accusé soit jugé pour les faits qu’il a commis : un crime raciste”.
Tué par l’ex-conjoint de sa compagne
Le 31 août 2024, devant le collège Van der Meerch de Capelle-la-Grande près de Dunkerque (Nord), Djamel Bendjaballah est tué sous les yeux de sa fille de 10 ans. L’éducateur de 43 ans est passé à trois reprises sous les roues de la berline de l’ex-conjoint de sa compagne, Jérôme Décofour. Un accident selon la version de l’accusé, un acte délibéré selon le parquet qui l’a mis en examen pour meurtre et placé en détention provisoire. Contactée, l’avocate de l’auteur présumé des faits n’a pas répondu à nos sollicitations.
Cet homme, Djamel Bendjaballah le craignait. Entre décembre 2022 et août 2024, il avait déposé à son encontre plusieurs plaintes pour injures racistes. Des plaintes qui n’avaient pas déclenché de mesures spécifiques de la part de la justice, jusqu’au jour du crime.
Affilié à une milice d’extrême droite
Pourtant, le dossier montre que le mobile raciste est prégnant, selon l’avocat des parties civiles. “L’accusé avait envoyé un saucisson à Djamel. Lors d’une audience devant le juge aux affaires familiales, il l’avait insulté de sale bougnoule, de sarrasin”, liste Alexandre Demeyere-Honoré.
En dépit des nombreuses plaintes que mon frère a déposées auprès de la police, il n'a pas été protégé. On l'a laissé se faire tuer par un identitaire raciste appartenant à la Brigade Française Patriote. Toute cette violence fait peur ! Pouvons-nous encore croire en la justice ?
Nadia Bendjaballah, soeur de DjamelLe 8 novembre 2024 sur Facebook
Pendant l’instruction, la famille de la victime a également découvert que Jérôme Décofour était affilié à la “Brigade française patriote”, une milice d’extrême droite survivaliste “qui va faire des stages de tir dans la forêt pour se préparer à ce qu’ils appellent le grand remplacement”, détaille le conseil des proches de Djamel Bendjaballah. “On a retrouvé des photos sur les réseaux sociaux, des écussons de cette brigade chez lui, ainsi que de nombreuses armes”, ajoute l’avocat.
Requalification
Des insultes racistes assumées, une appartenance à une milice d’extrême droite, plusieurs plaintes déposées... Le terreau d’un crime raciste, selon les proches de la victime. “Il faisait une fixette sur Djamel, conclut Alexandre Demeyere-Honoré. Ce qui a déterminé le passage à l’acte, c’est qu’il soit le nouveau compagnon de sa femme et c’était insupportable pour lui".
Si le parquet requalifie le meurtre en crime raciste, la peine encourue par Jérôme Décofour passerait de 30 années de prison à la réclusion criminelle à perpétuité. Contacté, le parquet de Dunkerque n’a pas répondu à nos questions à l’heure où nous écrivons cet article.