Grande-Synthe : un vaste camp de migrants démantelé, des parlementaires demandent la fin de la politique du "zéro fixation"

Ce 16 novembre, le ministre de l'Intérieur faisait évacuer plus de 400 personnes d'un camp de réfugiés à Grande-Synthe. Ce même jour, la commission d'enquête parlementaire sur les migrations recommande un changement radical de politique.

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Cela ne se passerait pas autrement dans deux mondes parallèles. Ce 17 novembre, la commission d'enquête parlementaire sur les migrations rend son rapport. Comme anticipé, il réclame la fin de de la politique du "zéro fixation" menée sur le littoral et condamne avec force la gestion "policière" des questions migratoires en France. 

Pendant ce temps, à Grande-Synthe, 400 migrants étaient évacués d'un important campement et visés par des mises à l'abri forcées, à l'exception de quelques familles ayant accepté les propositions d'hébergement. Selon le préfet du Nord, ils seront dispersés, la plupart dans le département, une partie dans d'autre régions. Une trentaine de personnes, soupçonnées de délinquance ou d'être impliquées dans des réseaux de passeurs auraient été interpellées.

Reportage de Maxime Lictveout et Lila Haffaf, avec Anna Richel pour Utopia 56.

Certains, dans la nuit, avaient déjà commencé à rassembler leurs maigres possessions pour anticiper ce démantèlement. "Je n'ai pas de chance, je ne savais pas que la police venait, explique un homme, désemparé. Je vais peut-être aller par là, ou par là, je ne sais pas." Il ignore si la police veut s'en prendre à ses possessions. Les tentes laissées sur place seront, comme souvent, lacérées au couteau. Rapidement, les militants associatifs, la coordinatrice d'Utopia 56, mais aussi les journalistes, sont écartés de l'opération. 

"Il faut trouver une solution pour ces gens-là d'autant que nous allons arriver en hiver. L'Etat les empêche de prendre la mer et l'Etat les empêche de rester ici, c'est un cercle vicieux", a plaidé pour sa part le cabinet du maire socialiste de Grande-Synthe, Martial Beyaert, auprès de l'AFP.

Le littoral du Pas-de-Calais concentre "toutes les mauvaises pratiques"

Les expulsions de campements, bidonvilles, squats et autres abris informels occupés essentiellement par des personnes étrangères ont bondi de 23% en 2021, a annoncé ce 16 novembre un observatoire composé de plusieurs associations comme Médecins du monde, la Ligue des droits de l'Homme ou la Fondation Abbé Pierre. Ce chiffre fait de 2021 une année record pour les expulsions. Les villes du Calaisis et de Grande-Synthe représentent à elles seules 77% de ces opérations. 

Expulsions annoncées à la dernière minute, souvent sans solution d'hébergement, destruction des tentes, confiscation des vêtements... Cette région concentre "toutes les mauvaises pratiques" de l'État, a déploré le directeur des études de la fondation Abbé Pierre, Manuel Domergue, lors d'une conférence de presse. 

Immigration : la crispation française

Dans ce contexte de durcissement des politiques migratoires, fortement lié à l'approche de la présidentielle 2022, il est peu probable que l'exécutif se saisisse du rapport de la commission d'enquête sur les migrations. Sur Calais, celle-ci réclame de "mettre fin à la politique "zéro point de fixation" décrétée par l'Etat, dont les répercussions sur les migrants sont "massives". A rebours de la politique du gouvernement, qui avait durci les conditions d'accès aux soins des exilés en 2019, la commission appelle à supprimer le délai de carence de trois mois qui s'applique aux demandeurs d'asile avant qu'ils ne puissent bénéficier de la Protection universelle maladie. En matière d'intégration par l'emploi, la commission veut permettre aux demandeurs d'asile de travailler "dès le dépôt de leur demande", alors qu'ils doivent attendre au moins six mois actuellement. 

Autant de dispositifs qui, en promettant une intégration digne en France, espèrent désengorger le littoral et la route de l'Angleterre, mais qui sont électoralement très impopulaires. Selon une étude publiée en 2020 par l'IFOP, 58% des Français souhaitent la fin du droit du sol, et 64% estiment, malgré les conditions de vie des réfugiés, "qu'on en fait plus pour les immigrés que pour les Français"

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