Depuis 17 ans, l'association Tourville mène un chantier de construction historique d'un navire de premier rang, le Jean-Bart.
« Ce qu'on a fait sur l'avant, comme sur l'arrière, la carlingue, ce sont des choses qui ont été faites pour la dernière fois il y a deux siècles, détaille Jérôme Provost, charpentier de marine. Forcément, depuis, il n'y a personne qui nous a dit comment faire. Donc tous les jours, à chaque opération, on découvre un problème, on découvre des solutions. Et entre-temps, on se creuse la tête. C'est intéressant. »
"On construit tout nous-mêmes"
Le chantier, prévu initialement sur trente ans, est un apprentissage au long cours, dont la durée originellement prévue était de 30 ans. Aujourd’hui, environ un tiers de la charpente a été réalisée, mais la mise à l’eau du navire pourrait survenir dans 8 à 10 ans.
« On entend des gens qui disent : "Ça n'avance pas trop. On passe devant tous les jours et on ne voit pas forcément que ça avance", insiste Jean-Edouard Cardin, charpentier de marine. Mais il y a beaucoup de choses. Il y a tous les bâtiments, les ateliers. Tout ça, on construit tout nous-mêmes ! Ça prend du temps. Et le Jean-Bart, on est 5 employés à travailler dessus. À l'époque, ils étaient 600 charpentiers par bateau, 3000 ouvriers par chantier. Chaque morceau de bois qui est levé, c'est une victoire pour nous ! »
Un chantier ouvert au public
Au fil des années, le chantier s’est constitué est autour de la charpente de chêne, entre menuiserie, forge et saurisserie. "Le but du projet, ce n'est pas seulement de reconstruire le Jean-Bart, mais de reconstruire aussi tout le village artisanal qui composait un chantier naval du XVIIème, complète Jean-Edouard Cardin. Tout était fait sur place, et c'est de recréer tout cet univers de savoir-faire." Il ouvre toute l’année ses portes au public, pour des visites libres ou guidées.
Le projet achevé, ces visites pourraient se reporter vers le vaisseau lui-même. Conçu pour être en capacité de naviguer, il ne pourra faire que des sorties en mer ponctuelles pour des raisons législatives. L’association, elle, espère pouvoir profiter de la connaissance acquise : après le Jean-Bart, elle espère pouvoir recréer d’autres vaisseaux en hommage au patrimoine maritime.