Pour préserver le paysage du Parc naturel de l'Avesnois, un vaste programme de replantation est lancé sur les 130 000 hectares du parc. Les agriculteurs du territoire sont mis à contribution. Cette année, ils vont replanter 900 arbres fruitiers à hautes tiges pour protéger le bocage et la biodiversité.
Défilé de tracteurs à Maroilles (Nord). Ni pour une manifestation, ni pour le fromage. Les agriculteurs viennent récupérer des arbres fruitiers ! L'opération est menée par le Parc naturel de l'Avesnois. Tous les agriculteurs sont volontaires pour planter, sur leurs terres, des essences locales et ancestrales de fruitiers à hautes tiges.
Guillaume Dhuiege, responsable du pôle patrimoine naturel du Parc explique : "Chaque agriculteur reçoit 30 arbres, ce qui fait un hectare de verger. Au total, 900 arbres seront distribués à 30 agriculteurs répartis sur l'ensemble du Parc".
Le Parc naturel régional de l'Avesnois couvre 130 000 hectares de terres agricoles, de bocage, de forêts, de cours d'eau. Un écrin de verdure dans la région.
François Bonamy est agriculteur à Solre-le-Château. Il va planter pour la première fois cette année, dans ses prairies, des pommiers et poiriers à hautes tiges. Il confie sa motivation : "L'idée est de restaurer les vergers typiques de l'Avesnois, comme il y avait par le passé. Et puis d'avoir des pommes, de faire son jus de pomme. C'est agréable. Nous avons des chambres d'hôtes, on propose le jus de pomme de l'Avesnois au petit déj et maintenant le nôtre, c'est apprécié".
Des essences locales, anciennes
Sont proposés aux agriculteurs des lots de seize variétés de pommiers et de poiriers, emblématiques du verger à haute tige de l’Avesnois. Reinette des capucins, court pendu rouge, baguette d’hiver… Des essences locales pour une reconquête du bocage ancestral en danger ces dernières années.
Chargé d'études sur le bocage au sein du Parc naturel régional, Jeremy Trannoy affirme : "Nous avons beaucoup d'arbres qui vieillissent, des vergers anciens. Ils ont une centaine d'années, ce sont des arbres qui vont dépérir. Il est important et urgent de reconstituer ces vergers".
Nadège Dreumont est installée à Maroilles ; elle participe à l'opération pour la deuxième année consécutive. L’an dernier, elle a planté huit arbres, ce sera trente cette année avec les précieux conseils des techniciens du Parc.
Les arbres sont financés à 82% par le Fond vert de l’État pour la transition écologique. Les 18% restants sont à la charge de l’agriculteur. Une faible participation, mais d’importants bénéfices selon l'agricultrice qui acquiesce : "Je le fais pour la biodiversité, mais aussi pour mes bêtes. Quand il y aura des étés chauds, comme la canicule, les bêtes pourront se mettre à l'abri, à l'ombre, au pied des arbres. Et puis, les oiseaux pourront faire leur nid dedans et manger les fruits".
En trois ans, 140 hectares de vergers à hautes tiges ont été replantés dans l’Avesnois. Un grand pas dans la sauvegarde du patrimoine génétique fruitier de ce territoire.
Édité par Claire Chevalier.