Après un mois passé en quarantaine, les trois jeunes pandas nés au parc animalier Pairi Daiza (Belgique) en 2016 et 2019, vont finalement prendre l'avion pour regagner leur terre natale : la Chine. Ils bénéficieront d'un programme de conservation d'espèce, en vue de leur réintroduction dans la nature.
Derrière leurs masques chirurgicaux, des centaines de passionnés de pandas ont les larmes aux yeux. La mine triste, l'air désolé, elles et ils agitent deux petits fanions aux couleurs de la Belgique et de la Chine. À l'affût, ils attendent que quelque chose se passe.
Soudain, trois camionnettes blanches apparaissent au bout de l'allée. La foule dégaine son smartphone, mode caméra enclenché, pour filmer l'arrivée : à l'arrière des véhicules, confortablement assis dans leur cage, les trois jeunes pandas du parc animalier Pairi Daiza défilent sereinement. Tian Bao, ainsi que les jumeaux Bao Di et Bao Mei, ne se doutent pas qu'ils passent leurs derniers instants dans le parc qui les a vus naître. Car ce 10 décembre 2024, les jeunes pandas géants âgés de 8 et 5 ans embarquent pour la Chine, où ils passeront le reste de leur vie.
"On les a vus grandir"
Près de 1 500 personnes se sont rassemblées ce mardi, pour dire au revoir à ces pandas, devenus emblèmes du parc animalier. Les yeux mouillés, le public bouillonne, adresse ses adieux et, lorsque les camionnettes disparaissent, respirent un bon coup. Sous l'émotion.
"Ça me frappe un peu. J'étais attachée à ces animaux, on les adore. C’étaient nos petits pandas mais maintenant ils doivent partir. Ça fait quelque chose", livre Isabelle, emmitouflée dans son écharpe.
Sur les réseaux sociaux, les fans invétérés de ces trois jeunes pandas sont nostalgiques. "Je me souviens parfaitement d’où j’étais et de ce que je faisais lorsque j’ai appris la naissance de Tian Bao", se remémore une Nordiste. "Ils restent ici à tout jamais, ils ont leur place dans nos cœurs." Une séparation forcée, difficile pour certains, que d'autres essaient de voir d'un œil positif : "Je suis triste et heureuse à la fois. On ne les verra plus jamais mais ils retournent dans leur pays, c'est la vie, ils participeront à repeupler l'espèce."
Côté soigneurs, l'émotion est également au rendez-vous :
On a vu naître ces petits bébés qui pesaient seulement 170g, aujourd'hui ils font 120 kilos. On les a vus grandir pendant pas mal d'années et c'est un petit pincement au cœur de les voir partir.
Alicia Quievy, vétérinaire en chef à Pairi Daiza
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10 heures de vol jusqu'à Pékin
C'est la première fois en un mois que les visiteurs du parc ont pu poser leurs yeux sur les trois frères et sœurs. Pendant 30 jours, à compter du 10 novembre dernier, Tian Bao, Bao Di et Bao Mei avaient été placés en quarantaine.
Pour envoyer des animaux à l'étranger, notamment en Chine où tout est extrêmement codifié, il faut respecter des périodes sanitaires d'exportation très précises. Même les soigneurs, qui se sont occupés des bébés ces dernières semaines, devaient obligatoirement porter une combinaison complète, des surchaussures, des gants... Une panoplie scientifique pour s'assurer que le départ des trois stars ne serait pas reporté à cause d'une infection de dernière minute.
Ce 10 décembre, les voilà donc fin prêts à prendre l'avion pour dix heures de vol direction Pékin. Là-bas, ils subiront une seconde période de quarantaine, avant d'entrer dans le programme de conservation de l'espèce que mène la Chine, officiellement propriétaire de tous les pandas géants "prêtés" partout à travers le monde.
Même si le nombre de pandas a augmenté depuis les années 2000 grâce à ce type de programme, passant de 1 600 à 1 864 aujourd'hui, le panda géant est toujours considéré comme une espèce prioritaire selon la WWF.
Hao-Hao et Xing-Hui restent en Belgique
Les passionnés de pandas, éplorés par le départ de Tian Bao, Bao Di et Bao Mei, peuvent tout de même se consoler. Hao-Hao et Xing-Hui, parents des trois jeunes pandas, vont rester en Belgique où ils vivent depuis dix ans maintenant. De futurs bébés en perspective ? C'est en tout cas ce que les soigneurs espèrent réussir à mettre en place.
"C'est rare d'assister à ces naissances puisque la femelle est en période de reproduction seulement quelques heures sur une année complète", explique Alicia Quievy. "C'est une surveillance constante, avant, pendant et après le rut, avec une équipe spécialisée présente presque quotidiennement."