L'étudiant lillois de 21 ans qui a eu la main arrachée le 22 mai 2018 sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) a déposé plainte avec constitution de partie civile, mettant en cause le "scandale politique et économique" de la grenade GLI-F4, a annoncé son avocat Me Hervé Gerbi.
La plainte a été déposée devant le doyen des juges d'instruction de Rennes, compétent en matière militaire, en vue de l'ouverture d'une information judiciaire, selon la même source.
Déposée vendredi, elle met en cause le gendarme tireur, son commandement, le fabricant de la grenade ainsi que les autorités publiques administratives et politiques "qui ont maintenu la GLI-F4 en dotation", selon un ommuniqué de l'avocat.
Légitime défense ?
Maxime Peugeot, originaire de Marseille et étudiant à Lille, a eu la main droite amputée après l'explosion d'une grenade GLI-F4, ramassée le 22 mai 2018 dans un champ à Notre-Dame-des-Landes, quelques jours après la fin d'une deuxième phase d'expulsions.
L'enquête préliminaire menée par le parquet de Saint-Nazaire a été classée sans suite le 10 août 2018. "On a pris le temps d'analyser le dossier dans tous les sens", a expliqué Me Gerbi, en saluant la "très bonne enquête" menée par l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN).
Au regard des 655 pages du dossier, Maxime Peugeot et ses parents contestent que le gendarme et ses équipiers se soient trouvés en légitime défense au moment du lancer de la grenade. "Le gendarme tireur a manqué au respect de ses obligations en agissant seul et d'initiative", selon Me Gerbi. En outre, "il avait reçu une habilitation de circonstance mais n'avait jamais été formé au maniement de la GLI-F4", ce qui est de nature à mettre en cause son commandement, a souligné l'avocat.
Grenades "particulièrement dangereuses"
L'avocat pointe aussi la responsabilité du fabricant de cette grenade "particulièrement dangereuse et qui ne correspond pas aux spécifications avancées" car "normalement conçue pour ne pas générer d'éclats" lors de la détonation, selon la fiche publiée par la société d'armement Alsetex.
Enfin, les autorités sont mises en cause car "aucune démarche" n'a été initiée "afin de retirer de la dotation le matériel GLI-F4, ni de modifier ses conditions d'emploi, afin de les adapter au risque, pourtant identifié d'atteintes graves à l'intégrité physique."
"C'est en réalité un pan entier du marché de l'armement en sécurité intérieure qui est en cause à l'aune de cette affaire et des récentes blessures occasionnées", estime l'avocat.