En cette fin janvier, des piquets anti-SDF ont été installés à Lille rue de la Chaude Rivière dans le quartier de Fives. La mesure est étonnante, voire "choquante" pour certaines personnes qui déplorent que des solutions d'intégration n'existent pas ou peu pour contrebalancer cette mesure répressive. La Métropole Européenne de Lille, à l'origine de cette installation, s'explique.
Sous le périphérique de Lille, dans le quartier populaire de Fives, non loin de nouveaux immeubles flambant neufs, Emmanuel et Mohamed, deux travailleurs sociaux sont venus voir pour le croire. La nouvelle, parue dans la presse quotidienne régionale, les a étonnés, c'est le moins que l'on puisse dire.
Emmanuel contextualise : "Il y avait une trentaine de personnes qui s'étaient installées ici, il y a environ deux mois. Je voulais le voir de mes yeux... C'est indigne, car on expulse les gens sans leur apporter aucune solution en termes de santé alors que ce sont pour beaucoup des consommateurs de drogues. Mais, au lieu d'apporter une mesure de santé publique, comme la salle de shoot, pour amener ces personnes à s'insérer, à se soigner, là, on les expulse et, en plus, on installe un dispositif anti-SDF pour éviter qu'ils reviennent", explique et réagit-il.
"Pics d'or"
"Depuis l'expulsion de la friche Saint-Sauveur, fermée il y a une bonne année, je pense, les gens se déplacent sur l'Esplanade François Mitterrand, ou près du nouveau palais de justice ou à la grotte près du Zénith de Lille ou ici. En fait, on fait que de l'expulsion et on ne traite rien. On n'apporte aucune solution à part une mesure répressive indigne avec ce dispositif anti-SDF", ajoute-t-il.
"Là, ils sont sûrs de gagner aux Pics d'or l'année prochaine, une cérémonie qui récompense les villes qui ont les pires dispositifs anti-SDF", sourit-il amèrement.
"Sécurité", "travaux", "salubrité", répond la MEL
La Métropole Européenne de Lille, MEL, rétorque que "dans le cadre de travaux programmés début 2025" à cet endroit sous le périphérique, "une visite technique a (...) révélé la présence d’un campement installé de manière illicite". Malgré la demande de départ pour les travaux, et pour "des raisons de sécurité et de salubrité", "l’occupation a perduré", assure la MEL, "rendant impossible l’accès aux entreprises chargées de l’entretien du pont". La collectivité précise que des soucis de sécurité existaient : "des feux avaient été allumés sous la structure, menaçant son intégrité et mettant potentiellement en danger les usagers de la voie située au-dessus". Une demande d'évacuation a été formulée en justice à laquelle le tribunal de Lille a répondu favorablement "par ordonnance du 25 octobre 2024".
L'évacuation et la mise en place des pics se sont faites le 21 janvier 2025.