C'est un monument des nuits lilloises qui s'apprête à disparaître. Le Macumba, situé sur la zone commerciale d'Englos va fermer ses portes dans un mois après 49 ans de bons et loyaux services.
C'est un bâtiment massif et immanquable. Il détonne d'extérieur pour les personnes faisant leurs courses sur la zone commerciale d'Englos. Une sorte de Cylindre géant, tel un ovni au milieu de cet ensemble de magasin, et qui s'éclaire de mille feux la nuit venue.
Le Macumba va donc fermer ses portes."C'est un monument des nuits lilloises qui s'éteint, c'est presque comme si on supprimait la braderie ! C'était le patrimoine, un élément du décor" se désole un ancien habitué. "C'est un établissement qui a suivi les styles et les époques. On y va pour danser, se retrouver, passer un bon moment... et draguer bien sûr!"
Macumba, un nom qui ne laisse pas indifférent, souvenirs de soirées mémorables, mais qui peut parfois paraître désuet ou porter à sourire. Cet établissement n'était pas le seul en France. Il y en a eu 23 en tout, le premier ayant été construit à Montpelier par Henri Souque et Jean Calvo. En revanche, celui d'Englos était le dernier encore existant. Il aurait dû fêter en novembre ses 50 ans. Si le mot macumba désigne dans le dictionnaire un culte afro-brésilien, ce n'est pas pour ça que les créateurs l'ont choisi. C'est en fait une référence à un bar qu'ils avaient connu étant jeunes. Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, c'est le nom de cette franchise qui a inspiré le titre de la chanson de Jean-Pierre Mader écrite en 1985 et pas l'inverse.
Une clientèle pas forcément citadine mais venant de la périphérie lilloise
Cette autre ancienne habituée des lieux évoque "deux salles avec deux ambiances.
L'une plus généraliste et l'autre plus select. La clientèle ne vient pas forcément de Lille Centre où il y a beaucoup de lieux pour danser. Il y a beaucoup de gens qui viennent des Weppes ou des Flandres via l'A25. Cela a toujours été un lieu populaire et généraliste mais jamais vraiment branché,ce qui explique sa longévité avec un clientèle âgée de 30 à 50 ans sur les dernières années. Les prix des consommations et des entrées ont toujours été raisonnables"

Une renommée nationale grâce à Belmondo
Comme tous les établissements, le lieu a dû évoluer, créer des soirées à thèmes pour diversifier sa clientèle. Afterwork le jeudi, soirées "années 90" le samedi et des après-midi "rétro" dès 15h30 le dimanche... Les anecdotes fourmillent pour ce lieu mythique. Les spectateurs du film "L'amour ouf" l'ont peut-être reconnu dans une scène, mais ce qui a fait la renommée de l'établissement, c'est le tournage du film "Le corps de mon ennemi" avec Jean-Paul Belmondo en 1976.
Alors que la discothèque vient de voir le jour, l'équipe du film réalise le tournage sans bouleverser ce décor naturel. Les miroirs sur les murs, l'architecture à la fois futuriste et si typique de l'époque, les courbes, le bar légèrement en contrebas de la piste... et une structure en béton fidèle aux standards de l'époque. L'établissement acquiert une renommée nationale, voire même internationale.
Dans les années 2000, les dirigeants réalisent de gros changements, donnent à la discothèque son aspect actuel. La direction a publié un communiqué sur Facebook pour annoncer la fermeture de l'établissement sans préciser ce qu'il deviendra.
Une annonce qui a fait l'effet d'une déflagration, près de 400 commentaires ont été rédigés en quelques heures.