Éducation. La baisse du nombre de collégiens et lycéens très importante d'ici 2050, les professeurs entre espoirs et inquiétudes

C'est une des conséquences immédiates de la baisse de la natalité en France. Les effectifs dans les écoles, les collèges et lycées vont chuter aussi. Les territoires des Hauts-de-France sont touchés de façon inégales. D'ici 2050, il y aura un quart d'élève en moins dans le secondaire. Que faire de cette baisse à long terme du nombre d'élèves ? Privilégier les économies ou faire baisser le nombre d'enfants par classe ?

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L'INSEE vient de publier une projection du nombre d'élèves pour les collèges et lycées. Le constat est simple, les effectifs vont fondre comme neige au soleil d'ici 2050. Si les tendances récentes se prolongent, le nombre d’élèves dans l’enseignement secondaire baissera d’un quart. Les collèges et lycées accueilleraient 140 000 élèves en moins : -27 % de collégiens et -25 % de lycéens.

Les effectifs dans le secondaire devraient chuter dans les prochaines années. © A.Denis / FTV

L'occasion, pour les syndicats, de réfléchir aux choix politiques possibles avec cette nouvelle donne. La principale question sera de savoir où placer le curseur entre suppression de postes d’enseignants et réduction du nombre d’élèves par classe. La France n’est pas bonne élève en la matière, elle a les classes les plus chargées d’Europe. 

Pour Catherine Piecuch, secrétaire académique du FSU Nord-pas-de-Calais : "Il faut reprendre les chiffres de l'OCDE. En collège, la France a la moyenne d'élèves par classe la plus élevée avec 26 enfants contre 22 en moyenne dans les pays de l'OCDE. Il faut profiter de cette baisse d'effectifs pour permettre une meilleure réussite des élèves. Toutes les études scientifiques montrent que diminuer le nombre d'élèves par classe est LE levier de la réussite. On ne peut pas continuer à tirer sur les enseignants et ne pas se poser la question des effectifs par classe !"

Baisse de la natalité, un phénomène national

Au 1ᵉʳ janvier 2025, la France compte 68,6 millions d’habitants. En 2024, 663 000 bébés sont nés en France. C’est 21,5 % de moins qu’en 2010, année du dernier pic des naissances.

L'étude de l'INSEE indique : "La chute de la natalité à partir de 2012, après le rebond des années 2000, entraînerait une contraction des effectifs de collégiens, puis de lycéens. Le nombre d’élèves du secondaire chuterait le plus fortement au cours de la décennie 2030, avant de se stabiliser."

En 2023, dans les Hauts-de-France, la natalité se rapproche de celle de la France avec 1,7 enfant par femme. L'INSEE est parti de l'idée pour sa projection que cette baisse va atteindre 1,6 enfant par femme avant de se stabiliser. 

La population des lycées va continuer à augmenter jusqu'en 2028, compte tenu du niveau des naissances jusqu'en 2012. Avant de diminuer, comme cela est déjà le cas dans les collèges. 

"L'essentiel de la baisse des effectifs dans le secondaire est lié à la chute de la fécondité, au vieillissement de la population et au fait qu'il y a aussi mécaniquement moins de femmes en âge d'avoir des enfants", explique Thibault Decruyenaere, directeur régional adjoint de l'INSEE des Hauts-de-France. 

Evolution du nombre de collégiens dans les Hauts-de-France dans les prochaines années. © INSEE

Les effectifs de collégiens et de lycéens diminueraient dans tous les bassins d’emploi et de formation de la région. Cependant, la baisse serait plus marquée sur le littoral et au nord de l’Aisne, et plus contenue dans les grandes villes comme Amiens, Lille-Roubaix-Tourcoing et le sud de l'Oise qui resteront attractifs démographiquement.

Evolution du nombre de lycéens dans les Hauts-de-France dans les prochaines années. © INSEE

Ainsi, 230 600 collégiens et 163 300 lycéens seraient inscrits dans un établissement des Hauts-de-France, en 2050.

Moins d'élèves = moins de professeurs ?

La réponse est forcément politique. Que faire de ces baisses d'effectifs. Réaliser des économies en supprimant professeurs, classes et même établissements ? Où alléger le nombre d'élèves par classe et maintenir un maillage important d'établissements ?

Ces dernières années, les collèges et les lycées ont connu des suppressions de postes alors que le nombre d’élèves était plutôt en augmentation. Alors, les syndicats redoutent que ces baisses d'effectifs annoncés n'entraînent des suppressions de postes. Ils essayent d'ores et déjà de faire entendre une autre voix et de proposer une autre logique.

"Quel est le principal objectif ? La réussite des élèves ? Ou faire des économies là où on le peut ? Il est quand même stupéfiant de voir que cette question n'est pas posée ?", s'insurge Catherine Piecuch, secrétaire académique du FSU Nord-pas-de-Calais.

Fermer des classes ou diminuer des effectifs pour rejoindre les critères de l'OCDE, un choix politique dans les prochaines années. © F. Giltay / FTV

Dans différentes réunions, lors de rencontres avec les élus, des rumeurs de fermetures ou de fusions d'établissements commencent à circuler. 

Pour Jean-François Caremel, secrétaire académique du Snes-FSU et enseignant en histoire-géographie dans le Pas-de-Calais : "C'est une menace qui plane. On sait que des conseils départementaux étudient des fermetures ou des regroupements sur les collèges. Ce sont des rumeurs dans le Nord et le Pas-de-Calais. Les collectivités suivent les impulsions de l'éducation nationale".

Il poursuit : "Nous ne sommes pas forcément opposés à un regroupement d'établissements quand il s'agit d'améliorer la mixité sociale et les conditions de travail des élèves et des enseignants. Officiellement, l'Académie de Lille ne travaille pas à des projets de fusion ou de fermeture d'établissements, a affirmé la rectrice en réunion." Il précise aussi qu'un collège avec moins de 200 élèves est plus compliqué à gérer, les professeurs n'ayant pas tous leur volume horaire sur place, selon les disciplines.

Et puis, Jean-François Caremel pense que les collectivités qui gèrent les établissements scolaires (les collèges dépendent des départements, les lycées de la Région) ont des marges de manœuvre limitées, compte tenu de leurs difficultés financières actuelles.

Les données de l'INSEE sont une base de réflexion pour l'aménagement du territoire. Écoles, transports scolaires, logements, une baisse des effectifs dans les établissements scolaires peut rebattre les cartes d'un secteur géographique. Reste à savoir quelle ligne politique sera privilégiée et si elle est tenue à long terme.

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