1100 militants se sont rassemblés ce samedi à Lille en présence de Martine Aubry, pour dire "Non au racisme, non à l'extrême-droite" avant un meeting d'Eric Zemmour. Un rassemblement précédé d'une stratégie "salle vide" sur Twitter et suivi d'une manifestation anti-fa.
Alors qu'Eric Zemmour organisait un meeting à Lille ce samedi 5 février, la maire de Lille Martine Aubry (PS), lui a fait savoir qu'il n'était "pas le bienvenu".
Et elle n'était pas la seule à lui faire cet accueil. Le collectif SOS Racisme a organisé un rassemblement soutenu par une vingtaine de partis -- EELV, LFI, PC-- syndicats et associations.
"Il faut contester la logique de haine"
"Nous sommes face à un personnage dont le seul moteur est la haine notamment raciste, a lancé à la foule son président, Dominique Sopo. Lorsqu'on est face à l'extrême-droite, il faut se lever et contester (...) la logique de haine".
"Génération nan nan"
« Tous les jeunes ne sont pas d’accord », tient à rappeler un militant de 19 ans dans le cortège, apeuré par les propos d’Eric Zemmour « en tant que jeune, que personne concernée ses politiques ».
Une dame âgée s'est quant à elle mobilisée en pensant à ses parents : « ils ont connu la Seconde Guerre mondiale, s’ils étaient en vie aujourd’hui, ils seraient affolés, se diraient 'ce n’est pas possible, on revient en arrière' ».
« Le racisme, c’est un délit, pas une opinion », insiste une professeure d’histoire-géographie venue avec sa fille et son compagnon.
Ils étaient 1100 à avoir répondu à l'appel et à scander leur refus dans le centre ville de Lille, ce samedi. "Génération nan nan", pouvait-on entendre en bruit de fond. Des paroles d'une chanson de la rappeuse Diam's, qui avait appelé, en 2007, à voter contre Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy.
Des paroles qui semblaient ce samedi, 15 ans plus tard, faire référence et barrage à la "Génération Z", le mouvement jeune d'Eric Zemmour.
Pour Martine Aubry, "il faut se réveiller à nouveau"
Pour Martine Aubry, "il faut se réveiller à nouveau. Il y a 10 ans, un seul des propos de Monsieur Zemmour sur le grand remplacement, contre les homosexuels, contre les femmes, contre les jeunes immigrés, contre les enfants handicapés... tout le monde serait descendu dans la rue. Tous les républicains je dirais, pas seulement les forces de gauche qui sont là aujourd'hui. On doit combattre ses idées, il a le droit de s'exprimer, on a le droit de le combattre."
La maire de Lille, qui soutient la candidature d'Anne Hidalgo, craint les paroles d'Eric Zemmour : "des paroles qui rentrent peu à peu dans les esprits, chez des hommes et des femmes qui se sentent aujourd'hui oubliées, qui se sentent avoir été trahis par les politiques et qui écoutent ses paroles. C'est comme ça que le racisme rentre, c'est comme ça que le Front National est né dans notre pays, où on a vu des personnes en grande difficulté mais qui n'étaient pas racistes voter pour Madame Le Pen. Donc il faut se réveiller, dire à ces personnes "c'est pas lui qui vous aidera".
Quand Twitter troll le meeting de Zemmour : la stratégie de "salle vide"
Se rassembler n'a pas été le seul moyen d'action des militants anti-racisme. Beaucoup de personnes ont affirmé sur Twitter avoir réservé des places au meeting de Zemmour pour ce samedi 5 février dans le cadre d'une stratégie de "salle vide". "J'ai pris ma place qui sera vide le jour J. N'hésitez pas à faire de même", peut-on lire dnas un tweet partagé 1561 fois.
Une stratégie qui rappelle le sabotage d'un meeting de Donald Trump en juin 2020 dans l'Oklahoma par des utilisateurs de Tik Tok. Ils auraient réservé, sans avoir l’intention de s’y rendre, des centaines de places. Alors que 19 000 places avait été prises, seuls 6000 participants avaient fait acte de présence.
Le plus gros rassemblement d'opposants lors d'un déplacement d'Eric Zemmour
Ce samedi matin à Lille, le rassemblement de la gauche ouvrait le bal des contestations de la présence du candidat Reconquête!, avant une manifestation "antifa" qui a démarré en début d'après-midi à quelque 800 mètres du Grand Palais accueillant le meeting.
Avec 1100 protestataires et 3 interpellations ce samedi selon la préfecture et quelques semaines après le meeting du 5 décembre à Villepinte marqué par des violences, il s'agissait probablement du plus grand rassemblement d’opposants lors d’un déplacement d’Éric Zemmour.