La directrice d'une association d'aide aux femmes basée à Lille est convoquée devant la justice, soupçonnée d'avoir détourné plusieurs centaines de milliers d'euros de subventions publiques. Pourtant, ses avocats plaident la fin des poursuites, qu'ils estiment infondées.
C'est une affaire hors-normes qui pourrait se conclure... par une relaxe. Les faits se déroulent entre 2010 et 2014. Durant cette période, la directrice de l'association "SAFFIA", à Lille, est soupçonnée d'avoir détourné près de 600 000 euros de subventions publiques, notamment pour s'acheter un appartement à Roubaix et se verser un salaire pour un emploi présumé fictif.
Des accusations graves vis-à-vis de cette directrice de 41 ans, dont l'association a pour objet de "lutter contre les contraintes physiques et morales dont sont victimes quotidiennement les femmes et de venir en aide aux femmes victimes du mariage et du renvoi forcé". Depuis sa création en 1990, l'association est très présente dans différentes quartiers de Lille, notamment dans l'accompagnement des femmes étrangères.
L'affaire commence en 2013, lorsque TRACFIN, un organisme de lutte contre le blanchiment d'argent, constate des transferts d'argent entre le compte de l'association et celui de la directrice. Une enquête est alors ouverte.
Une procédure floue selon ses avocats
D'abord convoquée en février 2017, puis au mois de juin, la directrice sera a priori jugée la semaine prochaine pour des faits d'escroquerie, d'abus de confiance portant sur des fonds publics et de blanchiment. Des infractions infondées selon ses avocats Me Franck Berton et Me Damien Legrand, qui estiment que la procédure ne permet pas de poursuivre leur cliente sur ces motifs. "Ça ne tient pas debout", entame Me Damien Legrand. "D'ailleurs il n'y a eu aucune plainte."
Pour eux, il n'y a d'abord pas escroquerie puisque les subventions publiques accordées à l'association auraient pu l'être dans tous les cas. "Notre cliente n'a joué aucun rôle dans l'attribution de ces subventions, on ne peut donc pas lui reprocher d'avoir "trompé" qui que ce soit", précise l'avocat.
De plus, le dossier présenté au juge présente le budget prévisionnel qui a été envoyé par l'association à la mairie, l’État, le conseil régional et le Département, en montrant qu'il ne correspond pas aux dépenses réelles de la SAFFIA. Or, les avocats rappellent qu'il ne s'agit que d'un budget prévisionnel. Le fait de ne pas embaucher des personnes comme cela était prévu dans le budget n'est à leurs yeux pas préjudiciable.
Alors, la directrice de l'association sera-t-elle tout de même poursuivie pour ces infractions ? Réponse au tribunal de grande instance de Lille, la semaine prochaine.