Auchan était son seul client. L'entrepôt logistique géré par la multinationale FM Logistic à Fretin, dans le Nord, mettra la clé sous la porte en juillet prochain. Les salariés du site, résignés à devoir changer d'emploi, sont toutefois entrés en grève ce 21 janvier pour négocier de meilleures conditions de départ avec leur direction.
Un "dégât collatéral" du plan de restructuration d'Auchan. C'est ainsi que les salariés de la multinationale FM Logistic employés sur l'antenne de Fretin, près de Lille, définissent leur situation. Les 83 employés du site - 58 contrats CDI et 25 intérimaires équivalent temps plein - s'occupaient jusqu'alors d'acheminer les produits brasserie, lessive et hygiène féminine proposés par le groupe Mulliez dans ses enseignes Auchan, jusque sur le littoral.
Mais lorsqu'en juin 2024 un plan de restructuration voit le jour dans les magasins Auchan, la direction de FM Logistic annonce à ses salariés de Fretin la fermeture prochaine de leur antenne. "Auchan était notre seul et unique client. Mais dans le cadre de la restructuration un nouveau schéma logistique a été engagé pour redispatcher notre activité sur d'autres sites", résume Guillaume Slambrouck, délégué syndical CFDT et agent de maîtrise. "Bref, nous allons devoir fermer."
Résignés, les employés de FM Logistic n'espèrent plus voir leur activité sauvée par un repreneur : depuis l'annonce de fermeture, aucune société ne s'est portée candidate pour reprendre le site, qui fermera bel et bien ses portes en juillet prochain.
Des négociations qui n'aboutissent pas
L'histoire pourrait s'arrêter là. Mais les salariés de Fretin ne sont pas décidés à tourner la page sans avoir obtenu de conditions de départ "honnêtes et raisonnables".
Ce jeudi 21 janvier, les employés sont toujours en pleine négociation de leur PSE, plan de sauvegarde de l'emploi qui doit leur permettre d'obtenir des compensations financières, leur permettant de rebondir après leur licenciement.
Mais après cinq réunions avec leur direction, les représentants du personnel estiment que "les mesures avancées ne sont toujours pas suffisantes". Guillaume Slambrouck explique les points de blocage entre les deux parties :
Là où l'on veut se battre, c'est en ce qui concerne la prime de mobilité pour les personnes qui accepteront un poste sur Bully-les-Mines ou sur Athies, et sur un congés de reclassement de 12 mois à minimum 75% de rémunération pour l'ensemble des collègues.
Guillaume Slambrouck, représentant CFDT de FM Logistic Fretin
Surtout, le point d'accroche principal reste la création d'une indemnité supralégale de licenciement : celle avancée par la convention collective de l'entreprise est à ce jour jugée "trop basse" par les salariés.
Un piquet de grève jusqu'à vendredi
Alors, en attendant la 6e réunion de négociations qui doit se dérouler vendredi 24 janvier à Paris, une grande partie des employés du site de Fretin sont entrés en grève, "pour limiter au mieux la casse sociale".
"La totalité des collègues ne pourra pas être reprise à Bully, et une grande partie ne pourra pas y prétendre : ce sont principalement des postes de cariste en prestation logistique... Pour les métiers de support il n'y a pas vraiment de débouchés aujourd'hui", fait savoir Guillaume Slambrouck.
La direction de FM Logistic souligne que 300 postes sont à pourvoir sur le territoire français, dont une centaine sur la région Hauts-de-France et 40 rien qu'à Bully-les-Mines. Même si pour l'instant aucun accord final n'a pu être passé avec les représentants du personnel concernant ces départs, la direction se dit "déterminée" à accompagner ses "collaborateurs au mieux", en "apportant des réponses concrètes à leurs préoccupations", tout en "garantissant la pérennité" de leur activité.
Notre priorité reste de préserver les emplois de nos collaborateurs sur la plate-forme et de sécuriser l’avenir du site, en cherchant à favoriser l’implantation de nouveaux clients à Fretin.
La direction de FM Logistic
Mais en attendant la reprise des négociations, les grévistes comptent rester mobilisés sur le site de Fretin, qui était complètement à l'arrêt ce mardi matin. Une grève reconductible selon Guillaume Slambrouck, tant qu'un PSE convenable n'aura pas été signé.