Le pilote nordiste a voyagé dans le sens Paris-Lille sur une place réservée aux personnes à mobilité réduite. Ce jour-là, il utilisait des béquilles et ne se déplaçait pas en fauteuil roulant, comme à l'habitude. C'est précisément le motif mis en avant par l'agente de la SNCF qui l'a verbalisé.
C’est une mésaventure qui semble décrire la réalité de nombreuses personnes en situation de handicap. Et cette mésaventure est arrivée au pilote para-sportif Axel Alletru.
Ce lundi 13 janvier, il doit se rendre en urgence à Paris pour récupérer un fauteuil roulant. Il voyage depuis la gare Lille-Flandres et, exceptionnellement, se déplace grâce à des béquilles. "Je suis paraplégique incomplet, ce qui veut dire que je suis en fauteuil 90% du temps mais que sur les 10% restant je peux me lever et faire quelques pas" précise Axel. Exceptionnellement encore, vu l’urgence de son voyage, c’est une personne de son entourage qui réserve le train.
Problème, arrivé dans la rame, il se rend compte qu’une erreur a été commise dans la réservation et qu’il n’est pas positionné sur une place PMR (Personne à Mobilité Réduite), au rez-de-chaussée du train, comme à l’accoutumée. Ce jour-là, sa place se situe en haut des escaliers, à l’étage du train. "Je ne peux pas monter les marches. Je vois que la place réservée aux personnes atteintes de handicap est libre, alors je décide de m’y installer" décrit Axel.
Une trentaine de minutes plus tard, une agente de la SNCF l’aperçoit, assis sur cette place. Axel explique sa situation, prouve sa bonne foi en montrant sa carte handicapé. Rien ne convainc la contrôleuse qui décide tout de même de verbaliser le para-sportif. Selon l’agente, la place est uniquement réservée aux personnes en fauteuil roulant.
Des béquilles plutôt qu'un fauteuil roulant
Or, Axel Alletru voyage ce jour-là en béquilles. Résultat : une amende de 149 euros. "Je suis évidemment très en colère contre cette agente. Elle a eu un comportement inhumain. Je n’ai jamais eu d’altercation, j’ai toujours payé mes billets de train. Cette fois, il y avait une situation exceptionnelle. On n'est quand même pas des machines ! Elle aurait pu comprendre, faire preuve d’un peu de flexibilité !" s’indigne le para-sportif. Il dénonce la situation via une publication sur les réseaux sociaux. "Ce n’est pas l’objet qui fait le handicap, mais une réalité physique et invisible, parfois mal perçue" écrit-il sur sa publication.
Axel Alletru insiste tout de même sur une situation exceptionnelle. Selon lui, c’est la première fois qu’il observe un tel comportement depuis l'accident qui l'a rendu paraplégique, en 2010. "Habituellement, les agents SNCF sont courtois, ils m’aident même à m’installer. Là, je suis juste tombé sur la mauvaise personne."
Déception après les Jeux Paralympiques de Paris
Pour autant, il admet quand même avoir reçu "de nombreux témoignages similaires" depuis sa publication où il dénonce la situation sur les réseaux sociaux. "Il faut que ça change, c’est inadmissible. J’ai reçu des centaines de messages. Moi, j’ai une exposition, donc j’ai souhaité élever la voix pour sensibiliser sur le sujet" confie Axel. Pour cela, l'athlète se dit prêt à intervenir auprès de la SNCF, sur son temps libre, pour tenter d’améliorer les conditions d’accueil des personnes en situation de handicap.
Déjà, les personnes à mobilité réduite, malvoyantes ou en situation de handicap, peuvent réserver une place "prioritaire" ou "accès facile" avant le voyage, et même être accompagné d'agents. Une routine à laquelle Axel Alletru est rodé. "Tout se passe bien, 9 fois sur 10." Cette fois, c'est une légère confusion qui a entraîné la situation, perçue comme injuste aux yeux d'Axel. "J’ai eu mon accident il y a quinze ans, je suis habitué. Mais imaginez le traumatisme pour un jeune qui aurait eu un accident récemment et qui voyage pour la première fois. C’est pour ça que je réagis. Je ne voudrais pas que ça puisse arriver à des personnes plus faibles mentalement."
La déception d'Axel est d’autant plus grande que les récents Jeux Paralympiques de Paris avaient suscité de l’espoir. "Je pensais que ça avait un peu sensibilisé le grand public au handicap. Force est de constater que rien n’a changé" conclut-il, amer.