Depuis la rentrée de septembre dernier, Quentin Beghin étudie à Los Angeles, aux États-Unis. Une ville qui est la proie des flammes depuis plusieurs jours. Il nous raconte un quotidien bouleversé, entre cours annulés, professeurs qui ont dû quitter leurs habitations et surveillance des feux et des vents.
À 23 ans, Quentin Beghin s'est installé pour une année d'études dans la Cité des Anges. Arrivé sur la côte pacifique de la ville d'Hollywood, il y a quelques mois, il vit aux côtés des Américains les incendies qui ravagent Los Angeles.
Lui habite, au nord, près du Campus de l'UCLA, l'université où il effectue son master, dernière année de ses études à Skema-Lille, près de Beverly Hills. Mardi 7 janvier 2025, alors que les incendies commençaient à s'étendre, il raconte : "Nous étions en cours, et notre professeur a reçu un appel téléphonique de sa fille. Il nous a dit ensuite qu'il devait partir, son quartier était en cours d'évacuation, il nous a montré une photo des flammes dans son quartier".
Le jour-même, Quentin raconte qu'en quittant l'université, il a été surpris par la couleur rouge du ciel alors qu'il faisait nuit. "Je ne voyais pas les flammes, la ville de Los Angeles est immense et ce sont les montagnes et les quartiers à flanc de montagne qui sont touchés essentiellement, comme Pacific Palissade qui est très huppé, avec de la végétation et donc propice à la propagation du feu".
Les vents
Depuis, le jeune homme raconte surveiller de près la météo et surtout les vents. La ville a enregistré des rafales à 160 km par heure. C'est lui, le maître de cette catastrophe. Et c'est lui qui inquiète le plus le jeune lillois : "Les feux tournent avec le vent et ils pourraient amener la fumée en ville". D'ailleurs, Quentin est allé s'équiper : "Je suis passé devant un CVS, une sorte de pharmacie ici, et j'ai voulu acheter des masques. En fait, on me les a donnés gratuitement. À l'université aussi, ils en distribuent, je n'étais pas encore au courant".
Il poursuit : "Je ne suis pas trop sorti mercredi, mais je voyais par la fenêtre comme si le ciel était nuageux. Ici, le ciel est toujours bleu, il fait beau tout le temps... c'était la fumée des incendies".
"L'ambiance est particulière, les gens ont peur. On le sent vraiment. Il faut dire qu'on reçoit beaucoup de notifications, d'alertes sur les téléphones. Cette nuit, j'ai été réveillé à quatre heures du matin, par une alarme stridente sur mon téléphone et un ordre d'évacuer. Mais c'était une erreur. C'est déjà arrivé 2 ou 3 fois..."
Des erreurs qui contribuent selon lui à créer un climat anxieux "Les autorités viennent de nous demander de ne pas désactiver ces notifications... si jamais nous étions concernés par une évacuation. Les gens paniquent un peu quand ils reçoivent ce genre d'alerte".
Évacuer ?
À la question de savoir s'il pense qu'il pourrait avoir à quitter son logement, le jeune homme reste positif et il explique : "Moi, j'habite vraiment en ville, il y a du béton partout autour. Les quartiers touchés sont des quartiers résidentiels, en bordure de forêts, des villas espacées accrochées aux montagnes. Et puis, certaines familles évacuées ont été amenées dans un "shelter", un abri à proximité de chez moi. Je pense que s'il y avait un risque, les autorités ne les auraient pas déplacés ici".
Par contre, Quentin a un peu l'impression de revivre certains aspects du Covid. Quand ses cours ne sont pas annulés, ils sont en distanciels", et puis il ajoute : "On nous conseille de porter des masques, alors je regarde régulièrement la qualité de l'air. L'université nous a indiqué un lien vers un site pour suivre la situation".
Les autorités leur déconseillent aussi de ne pas boire l'eau du robinet, explique le Lillois, "Comme les pompiers en utilisent beaucoup, il y a moins de pression dans le robinet. J'ai acheté de l'eau en bouteille..."
L'inquiétude des proches
Depuis quelques jours, son téléphone sonne aussi plus souvent. Sa famille, ses amis lui envoient des messages. Quentin raconte "Je leur réponds que Los Angeles est une ville immense, presque 15 millions d'habitants. Dans les médias, on montre les quartiers touchés, mais le reste de la ville ne l'est pas. Sauf par les fumées et pas tout le temps".
Et puis, "Pour les rassurer, je leur raconte qu'on suit les informations, je regarde sur internet comme je n'ai pas la télévision. Nous avons aussi un groupe WhatsApp des étudiants étrangers sur lequel l'Université nous informe. C'est sûr que nous n'avons pas toujours les bons réflexes, ce n'est pas notre pays ici". Il conclut : "Et puis, comme j'habite vraiment en ville, si je dois évacuer à un moment, c'est qu'une grande partie de la ville l'aura déjà fait..."