VIDÉO. "C’est le festival de Woodstock ici" : à Lille, les parcs bondés vont-ils pousser le préfet à tous les refermer ?

Mercredi 31 mars, les policiers ont contrôlé 500 jeunes installés dans le jardin Vauban à Lille. Les parcs et jardins de la ville sont bondés depuis le début de la semaine. Face à ces "débordements" dénoncés par Martine Aubry, le préfet pourrait prendre des mesures restrictives supplémentaires.

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Depuis le début de la semaine, les mêmes scènes se déroulent chaque après-midi dans les parcs de la ville de Lille : au jardin Vauban, dans la Citadelle voisine, derrière les grilles rouges du parc Jean-Baptiste Lebas ou encore sur le parvis de la Treille. Des jeunes en quête du grand air s’installent sur les pelouses entre amis, brisent leur solitude et profitent des températures estivales de ces derniers jours en écoutant de la musique pour certains, et en consommant de l’alcool pour d’autres.

Des scènes jugées intolérables par le ministère de l’Intérieur, qui a demandé dans une note interne envoyée aux préfets une verbalisation "stricte" des rassemblements de plus de six personnes sur la voie publique. Les forces de l’ordre sont envoyées aux endroits-clés comme les parcs, les jardins ou les quais en fin de journée pour disperser la foule et verbaliser les plus récalcitrants.

De la musique, quelques bières et un peu de liberté retrouvée …

Difficile cependant pour les étudiants de ne pas résister à l’appel de l’extérieur avec les températures estivales enregistrées ces derniers jours, alors que certains n’ont pas retrouvé le chemin des universités depuis un an désormais. "On en a marre, on veut juste se retrouver", explique une étudiante réunie avec ses amis au jardin Vauban. "Se retrouver seul chez soi ou chez ses parents, c’est compliqué", témoigne son ami, une bière à la main. 

Tous expliquent qu’ils préfèrent se retrouver à l’extérieur plutôt que dans des appartements, quitte à enfreindre les règles en vigueur. "On a l’impression de revivre, même si je suis tout à fais consciente que ce que je fais, c’est très risqué", raconte cette étudiante entourée d'une dizaine d’amis. "Je suis complètement conscient que j’enfreins les règles", affirme un autre. À l’entrée du jardin, les consignes sont pourtant bien affichées : le port du masque est ici obligatoire comme partout ailleurs dans la ville de Lille, la consommation d’alcool et la diffusion de musique amplifiée interdites. 

"Quand ils sont en groupe rapproché, le masque tombe, ils retrouvent leurs amis qu'ils n'ont pas vu depuis longtemps, leur garde diminue un peu et c’est à ce moment là qu’ils se contaminent".

Philippe Amouyel, épidémiologiste et professeur de Santé Publique au CHU de Lille

Un peu d’insouciance retrouvée, qui ferait presque oublier à certains que les hôpitaux du Nord n’ont jamais été aussi remplis par des patients Covid depuis le début de l’épidémie.

"Quand ils sont en groupe rapproché, le masque tombe, ils retrouvent leurs amis qu'ils n'ont pas vu depuis longtemps, leur garde diminue un peu et c’est à ce moment là qu’ils se contaminent, explique l'épidémiologiste Philippe Amouyel. C’est difficile de condamner un mouvement de foule de ce type là à cause du contexte actuel mais il faut l’éviter au maximum".

... face à des passants excédés et des policiers contraints de verbaliser

Un spectacle qui interloque certains passants. "C’est le festival de Woodstock ici ?", demande ironiquement un homme, qui ne cache pas sa surprise. "C’est bizarre de voir cette concentration et les masques inexistants… il ne faut pas s’étonner qu’il y ait des mesures drastiques". Comme lui, les yeux des promeneurs s’écarquillent à la vue de la foule de jeunes rassemblés. 

Sur son vélo, une cycliste s’arrête et contemple le spectacle, désoeuvrée. "Ça fait un an qu’on a le masque sur le visage, qu’on fait tout dans les règles de l’art. Quand on voit ce cinéma là, on est un peu déçu". Son mari nous interpelle. "Si on avait leur âge, on ferait pareil. Il faut se mettre à la place des jeunes qui en ont marre", avant d’être repris par sa compagne : "oui mais tout le monde en a marre… et dans ces conditions là, on ne s’en sortira jamais".

Pour tenter de mettre fin à ces rassemblements, policiers municipaux et nationaux débarquent quotidiennement en fin de journée. Ils avancent en ligne dans les jardins, pour disperser dans le calme les jeunes installés et siffler la fin de la récréation.

500 contrôles ont été effectués rien qu’au jardin Vauban mardi 30 mars, pour un total d’une centaine de verbalisations : non-port du masque, diffusion de musique amplifiée, consommation d’alcool ou encore défaut d’attestation… "Ceux qui respectent des conditions acceptables peuvent ensuite revenir se poser à quelques personnes, en conservant le masque et et les distances", explique le commissaire Charles Barion, à la tête du service en charge de la voie publique à Lille.

Rien n’interdit de se réunir en extérieur… à condition de respecter les règles

Même si le Nord est confiné pour la troisième fois depuis le 19 mars, rien n’interdit pourtant de sortir de son domicile pour se promener dans un parc ou retrouver des amis, mais il faut respecter quelques règles édictées par la nouvelle doctrine du gouvernement : dedans avec les miens, dehors en citoyen.

À l’extérieur, il faut porter le masque et respecter les distances, éviter de manger ou de boire si on n'est pas seul, respecter la règle des 10 kilomètres, le couvre-feu à 19 heures et ne pas se réunir à plus de six. Des règles auxquelles il faut ajouter les mesures édictées par le préfet du Nord : l’interdiction de consommer de l’alcool sur la voie publique et l’interdiction de diffuser de la musique amplifiée en dehors de son domicile.

Dans le Nord, les images de foule ont été condamnées par la maire de Lille Martine Aubry qui demande à chacun de "redoubler de prudence (…) alors que des débordements ont eu lieu ces derniers jours". Pour autant, les services de la mairie nous expliquent qu’aucune demande de fermeture des parcs et jardins de la ville n’a été faite au préfet, afin de ne pas pénaliser tous les habitants.

Contactée, la préfecture du Nord indique suivre de près la situation et n’exclue pas de prendre des mesures pouvant aller jusque’à la fermeture des parcs et de la ville si les mêmes scènes se répètent dans les jours qui viennent.

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