La campagne 2025 du recensement démarre le 16 janvier 2025 dans 841 communes des Hauts-de-France. Cette année, trois nouvelles questions s'ajoutent au questionnaire. Voici tout ce qu'il faut savoir.
Pour mettre à jour ses connaissances sur la population des Hauts-de-France, l'Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) renouvelle comme chaque année sa campagne de recensement.
Des questionnaires seront distribués dans les communes sélectionnées dès le 16 janvier.
Qu'ont enseigné les recensements précédents ?
Ce rendez-vous annuel permet à l'INSEE de dessiner en chiffres les contours d'une société mouvante. L'analyse des données récupérées en 2021, publiée en janvier 2025, éclaire par exemple la réflexion sur les familles monoparentales.
On apprend notamment que dans la région, 1 345 700 mineurs vivent auprès de leur famille. Parmi eux, 3 enfants sur 10 ne vivent qu'avec l'un de leurs deux parents, créant des situations de familles dites "monoparentales".
En 2021, dans les #HautsDeFrance, 400 000 enfants mineurs, soit 3 enfants mineurs sur 10, vivent avec un seul de leurs parents, dans une famille monoparentale ou recomposée.
— Insee Hauts-de-France (@InseeHdF) January 14, 2025
Pour en savoir plus : https://t.co/4V3jpxyAjx pic.twitter.com/8qZbnnYxMT
Ces compositions familiales sont disparates selon le lieu de résidence. Ils sont "surreprésentés dans les territoires les plus urbanisés de la région (Lille, Arras, Amiens)", détaille l'INSEE. Mais il faut aussi savoir que 83% de ces 400 000 enfants vivent avec leur mère.
De telles données nourrissent ainsi le débat public et pourraient guider la mise en place de futures politiques. On apprend par exemple de 40% des enfants des familles monoparentales ont un parent au chômage ou inactif dans les Hauts-de-France, alors que ce pourcentage s'élève à 30% dans le reste du pays. Ces enfants grandissent donc dans des conditions de vies moins favorables.
Qui est concerné ?
Dans les communes de moins de 10 000 habitants, le recensement a lieu tous les cinq ans, et ce, de façon exhaustive. Dans les communes de plus de 10 000 habitants, ce recensement se fait tous les ans, mais que sur 8% des logements de la ville.
Cela représente donc dans les Hauts-de-France :
- 436 000 logements
- 860 000 personnes
- 841 communes : dont 739 "petites" communes et 102 "grandes" communes
- 2 200 agents recenseurs
En ligne, où sur un questionnaire papier. Les personnes invitées à se recenser devront répondre à tout un panel de questions : origine, situation maritale, études supérieures...
Trois nouvelles questions en 2025
Le questionnaire qui pourrait vous être distribué comporte trois nouvelles questions, destinées à adapter le recensement aux évolutions de la société française.
La première concerne le télétravail : à quelle fréquence télétravaillez-vous ? Les données récoltées permettront à l'INSEE d'étudier le recours à cette pratique émergente depuis la pandémie de COVID 19 chez les actifs. Les analyses pourraient notamment permettre l'adaptation de l'offre de transports, mais aussi des infrastructures dédiées au travail.
La seconde question est plus polémique : où sont nés vos parents ? Si l'INSEE justifie d'interroger les Français sur ce sujet pour connaître la diversité des origines et des mobilités géographiques au fil des générations, elle soulève le débat sur les statistiques ethniques. Dans les faits, elles ne sont pas interdites dans l'hexagone, mais leur collecte doit être soumise à validation.
Dans une pétition-tribune publiée sur le Club de Mediapart le 18 décembre 2024, la CGT, la Ligue des Droits de l'Homme (LDH), la FSU, le MRAP et l'Union Syndicale Solidaires invitent à ne pas répondre à cette question facultative. Pour eux, "aucune politique publique ne justifie que l'origine immigrée de nos parents soit collectée dans notre bulletin individuel. Cette question présente beaucoup de dangers."
La collecte de cette information serait un "pas vers une possible inégalité de traitement par l'État", poursuit la tribune. "Les déclarations du président du RN indiquant que « des personnes d'origine étrangère, qui travaillent, qui ne font rien de mal, n'ont rien à craindre de son parti » disent clairement que ce serait un critère dans ses politiques d'extrême-droite."
Aucune politique publique ne justifie que l'origine immigrée de nos parents soit collectée dans notre bulletin individuel.
Tribune du club de MediapartSignée par Nathalie Tehio (LDH), Sophie Binet (CGT), Benoît Teste (FSU), François Sauterey (MRAP), Julie Ferrua, Murielle Guilbert (Union Syndicale Solidaires) et 1549 signataires.
Mais l'INSEE se défend, brandissant l'argument de l'utilité de la question, que les données auront une finalité statistique qui ne dépassera pas le cadre de l'INSEE et que la démarche a été validée par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL).
Enfin, les recensés répondront à une troisième question inédite : êtes-vous limité·e, depuis au moins 6 mois, à cause d'un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ? Les réponses serviront à mesurer les situations de handicap sur le territoire, mais aussi à adapter les politiques publiques à ces situations.
Les habitants des communes de moins de 10 000 habitants auront jusqu'au 15 février 2025 pour remplir le questionnaire, et ceux des communes plus peuplées auront jusqu'au 22 février 2025.