La préfecture du Nord a mis fin au plan grand froid, ce jeudi 23 janvier 2025. Plusieurs familles d'un centre d'hébergement d'urgence risquent de retourner dans la rue. Les associations s'indignent.
Salah-Eddine se pince le nez pour tenter de retenir ses larmes. "C’est difficile de ne pas pouvoir donner de réponses à nos enfants, qui ne comprennent pas" justifie le père de famille de 38 ans. Lui, sa femme et ses deux enfants de 5 et 2 ans risquent de retourner à la rue. C'est la conséquence directe de la fin du plan grand froid depuis ce matin, jeudi 23 janvier 2025, qui prévoit une mise à l'abri exceptionnel des personnes sans domicile. "L’argument avancé, c'est que les températures se sont radoucies et qu’on est repassé en positif" décrit Linda Flecq, éducatrice spécialisée.
La rumeur d'une levée du dispositif enflait déjà depuis quelques jours auprès des pensionnaires. La nouvelle est tombée, comme un couperet, dès hier soir. Salah-Eddine et sa famille, ainsi qu'une trentaine d'autres personnes, ne pourront désormais plus regagner leur place au sein du centre Coallia de Trith Saint-Léger.
La fin du plan grand froid
Car depuis le 5 janvier, et le déclenchement du plan grand froid, la famille avait trouvé refuge dans ce centre associatif spécialisé dans l'hébergement solidaire. Lorsque les températures sont négatives, que le plan grand froid est activé et que le 115 est débordé, c’est vers ce centre que les autorités renvoient les personnes à la rue. En plus de leur travail quotidien, les associatifs doivent pousser les murs pour accueillir de nouvelles personnes. Avec la levée de ces dispositifs exceptionnels, la direction de Coallia a ainsi demandé aux personnes prises en charge en urgence de ne plus revenir.
Alors, depuis ce matin, l'anxiété se lit dans les regards des pensionnaires. "Nous étions à la rue depuis octobre. Là au mois nous avions quelque chose d'un peu plus stable. J'espère qu'on va trouver une solution" indique Salah-Eddine. La nuit semble particulièrement inquiéter Jérôme, 50 ans. "Il faut une solution, pour ce soir déjà. Moi je n'ai plus personne, nulle part où aller" se désespère-t-il. "Je ressens un peu de haine, mais ça ne sert à rien. On va partir, c'est tout. Sinon ils vont appeler la police et nous expulser."
L'indignation des associations locales
Depuis ce matin, plusieurs membres d'associations du Valenciennois se sont réunis devant les grilles d'entrée du site. "C’est pour manifester notre soutien à ces familles. On leur a dit de ne pas sortir, d’attendre des nouvelles de la direction et une autre solution d’hébergement. Ce n’est pas la faute de la direction de Coallia ou d’autres organismes. Nous, on pointe la responsabilité de l’Etat. C'est à eux d’assurer une continuité dans la prise en charge" insiste Linda Flecq, de l'accueil de jour "La boutique solidarité" à Valenciennes. Les associatifs locaux, en colère, prévoient déjà de se relayer pour rester sur place et faire pression. "On ne partira pas tant que les familles n'auront pas de solution" insiste Linda.
L'indignation fait écho à un drame survenu au début de l'année 2025. Le 9 janvier, quelques jours seulement après le déclenchement du plan grand froid, Romain, un sans-abri de 38 ans, était retrouvé mort de froid à Valenciennes. Beaucoup de membres d'association s'en souviennent. "Ce matin, c'est impossible, humainement, de se dire qu'on va rentrer chez nous et que des enfants vont dormir dehors" conclut Gaëlle Ribas, de la fondation Abbé Pierre.
Contactée, la responsable du centre d'hébergement Coallia de Trith Saint-Léger, n'a pas donné suite.