"Il n'y a pas de baguette magique" : une association d'aide à domicile placée en redressement judiciaire à Valenciennes

En proie à des difficultés financières, l'Association Valenciennoise d'Aide à Domicile (AVAD) a été placée en redressement judiciaire le 7 janvier 2025. Une situation saluée par Jean-Marie Colpin, président de l'association.

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C'est un gel des dettes qui sonne comme une victoire. Le 7 janvier, l'Association Valenciennoise d'Aide à Domicile (AVAD) a été placée en redressement judiciaire, et son président Jean-Marie Copin ne pouvait pas rêver mieux.

"Ce qui est étonnant, c'est que c'est nous qui sommes demandeurs", admet-il. "Mais j'ai considéré que ça allait être la bonne décision."

Site internet de l'AVAD. © Capture d'écran

1,2 million d'euros de dettes

Les difficultés financières ont démarré en 2021, quand le gouvernement a décidé d'augmenter les salaires du secteur de l'aide à domicile. "Il est décidé par un avenant de modifier la grille des salariés des intervenants dans les associations. Une très bonne chose.", se rappelle Jean-Marie Copin. Sa hausse salariale a augmenté de 17%, soit 1,4 million d'euros sur 9 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Au début, "le gouvernement nous suivait", mais à partir du mois de juin, "on nous a dit qu'il n'y avait plus de sous, qu'ils arrêtaient de compenser cet avenant". C’est à ce moment que l'AVAD s'est retrouvée le bec dans l'eau. En 2022, la dette de l'association culmine donc à 1,2 million d'euros.

Il n'y a pas de baguette magique, il a fallu se retrousser les manches.

Jean-Marie Copin

Président de l'AVAD

"Il n'y a pas de baguette magique, il a fallu se retrousser les manches", raconte le président de l'AVAD. Pour réduire au maximum les dépenses, l'association a vendu du bâti, supprimé des échelons hiérarchiques, diversifier son offre en planifiant le déploiement d'un service de téléalarme, mais a aussi essayé d'être "efficace dans le choix des salariés". 

En 2023, l'association se retrouve ainsi avec une dette de 600 000 euros. Un chiffre toujours conséquent, mais drastiquement réduit grâce à une aide d'urgence de 500 000 euros versés par l'État. Le déficit se retrouve ainsi à 100 000 euros. "Pour 2024, a priori, les estimations budgétaires plafonnent sur un déficit de 100 000 à 200 000 euros."

Une demande de redressement judiciaire

"Là, on était planté, on faisait rouler devant nous la dette de l'Urssaf. Mais à un moment, il faut arrêter", explique le président de l'AVAD. C'est à ce moment que le redressement judiciaire a pris sens. 

"Notre trésorerie ne nous permettait plus de payer les créances, le tribunal a bien vérifié qu'on était en cessation de paiements. Lorsqu'il a rendu son jugement, il a considéré que nos actions étaient suffisantes", poursuit-il. C'est ainsi que l'association a obtenu le gel de sa dette.

La qualité du service d'aide à la personne est-elle impactée par les difficultés financières ? Du côté de l'emploi, Jean-Marie Copin admet avoir "éliminé les CDD". Et "puisqu'on a une population très vieillissante", il suffit de ne pas remplacer les départs "pendant trois ans". Cela ne pose pas de problème envers les bénéficiaires dans la mesure où "il y a moins d'activité."

L'aide à domicile, c'est aussi l'aide à la toilette. © JEAN MICHEL NIESTER / MAXPPP

Préavis de grève déposé le 13 janvier

Avec 300 salariés, et 1300 bénéficiaires, l'AVAD est spécialisée dans l'aide et le soin à domicile. Que cela soit du ménage ou des gestes de soins quotidiens. Du côté des salariés restants, cet épisode de difficultés financières n'est pas vécu sans inquiétude. "Ils ne me croient pas quand je leur dis qu'on est à l'équilibre. On ne s'achemine pas vers un PSE", rassure-t-il. 

Maintenant, l'AVAD a six mois pour se redresser, "tout ce que je peux souhaiter c'est que ça continue à se passer ainsi", conclut Jean-Marie Copin. 

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