La mairie et des propriétaires privés de Norrent-Fontes, dans le Pas-de-Calais, ont demandé mercredi devant le tribunal de grande instance de Béthune l'évacuation d'un terrain où vivent entre 200 et 300 migrants dans des conditions précaires.
Le tribunal a été saisi en référé afin "d'ordonner l'expulsion de l'ensemble des occupants sans droit ni titre de différentes parcelles privées" de Norrent-Fontes, entre Lens et Calais, a expliqué l'avocat des requérants, Me Jean-François Pambo.
"Le démantèlement du camp de Calais, où vivent environ 9.000 personnes, est programmé et quand il sera démantelé, une multitude d'entre elles viendra se rapatrier sur le camp illicite de Norrent-Fontes", a-t-il argumenté, estimant par ailleurs que ce camp, proche de l'autoroute A26, était "contrôlé par les passeurs".
Selon le maire de cette ville de 1.500 habitants, Bertrand Cocq, le camp a été installé en 2012 par la municipalité pour une capacité de 30 personnes. Mais à présent, ils sont dix fois plus nombreux et "la commune n'est pas taillée pour mettre autant de personnes à l'abri lors des épisodes de grand froid", a-t-il assuré.
Une trentaine de migrants ont assisté à l'audience dans le calme, certains portant un tee-shirt "La Jungle c'est tout ce qu'on a". Kamu, un Ethiopien de 17 ans, qui habite dans le camp, a expliqué son souhait d'y rester pour "fuir la violence de la Jungle de Calais".
Selon l'avocate des migrants, Me Julie Bonnier, "le site de Norrent-Fontes bénéficie d'une aide sociale. Si ce camp est évacué, ces personnes vivront dans les parcelles à proximité et n'auront plus ces aides, ni de soutien, ni de soins" proposés par les associations.
L'agent du défenseur des droits, Mme Ratiba Aboufares, a estimé qu'il fallait "empêcher les expulsions sans solution adaptée" pour éviter que ces campements "se reforment à proximité" et que les migrants "soient encore davantage précarisés".
Le tribunal doit rendre sa décision le 12 octobre. Dans le nord de la France, au fil de la crise migratoire, de multiples camps de migrants se sont installés à l'ombre de Calais, comme à
Norrents-Fontes, Angres, Tatinghem ou encore Setques. En juin, le camp de Chocques où vivaient une dizaine de migrants a été évacué et un mois plus tard, c'est le camp de Steenvoorde, où s'étaient installés une soixantaine de migrants, qui a été démantelé.