Comme chaque année, la chambre des métiers et de l'artisanat organise les sélections régionales des meilleurs apprentis de France. Ce concours s'adresse aux apprentis de moins de 21 ans. Nous avons suivi les candidats pour les Hauts-de-France en boucherie qui ont dû démontrer leur savoir-faire et leur créativité dans des épreuves de découpe, de désossage ou encore de ficelage.
Christophe Petit scrute le moindre coup de couteau. Découpe, épluchage, ficelage, le président de la fédération des bouchers de l'Aisne regarde tout. Membre du jury pour la sélection des représentants des Hauts-de-France au concours de meilleur apprenti de France, il va devoir noter chaque épreuve.
L'opportunité d'apprendre l'excellence
À cet instant, les concurrents désossent une épaule de bœuf. "Il faut être à blanc, c'est-à-dire qu'il y a un périoste sur l'os et il faut essayer que ce périoste reste sur la viande, nous explique-t-il. Le niveau est élevé et c'est comme ça qu'on départage les candidats. Le jour d'un concours, on cherche l'excellence."
Une excellence nourrie par l'entraînement spécifique au concours de Meilleur apprenti de France, plus exigeant que le programme du CAP. "En CAP, on découvre, on fait ce qui est basique parce que ce n'est pas noté, indique Pierrick Branquart, apprenti boucher à Hirson. Là, c'est quand même autre chose. On doit présenter un buffet. Donc ça doit être bien décoré. La déco, c'est très important."
Lauréats ou non, ces jeunes ambitieux envisagent ces sélections comme un bonus sur leur CV. "On n'est que dix à cette sélection. Du coup, ces dix-là vont avoir plus de chances de trouver un patron que quelqu'un qui a du mal à avoir le CAP ou qui n'a fait aucun concours. Ça ouvre plus de portes pour entrer en Brevet professionnel parce qu'on a fait ce concours, on a eu le courage d'y aller", estime Matheys Auzou, apprenti boucher à Amiens.
La fierté de transmettre un savoir-faire
Pour les maîtres d'apprentissage, voir son apprenti participer à ce type de concours ne profite pas qu'au jeune. "J'ai eu plusieurs apprentis qui ont fini au concours et c'est une fierté de les accompagner ce jour-là. On est récompensé de ce qu'on leur apprend tous les jours, toute l'année, du savoir-faire qu'on leur transmet", avoue José Bellegueule, président de la fédération des bouchers de la Somme.
Ce type de concours offre une vitrine essentielle pour recruter de nouveaux apprentis en boucherie et en charcuterie. Mais la baisse des aides à l’embauche, annoncée début janvier par le gouvernement, pourrait enrayer cette belle dynamique. "On a mis le paquet sur l'apprentissage depuis des années. On frôlait le million d'apprentis au niveau national. On a revalorisé les métiers manuels et d'un seul coup, on nous met un coup de frein, un coup d'arrêt, déplore Mathieu Maggi, responsable pédagogique de la filière viande à la Chambre des métiers et de l'artisanat des Hauts-de-France. C'est inquiétant parce que derrière, c'est toute une économie. C'est le monde de l'artisanat, mais aussi celui de la formation qui en pâtit."
Au bout du suspense, le verdict est rendu : deux Beauvaisiens, Julien Vieujot et Lilian Masure, représenteront les Hauts-de-France à la finale nationale en mai prochain à Angoulême.
Édité par Jennifer Alberts / FTV