Une manifestation qui a réuni près de 700 personnes s'est tenue à Noyon, dans l'Oise, samedi 11 janvier 2025, jour de la cérémonie des vœux. Le but : protester contre la gestion budgétaire de la ville par la maire, Sandrine Dauchelle, et la baisse des subventions aux associations.
Le feuilleton de Noyon se poursuit. Une manifestation s'est tenue dans les rues de la commune samedi 11 janvier 2025, jour d'une cérémonie des vœux, contestée par de nombreux habitants, acteurs associatifs et élus locaux. Il y a quelques semaines, plusieurs d'entre eux demandaient son annulation, à l'heure où la dette de la ville frôle les 5 millions d'euros.
Pourtant, face aux nombreuses oppositions, Sandrine Dauchelle, maire (LR) de Noyon l'a maintenue, en baissant le budget alloué à 5 000 euros, au lieu du plafond de 17 000 euros, largement contesté. Pour la maire, cette cérémonie reste importante puisqu'elle met en avant des enfants et des habitants de la ville.
"Cette ville est en train de mourir"
Mais pourquoi donc 500 à 700 personnes ont manifesté face à une cérémonie qui, de prime abord, porte un si beau message ? De nombreux élus alertent sur l'état d'une ville qui, "depuis l'élection de Sandrine Dauchelle, subit une catastrophe financière avec un déficit record, les baisses de subventions aux associations", explique Patrick Deguise, ancien maire (PS) de Noyon et conseiller d'opposition. Il n'y va d'ailleurs pas de main morte : "en fait, cette ville est en train de mourir et les Noyonnais se mobilisent pour dire stop".
Il observe que l'image de la ville donnée par la maire depuis quatre ans est "désastreuse". "Les gens quittent cette ville parce qu'ils n'en peuvent plus, elle est sale, mal entretenue, avec un personnel qui est martyrisé. Plus rien ne va. On ne peut pas la laisser détruire des dizaines d'années de travail de ses prédécesseurs". Patrick Deguise ajoute qu'en 40 ans en tant qu'élu, il n'a jamais vu "une telle mobilisation" contre un édile : "c'est complètement inédit".
Il rappelle qu'en plus d'être maire, elle est aussi présidente de la Communauté de communes du Pays noyonnais. Sur les 42 maires, 37 ont demandé sa démission (et une majorité était présente à la manifestation). Malgré tout, Sandrine Dauchelle reste en fonction "parce qu'il y a une belle indemnité de 2 200 euros et à la ville, nous ne sommes que 7 élus de l'opposition, deux dissidences pour l'instant, donc 9 sur 33, ce qui fait peu pour peser sur le destin de cette ville", déplore-t-il.
"Toutes les associations sont déficitaires"
La baisse des subventions aux associations reste le nerf de cette guerre. Aujourd'hui, les responsables associatifs concernés pointent du doigt une dégradation des conditions d'exercice et de travail. Parmi eux, Michel Lebrun, directeur technique du Judo Club Noyon, en croisade contre la maire, notamment à coups de vidéos parodiques postées sur les réseaux sociaux qui lui ont valu un dépôt de plainte par la concernée.
À ses yeux, cette nouvelle manifestation est importante "parce qu'on est responsables d'associations qui nous ont été transmises par nos pairs, et un jour, on devra les transmettre aux enfants qu'on forme actuellement. On les a reçues dans un certain état et, aujourd'hui, avec la politique budgétaire de la ville, ce n'est pas possible, toutes les associations sont déficitaires, car l'annonce du retrait a été faite le mois où on devait les percevoir".
Pour Michel Lebrun, la gestion de Noyon par Sandrine Dauchelle devrait avoir des conséquences sur une décennie, si ce n'est plus. C'est pourquoi il compte sur la force de frappe importante des associations (on compte à peu près 5 000 licenciés et adhérents sur le Noyonnais) pour se faire entendre.
Il appelle également les adjoints à démissionner, parce que "la maire ne partira pas d'elle-même, ce n'est pas possible". D’autant plus qu'à ce stade, il n'attend plus rien d'elle.
"Rien ne permet d'être véhément"
La maire, de son côté, trouve cette manifestation "dommage" et "inadmissible" vis-à-vis des enfants qui n'ont pas pu rentrer pour assister à la cérémonie des vœux. Elle souligne que des manifestants ont bloqué l'entrée, pendant que les enfants sont restés "dehors, dans le froid". Ils auraient par ailleurs pris des places de personnes réellement intéressées avant de partir "30 ou 45 minutes" après le début.
Et quand on lui demande si elle comprend les revendications, Sandrine Dauchelle répond : "rien ne permet d'être véhément, de faire ce qu'ils ont fait à des enfants. On a déjà entendu leurs revendications, il n'y avait aucune raison de remettre en cause cette cérémonie de vœux". Elle affirme aussi les avoir déjà reçus et avoir échangé avec eux, mais "ils ont coupé le dialogue", d'après ses dires.
Cette année, suite à un contrôle de la Cour des comptes, on a dû réduire [les subventions] de 100 000 euros. On a réduit aux associations qui touchaient le plus. On a dit qu’on allait voir avec elles ce qu’on allait faire pour répartir l’argent aux associations cette année.
Sandrine Dauchelle, maire (LR) de Noyon
L'élue regrette "beaucoup de mensonges" puisque selon elle, toutes les associations ont été payées. "Quand j'entends qu'elles ne l'ont pas été, c'est faux. Celui qui revendique beaucoup de choses n'est pas un bénévole, mais quelqu'un qui est payé grâce à l'association dans laquelle il exerce. Nous avons réduit d'une partie les subventions et c'est la raison pour laquelle ça fait ce que vous voyez aujourd'hui", précise-t-elle.
Quant à la dette de la commune, Sandrine Dauchelle assure l'avoir désendettée de 5 millions d'euros. "Rome ne s'est pas fait en un jour, et il me faut du temps. Malgré tout, il faut faire fonctionner la collectivité, il faut avancer et, en même temps, désendetter, c'est ce que je fais". Pourtant, il y a deux semaines, Patrick Deguise affirmait de son côté qu'en 2020, la ville était excédentaire de 8,3 millions d'euros.
Malgré les levées de boucliers, la maire se représentera aux élections municipales de 2026. De son côté, Patrick Deguise, qui ne pensait pas à exercer un nouveau mandat de maire, pourrait faire campagne, car "si je peux encore aider cette ville sur quelques années, je le ferai bien volontiers".
Avec Gabin Cransac / FTV