"C’est incroyable de comprendre comment fonctionnent des écosystèmes" : chercheuse à Beauvais, elle lance un podcast pour vulgariser les sciences de l'environnement

Partager les dernières recherches dans le domaine de l'écologie, en dix minutes et en toute simplicité : c'est le pari ambitieux d'Élise Verrier, enseignante-chercheuse à UniLaSalle Beauvais. Passionnée par sa discipline, elle vient de lancer un podcast qui propose une promenade jubilatoire parmi les dernières découvertes et méthodes des sciences de l'environnement.

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"Enfilez vos bottes numériques, je vous emmène" nous dit la voix enjouée d'Élise Verrier. La destination est un terrain fascinant : la recherche en écologie, dont l'enseignante-chercheuse vulgarise les dernières pépites dans son nouveau podcast, Biocénose

La biocénose, c'est un mot qui désigne l'ensemble des espèces qui vivent dans un écosystème et leurs relations entre elles. Neuf lettres qui englobent un monde de complexité, foisonnant d'espèces méconnues, de mécanismes à découvrir et source d'une curiosité avide pour la jeune scientifique.

La matière première du podcast, "C’est la veille scientifique que je fais en tant que chercheur, quand quelque chose m’intrigue et que j’ai envie de creuser un peu plus, c’est de là que ça part" résume Élise Verrier.

Des étoiles dans les yeux 

Élise Verrier n'en est pas à son premier podcast : pendant sa thèse en 2022, elle crée Le journal de tata doc, un journal de bord où elle raconte son quotidien de chercheuse, la patiente élaboration des résultats et propose des interviews de collègues scientifiques. Cette première aventure s'arrête en 2023 à la fin de sa thèse et quelques mois plus tard, en février 2024, après avoir été récompensée pour ses travaux de recherche, Élise Verrier est recrutée comme enseignante-chercheuse à l'université UniLaSalle de Beauvais. Moins de temps à consacrer à la recherche, mais toujours cette envie de partager cette passion avec le grand public.

J’ai tendance à penser que l’on a plus tendance à s’investir pour protéger des choses que l’on trouve fascinantes.

Élise Verrier

Enseignante-chercheuse

Alors, le 22 janvier 2025, la voilà de retour sur les plateformes d'écoute avec ce nouveau podcast, Biocénose. "Le premier objectif est de parler des choses qui me mettent des étoiles dans les yeux. C’est incroyable de comprendre comment fonctionnent des écosystèmes, en parler, c’est un plaisir un peu égoïste, sourit Élise Verrier. Mais par rapport aux changements globaux, à la protection de la biodiversité qui est mon domaine, j’ai tendance à penser que l’on a plus tendance à s’investir pour protéger des choses que l’on trouve fascinantes.

D'autant plus que la recherche en écologie est un domaine où les nouvelles technologies ont récemment décuplé les possibilités des scientifiques. "On fait toujours de la recherche en laboratoire, mais par exemple, avec les colliers GPS, la miniaturisation des GPS, on peut maintenant suivre des individus, les comprendre leurs modes de vie sans les impacter. Cela permet de faire des choses très intéressantes, avec ces nouvelles technologies de plus en plus accessibles en prix, mais aussi plus faciles d’utilisation."

Grâce à la démocratisation des capteurs de tous types, les chercheurs acquièrent de plus en plus de données sur l'environnement. Et cela ouvre des pistes intéressantes pour l'avenir : "l’intelligence artificielle, il y en a assez peu pour l’instant et elle va nous permettre de comprendre des choses assez intéressantes en analysant les jeux de données, comprendre des choses que l’on n'avait pas comprises avant" se projette la scientifique. 

L'araignée, la sangsue et l'ADN environnemental

À raison d'un épisode par mois, ce n'est pas un podcast sur l'actualité scientifique, mais plutôt une plongée dans quelques recherches récentes particulièrement intéressantes. Le premier épisode emmène les auditeurs à la découverte d'un domaine aussi prometteur qu'insolite, l'ADN environnemental.

Le principe est de comprendre quelles espèces habitent un milieu à partir des traces d'ADN qu'elles y laissent. En quelques minutes, Élise Verrier explique l'origine de cette méthode — l'occasion de comprendre au passage comment fonctionne un test PCR, comme ceux utilisés lors de la crise sanitaire. Puis, elle évoque le projet de recherche qui a en premier captivé son intérêt pour l'ADN environnemental : une équipe a utilisé le sang contenu dans des sangsues pour identifier tous les animaux sur lesquels elles avaient pu se nourrir.

On a tendance à présenter les résultats, dire ‘voilà la connaissance,’ mais le ‘comment on l’a fait’, on ne l’évoque pas trop.

Élise Verrier

Enseignante-Chercheuse

"Je trouve ça passionnant que l’on puisse en apprendre autant sur l’environnement avec ça. Puis je suis tombée sur un article où ils utilisaient les toiles d’araignée pour dresser un inventaire du vivant autour, dans un parc en Australie. J’ai trouvé ça incroyable, que l’on puisse avoir autant d’informations avec les toiles d’araignées ! Je trouve ce thème fou et en plus, il y a une méthode à expliquer.

Avec humour et légèreté, évoquer ces découvertes lui permet aussi d'initier son public aux techniques de construction des résultats scientifiques. C'est l'un des objectifs de ce podcast : "On a tendance à présenter les résultats, dire ‘voilà la connaissance,’ mais le comment on l’a fait’, on ne l’évoque pas trop. J’avais envie de montrer que ces connaissances ne sortent pas du chapeau. Et comprendre comment on a obtenu les résultats, ça aide aussi à les retenir."

Et peut-être, à renouer une certaine confiance du public envers la science, en dévoilant les recettes qui garantissent la solidité des résultats. "J’ai eu des formations en vulgarisation où on m’a dit que la méthode n’intéresse pas le grand public. Mais en discutant avec les gens, je me suis rendu compte que cela intéresse les gens et donne la légitimité aux résultats que l’on avance." 

Vulgariser, un partage bénévole

C'est depuis son domicile situé dans l'Aisne qu'Élise Verrier enregistre ce podcast, sur son temps libre. Son écoute est gratuite, la démarche est totalement bénévole. Et si peu de scientifiques partagent aujourd'hui leur passion pour la recherche avec le grand public, c'est peut-être parce que cette démarche est encore peu valorisée. 

"Tout ce qui est vulgarisation ne fait pas partie de l’évaluation des chercheurs : on est plutôt évalués sur la communication à nos pairs. Si on prend le temps de le faire, c’est du temps que l’on ne prend pas pour autre chose, par exemple écrire des articles qui nous permettent d’avoir de bonnes évaluations et donc des financements, explique Élise Verrier. Mais c’est en train de changer aujourd’hui, de plus en plus de financeurs le valorisent. C’est une première étape, de faire reconnaître ce travail de vulgarisation comme une part du travail des chercheurs."

À ce manque de reconnaissance se mêle une part de crainte : "Même si je fais toutes les vérifications, j’ai peur de me tromper lorsque je donne une information, je pense que c’est quelque chose qui retient beaucoup de mes collègues. Cette peur de manquer d’exactitude ou que ce soit mal compris, cette peur de faire plus de mal que de bien à la profession.

Malgré tout, la nouvelle génération de chercheurs pourrait bien faire évoluer les choses. "J'ai grandi avec Youtube, à un moment, il y avait beaucoup de vulgarisateurs et c’était très intéressant. Notre génération a eu la chance de grandir avec ces personnes, pas forcément journalistes, qui font de la communication scientifique, alors que, peut-être, la génération d’avant se disait que c’était uniquement le travail des journalistes. Internet change tout ça" constate Élise Verrier.

Le premier épisode de Biocénose, consacré à l'ADN environnemental, est disponible gratuitement sur toutes les plateformes depuis le 22 janvier. Dans le deuxième épisode, il sera question du hérisson et de l'élaboration de la liste des espèces menacées de l'UICN, dont on entend souvent parler, mais dont on ne sait pas grand-chose de la fabrication. Une nouvelle histoire de sciences à découvrir dès le mois de février. 

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