"Ici, tout est pensé pour qu'elles se sentent à l'aise" : une Maison de santé des femmes inaugurée à Creil

Aurore Bergé, ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, a inauguré la Maison de Santé des Femmes au Groupe Hospitalier Public du Sud de l'Oise (GHPSO) à Creil. Cet espace inédit propose un accompagnement global et bienveillant aux femmes victimes de violences ou confrontées à des situations de vulnérabilité médicale et psychosociale.

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"Une Maison des Femmes, c'est un lieu où l'on entre sans être jugée, où l'on se sent en sécurité et en confiance". C'est avec ces mots qu'Aurore Bergé, ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, a inauguré la Maison de Santé des Femmes au Groupe Hospitalier Public du Sud de l'Oise (GHPSO) à Creil, première structure de ce type dans l'Oise et 99e au niveau national.

Un espace cocooning pour reconstruire sa vie

Située au 6e étage de l'hôpital, la maison se veut un havre de paix. En poussant la porte, les femmes découvrent un environnement apaisant, loin de l'ambiance souvent impersonnelle des hôpitaux. "L'espace a été conçu pour qu'elles se sentent en sécurité et à l'aise", explique Priscilla Godefroy, secrétaire médicale et agent d'accueil.

Pascal Rio, directeur du GHPSO, insiste sur la singularité de ce lieu. Son emplacement au sein de l'hôpital était une évidence : "Ce qui distingue cette maison, c’est son aspect cocooning et sécurisé. Elle est en retrait, accessible uniquement par interphone, et dispose d’un bouton d’urgence. Tout est pensé pour garantir la sérénité des patientes. La violence n'a pas d'âge, ni de limite sociale. Cet espace garantit leurs droits. Nous collaborons également avec des associations comme Carrefour de Femmes ou France Victime 60."

Les locaux se composent d'un bureau d'accueil, d'une salle de consultation médicale, d'un espace pour les prélèvements, et d'un bureau confidentiel où les entretiens individuels se déroulent en toute discrétion.

L'objectif est de restaurer l'autonomie et la dignité des femmes, pas seulement de répondre à une urgence. © Nagib Benghezala / FTV

Typhaine Moreau, sage-femme, insiste sur l'importance de l'écoute : "on reçoit des femmes souvent fragilisées par des parcours de vie difficiles, parfois marqués par des violences conjugales ou migratoires. Notre rôle est de prendre le temps, de leur offrir une approche plus humaine, en toute sérénité."

Une équipe pluridisciplinaire mobilisée

La force de la Maison de Santé réside dans son équipe dédiée. Sage-femme, psychologue, assistante sociale, gynécologue et secrétaire médicale travaillent main dans la main pour accompagner les patientes. "Certaines femmes expriment directement leurs besoins, d'autres sont plus réservées. À nous de juger, avec les psychologues et les sage-femmes, la meilleure orientation à leur proposer", souligne Priscilla Godefroy, secrétaire médicale et agent d'accueil.

Cette maison s’adresse aux femmes victimes de violences ou confrontées à des situations de vulnérabilité, qu’elles soient sociales, médicales ou psychologiques. Depuis son ouverture, 24 femmes ont été accompagnées, dont beaucoup issues de parcours migratoires marqués par des violences multiples. "Les femmes victimes n’aiment pas toujours venir en consultation. Ici, elles trouvent un espace spécifique où elles se sentent écoutées et respectées", confie Typhaine Moreau.

Des outils de sensibilisation, comme le violentomètre ou le harcèlomètre sont mis à leur disposition pour aider à reconnaître les signes de violences insidieuses. "Les violences ne commencent pas toujours par des coups, c’est un processus beaucoup plus subtil", rappelle la ministre.

La prise en charge repose sur trois axes principaux :

  • Les violences et vulnérabilités : un suivi global mêlant médical, psychologique et social.
  • La contraception et l’IVG : une prise en charge sans jugement, rapide et complète.
  • Les mutilations sexuelles : à partir de 2027, un service dédié permettra aux femmes concernées d'être accompagnées et soigner sur place.

"L’idée, c’est de leur permettre de retrouver leur autonomie. On prend le temps de les écouter, de les orienter et de gérer les démarches administratives. On ne les laisse jamais seules", poursuit Typhaine Moreau.

Un réseau en plein développement

La maison de Creil s’inscrit dans un dispositif national en pleine expansion. "Nous avons aujourd’hui 99 maisons des femmes réparties dans 80 départements. L’engagement, c’est d’en ouvrir au moins une par département, et d’aller au-delà si nécessaire", a précisé Aurore Bergé lors de son discours.

En région Hauts-de-France, quatre structures sont déjà opérationnelles : Lille, Valenciennes, Amiens et Creil. Deux nouvelles maisons ouvriront à Saint-Quentin et Arras en 2025.

"L’idée, c’est d’assurer une présence là où elle est nécessaire, tout en tenant compte des spécificités de chaque territoire. Ce que nous construisons ici, c’est un modèle qui mêle accompagnement médico-social, juridique et psychologique, avec un objectif commun : éradiquer les violences faites aux femmes", a ajouté la ministre.

Ces structures, pensées comme des plateformes de ressources, forment également les professionnels de santé et du médico-social pour mieux détecter et accompagner les victimes. "Le 3919 permet également d'accéder à ces ressources", précise la ministre. 

Elle a aussi rappelé l'importance de l'engagement citoyen : "on n'augmentera pas le son de la télé si on entend des violences chez un voisin. On appelle le 17 ou le 3919. S'en mêler, ce n'est pas intervenir directement, c'est peut-être sauver une vie."

Une mobilisation collective essentielle

Dans son intervention, Aurore Bergé a mis en avant la nécessité d’une démarche globale : "Nous avons besoin d’une alliance entre l’État, les collectivités, les associations et les citoyens pour garantir l’effectivité des droits et permettre aux femmes de s’extraire définitivement des violences."

Les partenaires locaux jouent un rôle clé dans ce dispositif. La maison de Creil collabore étroitement avec des associations comme Carrefour de Femmes, France Victime 60 et le CIDFF, mais aussi avec des services de l’hôpital comme les urgences ou l’unité médico-judiciaire.

Étape clé dans la lutte contre les violences faites aux femmes, la Maison de Santé des Femmes est une réponse concrète à un besoin urgent. Symbole d'espoir et de résilience, "c’est un lieu où l’on doit pouvoir entrer sans peur, en confiance, et se reconstruire à son rythme", résume Priscilla Godefroy.

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