La 94ème édition de la Fête des roses s'est tenue ce dimanche 4 juin 2023. Evènement incontournable en Picardie, sa popularité toujours plus importante pose la question des moyens logistiques mis en place pour assurer la sécurité des visiteurs.
La Fête des roses est-elle victime de son succès ? C'est la question se pose depuis un moment à Gerberoy, petit village isarien de 130 âmes, labellisé parmi les plus beaux villages de France. L'événement accueille chaque année, le temps d'une journée, des milliers de visiteurs.
Pour rappel, la Fête des roses de Gerberoy a été fondée en 1928 à l'initiative du peintre post-impressionniste Henri le Sidaner, installé dans cette commune en 1901. Il y a créé un jardin en terrasses et avait incité les Gerboréens à planter des fleurs devant leur habitation.
Au fil des décennies, cette fête a connu une notoriété grandissante. Mais cette popularité commence à dépasser la municipalité, qui demande plus de moyens, notamment logistiques, pour gérer l'afflux de touristes.
Plus de 9000 visiteurs attendus
"Nous avons de la chance d'avoir toujours beaucoup de monde à la Fête des roses", se réjouit le maire (SE) Pierre Chavonnet. Cette année, avec la floraison "exceptionnelle sur laquelle on a un peu communiqué" et le beau temps "prévisible", les visiteurs étaient au rendez-vous.
En temps normal, cette fête, "avec une météo normale et une floraison où on a eu déjà quelques orages", ramène entre 6000 et 7000 personnes. "Aujourd'hui, je pense qu'on peut aller jusqu'à 9000 personnes, ce qui demande une logistique très lourde", poursuit-il. Et c'est bien là que se pose le problème.
La problématique du stationnement des voitures
Accueillir autant de visiteurs implique déjà "de pouvoir accueillir les voitures". C'est pourquoi Gerberoy a deux équipes en partenariat avec la municipalité de Songeons. "On peut se garer côté Songeons et on ouvre des pâtures de stationnement avec l'association des Jeunes agriculteurs de Songeons, de l'autre côté", explique le maire. En tout, ils sont 25 à accueillir les véhicules.
Néanmoins, les places ne sont pas illimitées et les visiteurs qui arrivent plus tardivement ne peuvent plus "se garer aux abords immédiats du village" car toutes les places sont saturées, créant ainsi des situations de dangerosité.
"L'une des premières difficultés, c'est la dangerosité du stationnement aux abords". Car certains visiteurs, malgré des pieux antistationnement, se garent aux abords. "On est sur une départementale et les voitures ne peuvent plus se croiser sur une centaine de mètres", rappelle le maire.
Avec en plus, les poussettes et les enfants, "on se retrouve dans une situation de dangerosité vis-à-vis des véhicules, de dangerosité humaine. On a déjà eu des débordements entre les conducteurs", souligne Pierre Chavonnet qui dit ne pas être "organisé aujourd'hui pour gérer ce trop-plein".
"Un week-end bien chargé, c'est facilement 30 à 40 sacs poubelles"
De l'autre côté, il faut aussi s'occuper du levier sanitaire. "C'est affolant la vitesse à laquelle se remplissent les poubelles, il y a de plus en plus de tourisme", observe Didier Lancel, maire adjoint chargé de la voirie.
"Un week-end bien chargé, c'est facilement 30 à 40 sacs poubelles, c’est affolant. On se retrouve bien seuls, effectivement, donc c’est pour ça qu’on met la main à la pâte", abonde-t-il.
Ce dernier se substitue d'ailleurs à l'employé communal en repos le week-end "pour enlever les poubelles, faire la tournée, enlever tous les sacs parce que les pique-niqueurs nous laissent pas mal de déchets". Il doit aussi prendre en charge les toilettes : "nous avons mis des WC provisoires, on s'occupe du manque de papiers, des fuites, etc".
Tous ces efforts sont essentiels à ses yeux car l'image que renvoie Gerberoy est importante : "on doit recevoir au mieux", insiste-t-il.
"Nous n'avons pas de dispositif bénévole"
Il est aussi possible de visiter Gerberoy à d'autres périodes, "comme le week-end de l'Ascension, et très récemment le week-end de la Pentecôte", ajoute le maire, Pierre Chavonnet. Et même à ces moments-là, "nous avons trop de visiteurs, nous n'avons pas de dispositif bénévole pour les accueillir durant ces week-ends de grande affluence, on est tout à fait dans l'embarras parce qu'on est assez démunis".
La commune de Gerberoy, "c'est un employé communal qui ne travaille pas le week-end, donc mes adjoints et mon conseil municipal sont obligés de se suppléer au travail que ferait normalement des services techniques dans une municiplalité plus grande". C'est le cas, comme évoqué plus tôt, de Didier Lancel.
Depuis quelques années déjà, Pierre Chavonnet interpelle la Communauté de communes de la Picardie Verte, "qui est un partenaire formidable, avec qui on fait beaucoup de choses sur le plan touristique" sur l'affluence, et les besoins humains et logistiques qui vont avec. La municipalité demande "quelques week-ends par an, une aide humaine, c'est-à-dire des saisonniers" pour réguler la forte affluence.
La municipalité n'a pas les moyens d'en embaucher car "il ne faut pas oublier qu'on est une municipalité de 130 habitants avec les finances qui vont avec, avec un très lourd patrimoine à entretenir". Le budget annuel s'élève à 140 000 euros "et aujourd'hui on est à la corde, on ne peut pas absorber des dépenses complémentaires", conclut-il.
Avec Camille Di Crescenzo / FTV