Manifestation atypique ce vendredi 24 janvier à Ons-en Bray dans l'Oise. Des agriculteurs de la Coordination rurale se sont réunis devant le domicile du porte-parole de l'association Générations Futures. En cause ? La diffusion par l'association environnementale d'une carte interactive de substances et pesticides achetés, et donc potentiellement utilisés, dans les différents départements français en 2022.
Ils sont arrivés en tracteurs, munis de leurs drapeaux, dans une rue de Ons-en-Bray dans l'Oise, bien décidés à s'expliquer. Une quinzaine d'agriculteurs de la Coordination rurale ont mené une action "coup de poing" ce vendredi 24 janvier en manifestant devant le domicile du porte-parole de l'association environnementale Générations futures.
Un dialogue de sourds
Une scène incongrue se déroule alors. Les agriculteurs, devant le domicile, "échangent" avec le porte-parole de l'association François Veillerette et ses quelques membres, par la fenêtre. S'engage ensuite un dialogue de sourds, constate Patrick Legras porte-parole de la Coordination rurale : "Il n'y a pas de possibilité de discussion, vous avez vu et ça, ça ne peut pas continuer, on ne peut pas continuer à se faire taper dessus par les ONG, par le gouvernement, par l'Europe, et de se laisser crever comme ça gratuitement".
Ce que reproche la Coordination rurale à l'ONG Générations futures, c'est une carte Géophyto publiée il y a dix jours par l'organisation. Elle montre les substances et pesticides achetés, et donc potentiellement utilisés, dans les différents départements français en 2022. Parmi les 100 départements, l'Oise se trouve être le 13ᵉ plus grand acheteur.
Pour Sophie Lénaerts, agricultrice dans l'Oise et vice-présidente de la Coordination Rurale, cette carte n'a pas lieu d'être : "Vous êtes dans une zone de production, donc c'est normal que là où on produise il y ait des matières premières qui sont nécessaires pour produire (...) si vous nous empêchez de produire, ça va venir d'ailleurs parce que les industriels manquent de matières premières", s'indigne-t-elle.
Deux logiques qui s'opposent
Si François Veillerette, porte-parole Générations Futures, accepte la discussion depuis sa fenêtre, il ne partage pas le même avis des agriculteurs de la Coordination rurale.
"Aujourd'hui, on a l’impression que les normes, c’est le truc qu’il faut abattre et que la crise agricole vient des normes environnementales, mais c'est une vaste plaisanterie, la crise agricole, elle vient bien sûr d'autres choses, des problèmes du marché, des problèmes de surproduction etc...", confie-t-il au micro de notre équipe.
Alors que le syndicat d'agriculteurs se bat contre les normes européennes, il faudrait, selon l'association environnementale, plutôt "changer les pratiques pour, à la fois rémunérer les agriculteurs, mais aussi protéger l’environnement, protéger la santé publique."
Après une heure et demie de "discussion", les agriculteurs repartent avec leurs tracteurs, non sans avoir laissé une petite trace de leur passage devant le domicile du porte-parole : "BIODIESEL" inscrit en bombe fluorescente, dirigé vers la voiture garée devant le domicile et une signature "CR HDF".
Avec Guillaume Perrot / FTV