L'insertion par le sport, c'est l'objectif de l'académie de boxe Alain Marion, créée en 2017 à Nogent-sur-Oise. L'association prend en charge des jeunes issus des deux quartiers prioritaires de la ville pour renouer avec les études et l'emploi.
Dix-sept jeunes sont accompagnés par l'académie de boxe Alain Marion afin de trouver une formation, du travail ou encore passer leur permis. Ce dispositif, expérimental à l'origine, veut se pérenniser pour aider le plus grand nombre à trouver sa voie.
Ce travail "de longue haleine" est possible, entre autres, grâce à Jean-Claude Larbi, son fondateur, Zouhair Belghami, l'entraîneur, et la municipalité. "On doit leur réapprendre des fondamentaux de la vie quotidienne, explique Jean-Claude Larbi. On a eu cette démarche, au départ, de commencer à 11h et, progressivement, on les a amenés à 10h puis 9h pour arriver au marché de l'emploi, pour qu'ils se lèvent de bonne heure".
Rédaction des CV, entretiens individuels...
Les personnes inscrites dans le dispositif de réinsertion se font aider par la rédaction des CV, mais aussi par des entretiens individuels. "On leur demande leurs attentes et en fonction, on les oriente. On les accompagne même sur les formations. Ils vont voir et une fois qu'ils ont vu, ils prennent une décision. On leur dit : « Nous, on a pris un engagement, vous devez aussi le faire ». Ça marche très bien", détaille le fondateur.
S'entraîner à la salle le soir, c'est le temps fort de leur journée qui leur permet de décompresser. "C'est une récompense même", précise Jean-Claude Larbi. En effet, l'académie prend en charge gratuitement leur licence.
De son côté, Zouhair Belghami constate que les jeunes sont "contents de venir le matin". Il note également une "bonne ambiance" et une "bonne cohésion", bien que certains d'entre eux n'aient pas l'habitude d'être encadrés. "Il faut les aider à développer du savoir-être, qui est très recherché au niveau des entreprises. C'est ça qui est bien avec la boxe, on a un club de boxe, mais on ne fait pas seulement de la boxe".
Ce sport permet de développer plusieurs notions, selon l'entraîneur : la maîtrise de soi, la gestion du stress, le travail en binôme ou en équipe, et la communication.
Les jeunes, comment on les a eus ? On a mis en place des rings mobiles, on les a captés, on leur a dit : "Voilà, venez à la salle, essayez, après on en discute". On va vers eux et ensuite, ils viennent vers nous.
Jean-Claude Larbi, fondateur de l'académie de boxe
"On peut dire qu'ils m'ont sauvé"
Avant d'intégrer le club de boxe, Nathan était déscolarisé. Il souhaitait passer son permis, mais n'avait pas les moyens pour le faire. Depuis qu'il a rejoint le dispositif, son quotidien s'est amélioré. "Je suis fier de ce club, sans mentir, je les considère comme ma famille, ils m'ont aidé, ne m'ont jamais dit quoi que ce soit de mal et m'ont toujours soutenu", détaille-t-il.
Grâce à eux, il a pu passer son permis, avoir une voiture et une nouvelle formation. "Je n'avais pas de routine, c'est grâce à eux que j'ai retrouvé le quotidien d'une personne de mon âge. J'étais déscolarisé, je traînais dehors et ils m'ont dit : « Viens avec nous ». On peut dire qu'ils m'ont sauvé".
De son côté, Madinatou, qui a terminé son service civique, voulait avoir une routine : se lever le matin, ne pas "trop" dormir pour "garder une activité régulière". En plus de la boxe qui lui permet de relâcher la pression, elle travaille régulièrement avec Zouhair Belghami sur son projet professionnel. "Ce qui est bien, c'est qu'il nous dit ce qu'il y a dans la zone : les salons, les réunions d'information, il nous aide avec Pôle Emploi (désormais France Travail) et toutes les démarches administratives".
Au-delà de les aider à s'insérer (ou se réinsérer) dans le marché de l'emploi, le dispositif permet aux plus timides de s'ouvrir. C'est le cas de Mike. "Je suis quelqu'un de très renfermé à la base, ça m'a permis d'être plus ouvert aux gens, de m'exprimer plus clairement" mais aussi "de m'ouvrir à d'autres tranches d'âge". Dorénavant, le jeune homme "aime être au contact des gens" et apporter sa "joie de vivre".
Pérenniser le dispositif
À l’origine, cette initiative est un dispositif expérimental de l'État qui s'est achevé en juin dernier. L'académie a pris le relais en rémunérant Zouhair Belghami pour ne pas laisser tomber les jeunes, d'autant plus que les résultats étaient probants. Sur les 22 bénéficiaires de l'année 2023-2024, 82% ont eu une "sortie positive" en trouvant une formation diplômante avec une garantie d'emploi à la fin. Certains ont aussi trouvé du travail grâce au réseau de l'association.
"Courant janvier", c'est la mairie de Nogent-sur-Oise qui devrait recruter l'entraîneur pour lui permettre de poursuivre ce travail indispensable d'accompagnement et de réinsertion des jeunes à qui ils souhaitent insuffler de l'ambition. "On leur dit qu'ils doivent cultiver de l'ambition. La difficulté, c'est qu'ils se réfèrent toujours à Mbappé, mais c'est comme au loto, c'est une chance sur un million", note Jean-Claude Larbi.
"On insiste sur les études en leur disant : « Demain, la seule parole que vous aurez, c'est 'si j'avais su', et quand on le dit, il est déjà trop tard. Il faut agir maintenant, n'attendez pas »", conclut-il.