Grâce à un partenariat entre l'Office national des forêts et le Secours populaire français, 1 000 kg de viande de gibier cuisinée ont été distribuées à 1 250 familles. Cette action n'est pas unique et sera amenée à se renouveler à l'avenir.
Le partenariat entre l'Office national des forêts et le Secours populaire français se poursuit. Il a permis, vendredi 6 décembre, à Nogent-sur-Oise, la remise de 1 000 kg de viande de gibier cuisinée en provenance des forêts domaniales.
Il s'agit de repas à base de venaison de sanglier ou encore de cervidé qui ont été distribués à 1 250 familles de quatre personnes, soit 5 000 repas individuels. Dans l'Oise, cette distribution "provient d'actions de chasse à tir de la forêt domaniale de Compiègne par les membres de l'association GICAST, locataires et partenaires de l'équilibre forêt-gibier de l'ONF".
Une bonne idée qui se transforme en bonne action
Comment est né le partenariat entre le Secours populaire et l'ONF ? "C'est l'histoire d'une bonne idée qui remonte à deux ans, explique Jean-Yves Caullet, président du conseil d'administration de l'office. J'ai rencontré David Ermacora qui a une expérience professionnelle importante, notamment dans la filière viande, qui est aussi chasseur et travaille pour le Secours populaire". C'est lui qui a proposé l'idée de ces distributions.
Il aura fallu deux ans pour que "cette bonne idée se transforme en bonne action". En effet, la mobilisation des services de l'ONF, des acteurs de terrain, des chasseurs ou encore des professionnels est essentielle "pour que la viande soit récoltée, travaillée, préparée, surgelée, présentée". Et surtout, "il a fallu trouver le moyen pour que tout cela soit financé sans qu'il y ait de sortie d'argent".
Tout ceci passe donc par le prestataire principal qui conditionne les produits, "travaille les carcasses", et se rémunère "sur la matière" : il garde pour lui une partie qu'il commercialise sur circuit classique et donne l'autre au secours populaire.
Ce n’est pas un produit qu’on donne parce qu’il n’a pas de valeur, c’est un produit noble, parce qu'on a réussi à financer son conditionnement.
Jean-Yves Caullet, président du conseil d'administration de l'ONF
"Ce n'est pas une action unique"
Jean-Yves Caullet note qu'il ne s'agit pas d'une action unique, celle-ci est amenée à se renouveler "à la fois territorialement" puisqu’une opération similaire se déroulera à Clermont-Ferrand, "et bien évidemment en fonction de la récolte".
Les barquettes distribuées sont constituées de 800 g de viande pour quatre personnes "parce que 200 g de viande fraîche, c'est 150 g une fois cuite". Les morceaux sont coupés en dés "car la viande coupée se cuit plus facilement, et comme on le donne à des familles qui n'ont pas de moyens de cuisson très performants, le fait de présenter un produit découpé en dés permet de s'assurer que la cuisson sera bien faite. Pour avoir assisté à la distribution, c'est très apprécié".
Le président de l'ONF voit dans cette distribution une action symbolique et mobilise le personnage de Robin des Bois pour l'illustrer. "Il prélevait du gibier de la forêt de Sherwood pour nourrir les pauvres, ce qui était interdit puisque la viande de venaison était réservée aux seigneurs". À travers cette action, "on rend accessible la viande des rois à tout le monde, même ceux qui n'avaient pas les moyens".
Aussi, il s'agit d'une "action très moderne" puisque les familles ont affaire à un produit "de qualité organoleptique et nutritif de façon exceptionnelle". En effet, la viande de gibier, bien que riche, n'est pas grasse. Son empreinte carbone se réduit "à celle du transport et du conditionnement".
Autre bénéfice d'une telle distribution : la viande de gibier n'est pas gaspillée. Les forêts sont aujourd'hui "surpeuplées de gros animaux", comme le sanglier, qui n'est pas le seul à provoquer des dégâts qui empêchent la régénération naturelle à certains endroits. Les cervidés sont aussi concernés. "Ne pas les manger, c'est du gâchis, et la lutte contre le gâchis alimentaire est un thème très moderne".
Liberté, égalité, fraternité ?
Jean-Yves Caullet relie cette action à la devise de la République. D'abord, la liberté, "puisqu'on n'oblige personne à en prendre". Ensuite vient l'égalité : "c'est un produit noble, tout le monde est loin d'y avoir accès pour des raisons de prix et de disponibilité. Le fait de permettre aux gens qui n'ont pas les moyens d'en profiter est un petit pas vers l'égalité".
Enfin, la fraternité. Il faut plusieurs bénévoles et des chasseurs qui sont prêts à donner leur carcasse au personnel de l'ONF qui va s'organiser avant de les distribuer par le biais du Secours populaire.
La distribution alimentaire n'est d'ailleurs pas le seul volet de ce partenariat. L'accord est plus large et permet aux enfants de découvrir la forêt. "Et les enfants un peu plus grands peuvent découvrir des métiers de la forêt", ce qui peut créer des vocations et débouchés, dans certains cas, à des stages. "Évidemment, quand vous emmenez un groupe de trente personnes, vous ne recrutez pas trente apprentis, c'est une action de sensibilisation, mais peut-être que des vocations vont naître".
En somme, l'ONF et le Secours populaire ont à cœur de faire découvrir aux jeunes leur environnement direct à travers des visites, car certains Isariens n'ont jamais mis les pieds dans une forêt domaniale. Mais aussi à travers les assiettes, au plus grand nombre cette fois-ci.