La Ville d'Arras vient de voter à l'unanimité le maintien de la rémunération des jeunes mamans salariées pendant qu'elles tirent leur lait. Une mesure qui va au-delà du droit du travail.
Être une jeune maman peut vite devenir un casse-tête quand on reprend le travail. A fortiori quand on poursuit l'allaitement. À Arras, la mairie a décidé de simplifier la vie des nouvelles mères.
Ce lundi 9 décembre 2024, le Conseil municipal a voté le maintien de la rémunération de ses agentes pendant qu’elles tirent leur lait sur le lieu de travail. Chaque jour, elles pourront bénéficier d'une heure pour prélever le précieux liquide et cela sur leur temps officiel de travail.
"Tendre vers l'égalité entre les femmes et les hommes"
Cela vous surprend peut-être, mais la mesure n'est pas si évidente dans le droit français. Le cadre légal prévoit en effet deux périodes de trente minutes. Deux périodes qui peuvent être réduites quand l'employeur met à disposition un local. Théo Lobry est conseiller municipal délégué à l'Egalité des chances, à la diversité et à la laïcité. Il ne cache pas son étonnement quand il a commencé à travailler sur le sujet : "On s'est rendu compte que c'était un temps qui n'était pas rémunéré. Tirer son lait était considéré comme un temps de pause. Pour nous, c'était une injustice".
Pour la Ville d'Arras, il s'agit surtout de favoriser les conditions d’une parentalité épanouie. "Quand un enfant arrive, beaucoup de choses se jouent pour le couple et pour le bébé qui se construit", poursuit l'élu. Les 1000 premiers jours sont déterminants. "La mère est souvent celle qui se retrouve près de l'enfant. Cette mesure, c'est aussi une façon de déconstruire des préjugés sur la parentalité".
L'allaitement est un enjeu de santé publique. L'organisation mondiale de la santé le recommande jusqu’aux 6 mois de l’enfant. À Arras, un espace spécifique sera par ailleurs mis à disposition. Les jeunes mamans pourront fermer la porte à clef pour garantir un maximum d'intimité. Un réfrigérateur sera installé pour le stockage du lait.
Une valeur d'exemplarité
À la Ville d'Arras, la demande est d'abord venue d'une agente, puis d'une deuxième. Pas foule, mais suffisamment pour pousser les élus à la réflexion. La mesure a été votée à l'unanimité pour faciliter la reprise de l’activité professionnelle des allaitantes. "Je pense que sur des sujets comme ceux-là on doit pouvoir dépasser les clivages. On peut tous êtres concernés".
Ce n'est pas la première fois que la ville d'Arras s'engage ainsi. En décembre 2023, un congé menstruel avait déjà été voté. Aussitôt suivi d'un congé parental en février 2024. Des étapes indispensables pour "tendre vers l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes", selon Théo Lobry. "Il y a aussi une dimension d'exemplarité pour d'autres employeurs. On prend différentes initiatives en ce sens".
La Ville réfléchit désormais à d'autres mesures permettant aux salariés de mieux équilibrer vie professionnelle et personnelle. Nouvel horizon de réflexion pour l'année 2025 : soutenir les agents qui soutiennent un proche souffrant. "C'est un sujet qui monte dans la société et qu'il est temps de valoriser à sa juste place", conclut Théo Lobry.