Deux détenus de la maison d'arrêt de Béthune ont reconnu avoir filmé et pris en photo plusieurs surveillants de l'établissement, à leur insu. Ils ont été sanctionnés en commission de discipline, et pourraient faire l'objet de poursuites judiciaires.
Deux détenus de la maison d'arrêt de Béthune ont été sanctionnés ce vendredi matin par une commission de discipline, lors de laquelle ils ont reconnu avoir filmé et pris en photo des surveillants de l'établissement, à leur insu. L'auteur de ces images volées a écopé de 20 jours de placement en quartier disciplinaire, et 10 jours ont été prononcés à l'encontre de son co-détenu, qui apparaît sur certains de ces clichés. Une affaire révélée par nos confrères de La Voix du Nord.
Ces images publiées sur les réseaux sociaux avaient été repérées par des agents pénitentiataires de Valenciennes, qui ont alertéfin décembre à leurs collègues de Béthune.
"Inquiétant"
Les surveillants de la maison d'arrêt de Béhune étaient filmés ou pris en photo lorsqu'ils se trouvaient à l'entrée d'une cellule. Sur un des clichés saisis, deux détenus posent cagoulés, brandissant un doigt d'honneur. Ils ont pu être identifiés par le personnel, qui a reconnu le lieu précis où étaient prises ces images. "La photo a été prise à l'entrée de la porte de la cellule, on a pu trouver certains détails qui ont permis de l'identifier. Le 24 décembre au matin, elle a été fouillée complètement", rapporte Thierry Turlure, secrétaire FO pénitentiaire de l'établissement.Lors de cette fouille, un des détenus a précisé que son téléphone avait déjà été saisi plusieurs jours auparavant. Néanmoins, deux chargeurs et du cannabis ont tout de même été découverts. Jusque là, une seule photo avait été repérée sur Facebook. Une surveillante apparaissait sur ce cliché, dont la légende était clairement à caractère sexuel.
Neuf plaintes
Au total, neuf agents pénitentiaires de la maison d'arrêt de Béthune ont déposé plainte dans le cadre de cette affaire. Le procureur de la république a été saisi et une enquête de police a été ouverte.En interne, les deux co-détenus sont passés ce vendredi matin en commission de discipline. L'auteur principal des images âgé de 39 ans, et qui attend son procès pour meurtre, a écopé de 20 jours de quartier disciplinaire ("mitard"). Son complice y purgera lui une peine de 10 jours. "Il y aura également des retraits de réduction de peine", selon Alain Jégo, directeur interrégional (Hauts-de-France) de l'administration pénitentiaire.
Trop de portables dans les prisons
"Malheureusement cela arrive trop souvent aujourd'hui, c'est inacceptable. On ne peut pas continuer à rester avec ce problème parce que cela remet en cause la sécurité des agents et des établissements pénitentiaires", poursuit le patron des prisons dans la région, tout en reconnaissant "que c'est compliqué de lutter contre cela". "La majorité de ces téléphones proviennent de projections par-dessus les murs d'enceinte, et des parloirs. Et il n'y a pas forcément de contrôle intégral à l'issue de tous les parloirs.", précise Alain Jégo.De son côté, FO pénitentiaire réclame une fouille générale de la maison d'arrêt de Béthune à la suite de cette affaire. Mais selon la direction de l'administration, "les fouilles générales sont totalement improductives, dans la mesure où quand vous commencez à fouiller les quatre premières cellules, le reste de la prison est au courant et les objets interdits sont immédiatement jetés".
Le syndicat souhaite également une opération de police aux parloirs. Des interventions de ce type sont réalisées quatre à cinq fois par an dans les prisons, sous la responsabilité du procureur de la république.
Au premier semestre 2017, 19339 téléphones portables ont été découverts dans les prisons françaises. Prochainement, toutes les cellules (hors quartiers disciplinaires) seront équipées d'un téléphone fixe. Aujourd'hui les cabines téléphoniques se trouvent dans les coursives, et sont trop peu nombreuses pour des détenus qui ne sortent plus de leur cellule après 18h30. "Cela va tendre à abaisser sensiblement le nombre de portables en détention, mais ce n'est effectivement pas une réponse suffisante", conclut M. Jégo.
L'amélioration du brouillage des réseaux GSM est également une priorité de l'administration pénitentiaire. Il est manifestement inefficace jusqu'à présent.