Etendue sur 65 hectares et employant jusqu'à 250 salariés, la sucrerie Tereos est en pleine activité en ce mois de janvier. Que de chemin parcouru depuis la petite coopérative créée il y a un siècle.
Un monstre d'acier surgit du brouillard. Des bâtiments démesurés, hors d'age, tel un décor de film, sur près de 65 hectares. Bienvenue à la sucrerie de Lillers. Ces bâtiments accueillent les différentes phases de l'exploitation de betteraves. Dans le froid de ce mois de janvier, le site s'apprête à terminer sa 100ᵉ campagne sucrière. Un anniversaire pas comme les autres pour ce qui n'était à la base qu'une petite coopérative.
Le directeur du site Rémy Santonja fait un tour d’horizon. Juste à l'entrée du site se côtoient des montagnes de betteraves, à perte de vue dans cette matinée brumeuse. " Vous avez devant vous près de 50 000 tonnes. Ce stock sera écoulé en trois jours. Cette campagne est moyenne, il y a eu peu de soleil cette année. Cela signifie moins de richesse en sucre, cependant le poids racine est satisfaisant". C'est la période de pleine activité de l'établissement avant de passer en "intercampagne" dès février.
2200 cultivateurs fournissent la sucrerie
Sur la chaussée attenante, c'est un ballet de 800 semi-remorques qui se succèdent chaque jour. Ils viennent de tout le Nord-Pas-de-Calais ou presque pour apporter les légumes. En tout 2200 planteurs fournissent Lillers.
C'est un processus complexe et précis qui permet d'aboutir à la cristallisation du sucre. Du bain des betteraves dans l'eau chaude sera tiré un sirop qui lui-même donnera le sucre.
Tout est surveillé depuis une salle des machines où cinq personnes scrutent un mur d'écrans. Sur l'un d'entre eux, une vue de microscope placé dans une cuve laisse apparaître des cristaux naissants de sucre dans le mélange en train de chauffer à haute température.
" Le site compte aujourd'hui près de 250 personnes durant les périodes de grande activité.
À l'année, ce sont près de 170 personnes qui y travaillent, notamment pour produire une sorte de sirop tiré des betteraves servant à donner de l'alcool. D'après une étude, 2000 emplois sont induits par l'usine. Le process n'a pas trop évolué depuis le début, mais forcément, il s'est modernisé, automatisé et donc il y a moins d'emplois qu'à une époque" explique le directeur avant d'ajouter : "Le défi majeur de la sucrerie est la décarbonation et la consommation énergétique."
Deux cheminées saillantes viennent de voir le jour au sein du site "ce sont les cheminées de notre nouvelle centrale au gaz. Jusqu'en 2019, nous fonctionnions toujours au charbon.
Ce changement a permis de diviser par deux l'empreinte carbone. On va investir 100 millions d'euros sur le site dans les 10 prochaines années pour nous moderniser et moins consommer d'énergie. Le site va être électrifié."
Si certaines sucreries comme Escaudeuvres près de Cambrai ont fermé, Rémy Santonja l'assure, "le site a de l'avenir, il est fiable et nous disposons de beaucoup de fournisseurs."
À la fin du processus de cristallisation, l'or blanc des Hauts-de-France descend des cuves.1200 tonnes de sucres sont produites chaque jour de campagne. Celle-ci démarre en même temps que la récolte des betteraves en septembre et va bientôt s'achever.
Ce sucre produit "en vrac" sera vendu principalement aux entreprises agroalimentaires et aux artisans de la région.