Nickel, cobalt, lithium, manganèse : recyclage des métaux critiques des batteries, une usine bientôt sur l'ancien site Bridgestone à Béthune

C’est un des défis les plus importants du passage aux véhicules électriques. Le recyclage des batteries et métaux critiques qu’elles contiennent : lithium, cobalt, manganèse ou nickel. Une start-up lyonnaise a développé un procédé pour les extraire de façon écologique. La production devrait se faire sur le site de l’ancienne usine Bridgestone de Béthune (Pas-de-Calais). Les métaux ainsi extraits pourront être utilisés dans la fabrication de nouvelles batteries.

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Les premiers salariés prennent leurs marques dans l’ancienne usine de pneus Bridgestone à Béthune (Pas-de-Calais). Ils sont là pour développer le projet pilote de l'entreprise Mecaware avant la mise en œuvre industrielle. Ce projet, baptisé SEPAR8, s’inscrit dans la "Vallée européenne de la Batterie", qui vise à renforcer la filière des technologies durables en Europe.

Un écosystème de la batterie

Pour le président de la start-up lyonnaise Mecaware, Arnaud Villers d'Arbouet : "Il y a dans le Nord-Pas-de-Calais une organisation industrielle pertinente pour le déploiement du recyclage des batteries, un écosystème cohérent".

En clair, quatre méga-usines dédiées à la fabrication de batteries électriques sont en cours d'installation entre Dunkerque et le bassin minier. Et puis, s’implanter à Béthune plaît au dirigeant de Mecaware : "c’est un site existant, il y aura zéro artificialisation des sols et puis on gagne du temps sur le développement industriel".

Le site de l'ancienne usine Bridgestone accueillera bientôt des chaînes de recyclage de batteries. © Mecaware

À Béthune, ce sont des batteries en fin de vie qui seront valorisées. La start-up a réservé 27 000 m² à terme. "Les métaux recyclés pourront être ensuite réintroduits dans la fabrication de nouvelles batteries dans la Battery Valley et ainsi contribuer à la réussite d’une nouvelle filière industrielle dans une logique d’économie circulaire", écrit Mecaware dans un communiqué de presse.

Mecaware investira prochainement les anciens locaux de Bridgestone à Béthune. © Mecaware

Certaines partiront en seconde main, les autres subiront un démontage, un broyage et un traitement mécanique. Seront récupérés alors aluminium, cuivre, polymères et électrolyte (le liquide contenu dans les cellules) puis la "black mass", une poudre qui contient des alliages de métaux. Séparés, ils retourneront dans la fabrication des cathodes des batteries.

La mise en service de l’usine est prévue début 2026. Dans un premier temps, elle recyclera les rebus de productions. En attendant que les batteries à recycler arrivent en fin de vie. Une centaine de personnes devraient alors y travailler et produire 8000 tonnes par an de métaux critiques. L’installation représente un espoir de redynamisation pour Béthune, en valorisant un site industriel emblématique.

Un projet innovant à Béthune

Le 30 décembre 2024, les dirigeants de Mecaware ont signé le bail permettant leur implantation dans le Pas-de-Calais. "L'installation de notre unité semi-industrielle à Béthune est une étape importante pour répondre aux enjeux de souveraineté et de durabilité liés à la gestion des métaux stratégiques. Ce projet reflète notre ambition de bâtir une économie circulaire innovante tout en affirmant notre engagement dans la dynamisation de l’industrie européenne de la batterie. Nous sommes impatients de concrétiser cette première unité semi-industrielle d’ici fin 2025, pour faire de ce site un levier de transition écologique et industrielle, créateur de valeur et d’emplois", se réjouit Arnaud Villers d’Arbouet, cofondateur et CEO de Mecaware.

L'atelier de production de batteries de Sevelnord à Hordain (Nord). © FTV

Pour le maire de Béthune, Olivier Gacquerre, cette création d'usine est forcément une bonne nouvelle. Il affirme : "Le développement de Mecaware s’inscrit pleinement dans la dynamique industrielle et écologique de notre territoire et contribue à renforcer notre notoriété autour de la vallée de l’électrique. Ce projet consolide également notre positionnement stratégique au cœur de l’Europe, tout en créant des emplois et en valorisant les savoir-faire locaux. Il illustre notre volonté de développer une économie durable et compétitive". 

"Une nouvelle chimie", nouvelle filière technologique

Mecaware est la contraction de "Metal and carbon waste recyclying", ce qui signifie "recyclage des déchets métalliques et carbonés".

Des batteries à recycler, en test pour l'usine Mecaware. © MTB

Dès sa création en décembre 2020, la start-up Mecaware s’est positionnée sur ce créneau. "On est les seuls à développer une nouvelle chimie, plus économique et plus écologique", explique Arnaud Villers d'Arbouet. Une technologie de recyclage qui se base "sur le captage de CO₂ et permet d’extraire plusieurs métaux comme le nickel, le cobalt, le manganèse, le cuivre et le lithium. L’extraction se fait en circuit fermé, sans intrants, sans production d’effluents et à pression et température ambiante, ce qui permet une faible consommation d’énergie".

Le CO₂ utilisé au cours du processus sera issu des fumées des usines situées à proximité.

Unique au monde, le procédé chimique utilisé par Mecaware est issu de la recherche publique française : il a été mis au point par le Professeur Julien Leclaire du Laboratoire Chimie Supramoléculaire Appliquée de Lyon. Les différentes innovations sont protégées par des brevets détenus par les universités de Lyon 1 et Aix-Marseille, le CNRS et l’Ecole Centrale de Marseille.

Une question de souveraineté industrielle

Pour le président et cofondateur de Mecaware : "L’enjeu, c’est la souveraineté sur la matière première, les métaux critiques et de réduire la dépendance économique vis-à-vis de la Chine et de l‘Asie. C’est géopolitique et stratégique", explique Arnaud Villers d’Arbouet.

L'atelier de production de batteries de Sevelnord à Hordain (Nord). © FTV

Chaque gramme de lithium, de cobalt, de manganèse ou de nickel que Mecaware remettra sur le marché sous forme de sels métalliques purifiés est un gramme qui ne sera pas importé de l’étranger. "Les industriels européens n’ont pas accès à ces matières premières qui viennent souvent d’Asie", affirme Arnaud Villers d’Arbouet, dans un entretien à l'AFP,  avant de poursuivre  : "La dépendance des pays européens concernant les matières premières entrant dans la fabrication de batteries peut atteindre 98%".

L'atelier de production de batteries de Sevelnord à Hordain (Nord). © FTV

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) craint d’ailleurs des "tensions" dans l'approvisionnement mondial en minerais et métaux critiques.

Un soutien des pouvoirs publics

En décembre 2023, avec ses partenaires, Mecaware a décroché 6 millions d'euros de subventions via le "Fonds européen de transition juste", un budget de 17,5 milliards d'euros au niveau européen, dont 228 millions gérés par la région Hauts-de-France.

Ce fonds a pour vocation de donner aux régions industrielles fortement émettrices de CO2 les moyens de rester dans la course industrielle tout en décarbonant.

Mecaware a aussi obtenu un financement de 22 millions d’euros dans le cadre du plan France 2030 dans l’esprit de pallier la dépendance vis-à-vis des batteries chinoises, alors que l'Europe veut interdire les véhicules thermiques d'ici à 2035.

Comment fonctionne une batterie électrique - Renault

Une deuxième usine à Dunkerque

Si tout va bien, en 2029, une seconde usine sera adossée au site de la start-up française Verkor, une des gigafactories en construction, à Dunkerque. Là, il sera question de recycler des rebuts de production de l’usine qui commencera à produire à l'été 2025, essentiellement pour Renault.

À long terme, Mecaware envisage d’implanter des unités de recyclage partout en Europe où se créeront des gigafactories de batteries. Reste à passer du modèle de la start-up à l’industrie efficiente.

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