Dans le quartier de Capécure, une immense bâtisse datant des années 60 accueille la plus grande fabrique de glace en France. Ici, des tonnes de paillettes de glace sont vendues en vrac aux professionnels du territoire. Une activité essentielle pour toute la filière pêche.
C'est une cascade gelée qui débute chaque jour au petit matin. Une distribution en vrac interrompue de paillettes de glace, qui sont fabriquées dans ce bâtiment de Nordfrigo, haut comme un immeuble de 5 étages, installé en plein cœur du port de Boulogne sur mer.
On y produit une tonne de glace à la minute, comme tombée du ciel. "Ici, tout fonctionne par gravitation" explique Steven Derepper, responsable d'exploitation. "L’eau arrive tout en haut de l’immeuble, elle va ensuite ruisseler sur les parois froides des silos. C’est une installation frigorifique classique qui fonctionne grâce aux générateurs qui vont faire aussi tourner la fraise mécanique de chaque silo, qui va décoller la glace des parois, qui va, elle, tomber au fond de la cuve puis dans les tubes pour arriver à la distribution."
8 générateurs installés en 1962, qui congèlent l’eau à moins 25 degrés. Des générateurs qui tournent sans s’arrêter depuis plus de 60 ans : "On a la chance de ne jamais avoir renvoyé un seul client par manque de glace" précise fièrement, Steven. "C’est une machinerie extraordinaire qui grâce à un entretien journalier tourne comme une horloge, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 !"
Une production de 50 tonnes par jour, vendue pour un peu plus de 70 euros la tonne aux professionnels : mareyeurs, fileteurs, industriels de la transformation ou poissonniers, tous se donnent rendez-vous ici, à la glacière, tous les matins. Chaque jour, ce sont des millions de sacs et de bacs qui se remplissent : "ce ne sont pas des glaçons, mais une glace en forme de paillettes ou d’écaille" précise Steven, "C’est plus attrayant sur les étals et surtout ça n’abîme pas le poisson ! "
20 000 tonnes de glace produites annuellement
80 % de la glace utilisée au port de Boulogne-sur-Mer est fabriquée ici. "Si on devait s’arrêter ... une grande partie de Capécure s'arrête " indique Fabien Derepper, Responsable commercial.
"Notre glace se vend dans toute la France. On expédie sur Rungis, sur Paris, sur la France entière et on livre aussi directement les bateaux en remplissant leur cale."
Si on devait s’arrêter, une grande partie de Capécure s'arrête
Fabien Derepper, Responsable commercial
Il est loin le temps où il fallait directement se servir sur les montagnes et les lacs gelés pour obtenir une glace destinée à une poignée de riches bourgeois.
Loin aussi le temps où pour conserver le poisson, les marins pêcheurs embarquaient des tonnes de sel, indispensables à la conservation des harengs et autres poissons pêchés loin de nos côtes.
Depuis son origine, c’est Norfrigo, spécialiste du stockage de produits surgelés qui exploite cette glacière boulonnaise. Conscient des enjeux écologiques et économiques, lucide, aussi, sur la difficulté de trouver facilement des pièces pour ces générateurs de 1960, Norfrigo construit une nouvelle glacière, moins gourmande en eau, en électricité, elle verra le jour l’année prochaine. Un investissement de 30 millions.
En attendant, la production de glace écaille continue plus que jamais avec la saison des fêtes de fin d’année qui s’annoncent, même si, ici, la glace tombe du ciel toute l’année.