Abattement, perte d’appétit, fièvre, paralysie, avortement, mort. La rhinopneumonie peut terrasser un cheval en quelques jours. Face à ce fléau, les amateurs et les professionnels du Boulonnais sont extrêmement vigilants et mettent en place un protocole sanitaire drastique.
À Alquines, petit village du Boulonnais, Isabelle Darras vaccine Prince. Un beau cheval blanc de 30 ans. Pensionnaire des Écuries du Mont Addor, comme 40 autres équidés, il est longuement osculté par Isabelle, vétérinaire, spécialiste des chevaux et sentinelle du réseau VigiRESPE - réseau d’épidémio-surveillance en Pathologie Équine - qui guette les moindres signes de cette maladie extrêmement contagieuse : la rhinopneumonie.
"C’est une maladie qui, comme tous les virus circule à bas bruit. On la détecte grâce à la température, en regardant le cheval qui ne va pas bien, qui n'a pas d'appétit. On écoute sa respiration. Il faut être très vigilant."
Une petite piqûre pour protéger Prince de cette infection causée par le virus de l’herpès équin. Inoffensif pour l’homme, ce virus est très contagieux chez les chevaux, notamment par les muqueuses. "Les chevaux l'attrapent par aérosol, si un cheval tousse à côté d'un autre par exemple. Mais aussi par les liquides."
En cas de contagion, il faut mettre en quarantaine le cheval, explique Isabelle Darras, une sorte de confinement comme pour le covid. "C’est ce qui s’est passé pour cette épidémie, un animal malade a contaminé d’autres chevaux sur un rassemblement."
Le 25 novembre dernier, le réseau d’épidémio-surveillance en pathologie équine, le Respe, a identifié neuf foyers, dont un dans les Yvelines et un dans l’Orne, conséquence, huit décès de chevaux. Alors pour éviter une propagation, elle recommande la vaccination.
Comme pour la grippe équine, il y a un vaccin contre la rhino pneumonie
Un vaccin, une protection qui n’est pas obligatoire pour tous les chevaux. C'est pourquoi pour Gaelle Rozé, propriétaire de la pension qui accueille Prince et la quarantaine d’autres chevaux et poneys, la protection doit être maximale : "On a pris la décision de ne plus bouger : pas de sortie de rentrée, c’est un peu d’embarras, mais par rapport à la santé des chevaux ce n'est rien du tout."
À quelques km de là, à la Capelle-lès-Boulogne même inquiétude et autant de précautions pour Bruno Leleu, président de l’école d’équitation du Boulonnais. "Première chose, on désinfecte ! Les selles, les mors, les bridons" détaille Bruno.
"On a aussi mis en place un protocole pour le maréchal-ferrant, il y a des seaux d’eau javellisée pour désinfecter ses outils. Autre protocole pour les propriétaires qui viennent chez nous prendre des cours avec leurs chevaux : ils n’ont plus accès aux écuries, au manège et à la cour, c’est très important, nous avons ici quelques chevaux qui ne sont pas vaccinés. Il faut protéger ! "
À ce jour, pas de cas dans les Hauts-de-France, mais certaines compétitions restent annulées.
En ce début d’année 2025, l’épidémie a fortement diminué, mais la Fédération Française d'Équitation appelle toujours à la vigilance sur l'ensemble du territoire français.