Disparition : qui était Thierry Jacob, légende de la boxe originaire de Calais ?

L'ancien champion du monde de boxe anglaise, Thierry Jacob, est décédé à l'âge de 59 ans après un combat contre la maladie. Le calaisien était un visage bien connu de la région et apprécié de tous.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Sa démarche, sa gouaille, son regard... Thierry Jacob était plus qu'un visage familier des calaisiens. C'était un personnage, façon De Niro dans "Ragging Bull". Ce matin, dans les rues, dans les cafés, l'annonce de son décès provoque l'émotion.

"C'est clair que ça laissera un vide à Calais" analyse le maire Natacha Bouchart, "je garderai le souvenir d'un homme gentil, affectueux. Loin de l'image qu'on peut se faire des rings, violent ou rugueux. C'était quelqu'un de dévoué."

Ainsi, la personnalité de Thierry Jacob fait l'unanimité auprès de ceux qui le connaissaient. Dévoué : pour la boxe, mais aussi pour ses collègues de travail. "C'était une personne très simple et très attentive aux autres" salue l'un de ses collègues de travail. L'ancien boxeur était employé à la mairie de Calais, chef d'équipe à la propreté urbaine. Natacha Bouchart envisage de lui rendre un hommage municipal courant janvier. 

"Un gars charmant" 

Depuis plusieurs mois, Thierry Jacob souffrait d'un cancer des poumons. Il est décédé dans la nuit du vendredi 20 décembre, chez lui, à Calais. "Je l'ai appelé il y a un mois environ. Il m'avait dit que ce n'était rien, une petite connerie, un petit coup de fatigue... C'était Thierry ça, il ne voulait pas dramatiser. On devait se revoir et manger ensemble. Quand j'ai appris la nouvelle, j'ai été KO" déplore son ami Daniel Londas, ancien champion du monde de boxe.

"C'est très difficile à encaisser. La famille Jacob et Thierry bien sûr, ce sont des amis. C'était un gars vraiment charmant" renchérit René Broutta, président du boxing club Boulonnais. 

La boxe en héritage

Le sport l'a parfois emmené loin de chez lui. L'Angleterre, les Etats-Unis... partout là où la boxe puise ses racines. Mais c'est à Calais, sa ville, qu'il se produit le plus souvent, dans les années 1990. Devant son public, il réalise l'exploit d'une vie, rarement atteint dans le sport français. Thierry Jacob devient champion du monde en mars 1992. Une ceinture WBC, la plus prestigieuse des fédérations de boxe, autour de la taille. Les poings levés vers le ciel.

L'histoire retient ces 12 rounds, durs, âpres, un marathon pugilistique pendant lequel le Calaisien démontre toute sa science, en direct sur TF1. Son coup d'œil, célèbre, lui permet de belles esquives. Ces esquives, aériennes, lui permettent des coups décisifs. Au 12ᵉ et dernier acte, son adversaire, Daniel Zaragoza est en sang. Battu. Il fait pourtant partie des légendes de son sport. Jacob lui aussi a encaissé la boxe des "durs au mal". Mais à la fin, c'est bien son bras que l'arbitre lève. Thierry Jacob, victorieux, place Calais sur le toit du monde.

"Il avait une boxe incroyable. Le style américain. Je lui rappelais tout le temps pour rigoler. Il n'aimait pas, il disait "je ne suis pas américain, je suis calaisien moi !" se souvient, affectueux, son ami Daniel Londas, aujourd'hui entraîneur du Boxing Club Boulonnais. 

Des mexicains à Calais 

À l'hiver 1992, Thierry Jacob n'est pas encore champion du monde et les rues calaisiennes prennent parfois des accents mexicains. Un petit groupe de boxeurs professionnels s'est installé sur la Côte d’Opale. Parmi eux, Ramon Euroza. À l’époque, il est un jeune espoir de la boxe mexicaine. De ses quelques mois en France, il retiendra le froid de Calais et les coups de Thierry Jacob.

Dès l'annonce de son championnat du monde, l'équipe du Calaisien a fait le choix, judicieux, de "préparer" le futur champion au rythme de la boxe mexicaine. "On lui servait de sparring-partners" se souvient Ramon Euroza, aujourd'hui à la tête d'une salle de boxe à Mexico City. "Chez nous, il y a un style de boxe particulier, il fallait qu'il se familiarise avec ça" décrit l'ancien boxeur. Expérience concluante. Thierry Jacob surclasse son adversaire au mois de mars de la même année et remporte son championnat du monde à l'unanimité des juges.  

C'est le destin d'un frère, héritier d'une famille de boxeur. "Les Jacob" comme ils se font appeler à Calais. Le père, Jacques, était le pionnier dans les années 1960. "C'est lui qui leur a donné le virus" rappelle René Broutta. Thierry et ses frères reprennent ensuite le flambeau au début de la décennie 90. Puis la troisième génération est incarnée par le fils, Romain Jacob, champion d'Europe dans les années 2010. Ces dernières années, Thierry Jacob continuait d'enseigner cette science aux nouvelles générations, présent dans les coins des rings de toute la France. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information