Une cinquantaine de tracteurs ont bloqué l’autoroute A16 au niveau de la Cité Europe dans le sens Boulogne-Calais dans la matinée de ce mercredi 11 décembre 2024. Leur mot d’ordre : dénoncer le Mercosur, l’accord de libre-échange validé par la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen avec les pays d’Amérique du Sud.
"Avec cet accord de libre-échange, on marche sur la tête” : ce sont les mots d’Antoine Peenaert, cultivateur de betteraves et leader de la FDSEA du Calaisis. Il est à la tête de la nouvelle action coup de poing à l'œuvre ce mercredi matin sur l’autoroute A16. Une centaine d’agriculteurs du Pas-de-Calais ont bloqué les voies dans le sens Boulogne-Calais à hauteur de la cité Europe à l’aide d’environ 70 tracteurs. Une manifestation que les agriculteurs avaient annoncée aux autorités. La police a donc mis en place une déviation en amont du blocage, évitant ainsi des embouteillages monstres sur l’autoroute.
Car l’objectif des agriculteurs n’est pas de perturber le grand public mais bien de bloquer un point stratégique proche du tunnel sous la Manche et du port de Calais pour continuer à dénoncer l’accord de libre-échange du Mercosur, que l’Union européenne s’apprête à conclure avec plusieurs pays d’Amérique du Sud.
“Dans les Hauts-de-France, on a une terre d’élevage, une terre de cultures, on est directement menacé par cet accord. On va importer des poulets qui vont parcourir 10 000 kilomètres, alors qu’on a des poulets à Licques, à 10 kilomètres d’ici, qui peuvent très bien satisfaire les consommateurs français”, explique Antoine Peenaert, “certes la France s’oppose à cet accord, mais elle devient minoritaire en Europe. Donc on est frustrés parce que la France ne parvient pas à faire entendre sa voix.”
Distorsions de concurrence
Au cœur des inquiétudes, les distorsions de concurrence entre les agriculteurs européens et leurs homologues sud-américains : “En France, on ne contrôle pas ce qu’on importe, donc on va laisser entrer des poulets bourrés d’antibiotiques, de la viande bovine aux hormones, alors qu’ici nous sommes soumis à des normes environnementales très strictes. Ces normes doivent être les mêmes pour tout le monde.”
Un mécontentement contre les accords du Mercosur qui s’ajoute à la colère que les agriculteurs laissent éclater depuis l’hiver dernier : “Voilà un an que le gouvernement nous fait des promesses. Mais avec la dissolution et les différents remaniements ministériels, à chaque fois, le vote de la loi est reporté”, ajoute Antoine Peenaert.
Vendredi dernier, la présidente de la Commission européenne a annoncé la finalisation de l’accord de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur. L'accord doit encore être ratifié, via l'approbation d'au moins quinze États membres représentant 65% de la population de l'UE, puis en réunissant une majorité au Parlement européen.