Depuis plusieurs jours, Christine Engrand, députée RN de la 6e circonscription du Pas-de-Calais, est soupçonnée d'avoir embauché un proche, rencontré sur un site de rencontre, comme collaborateur parlementaire. Une énième affaire obscure dans laquelle baigne l'élue, qui a fait réagir Brigitte Klinkert, questeure de l'Assemblée nationale.
"France Travail n'est pas à confondre avec une application de rencontre." Dans une publication sur X mi-drôle, mi-ubuesque, la questeure de l'Assemblée nationale Brigitte Klinkert réagit aux nouveaux éléments accablants qui visent la députée du Pas-de-Calais Christine Engrand.
Le 10 janvier dernier, nos confrères et consœurs de Nord Littoral révélaient que l'élue encartée au Rassemblement national (RN), déjà connue pour s'être approprié de l'argent public à des desseins personnels (mais nous y reviendrons), aurait embauché un collaborateur parlementaire avec qui elle entretient des relations plus qu'amicales.
Quelle est la teneur de leur relation ?
Les soupçons de malversation qui pèsent sur Christine Engrand remontent à l'automne 2023, date à laquelle un certain Henryk Strozyk a rejoint son équipe parlementaire. Ancien propriétaire de la société Cadis Vacances à Bruay-la-Buissière, le collaborateur de Madame Engrand aurait été engagé principalement pour des missions de comptable et pour accompagner sa députée dans divers déplacements.
L'homme âgé de 70 ans, inconnu de la politique jusqu'à présent, aurait rencontré la députée du Pas-de-Calais sur le site de rencontres Disons Demain, destiné aux personnes âgées de plus de 50 ans.
À noter également que Disons Demain est un site payant, dont l'abonnement à 39,99 euros par mois aurait été payé par Christine Engrand à l'aide de son enveloppe parlementaire, comme l'indiquait Médiapart en septembre 2024.
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La réaction de Brigitte Klinkert
Ce nouvel épisode du feuilleton Christine Engrand n'est évidemment pas passé inaperçu aux yeux de Brigitte Klinkert, dont il faut rappeler que la principale mission est de contrôler l'exécution du budget de l'Assemblée. Autrement dit, de vérifier si les députés dépensent l'argent du contribuable dans le cadre leur mission d'élu, et non à des fins personnelles.
France Travail n'est pas à confondre avec une application de rencontre. Depuis 2017, la loi est claire : l'emploi de son compagnon est interdit à l'Assemblée nationale. Je vais m'assurer que la lumière soit faite par les services sur la situation de @Cengrand_RN, députée du…
— Brigitte Klinkert (@KlinkertBrigitt) January 13, 2025
C'est donc naturellement que la questeure et députée du Haut-Rhin s'est fendue d'un tweet rappelant que, depuis 2017, "la loi est claire" et interdit l'emploi de son compagnon à l'Assemblée nationale.
"Je vais m'assurer que la lumière soit faite par les services sur la situation de [Christine Engrand] députée du Rassemblement national, déjà épinglée pour utilisation frauduleuse de ses frais de mandat", relate la députée, avant d'ajouter avec sarcasme que "l'erreur est humaine, la récidive moins".
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D'autres affaires de détournement d'argent public
Pour rappel, la députée de la 6e circonscription du Pas-de-Calais (Boulogne-sur-Mer, Calais, Saint-Omer, Arras, Fauquembergues, Marquise...) baigne dans diverses affaires incluant la dépense d'argent public dans des achats personnels. En septembre 2024, Mediapart et Le Parisien ont révélé que Christine Engrand se serait servie de son enveloppe parlementaire pour régler la pension de ses deux chiens ou pour financer des frais d'obsèques à 5971,94 euros. L'élue aurait également conduit un véhicule présentant un défaut de contrôle technique, qui lui a été retiré depuis, sans posséder de permis invalide.
Une liste de griefs qui s'allonge pour la députée du Pas-de-Calais, suspendue de son parti jusqu'en mai 2025, qui n'a pas donné suite à nos sollicitations.