La mairie d'Hénin-Beaumont rompt le bail de l'association qui occupait son théâtre municipal, on vous explique

L'association L'Escapade occupe le théâtre municipal d'Hénin-Beaumont depuis 1991. En octobre dernier, la mairie les informe qu'elle compte mettre un terme au bail qui les lie, ce vendredi 24 janvier 2025. Mauvais objectifs, déficit financier et affaires de harcèlement moral... On vous explique cette polémique qui gonfle dans l'héninois.

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C'est un petit raz-de-marée pour la culture régionale dans le Pas-de-Calais. Les aficionados de scènes indépendantes et de troupes de théâtre locales risquent de voir la programmation du théâtre municipal d'Hénin-Beaumont drastiquement changer. L'association L'Escapade, à qui la mairie avait confié la gestion de la salle de spectacle depuis 1991, devra quitter les lieux au plus tard ce vendredi 24 janvier 2025. Les évènements prévus jusqu'alors pour 2025 sont donc bel et bien annulés. La Ville assurera désormais la programmation des spectacles prévus dans le centre culturel.

Une longue liste de griefs

Ce changement drastique résulte d'une décision prise en octobre 2024 par la municipalité héninoise. Depuis plusieurs mois, la Ville dénonce "de très grandes difficultés de gestion au cours des derniers mois" de la part de l'association l'Escapade : diminution du nombre d'adhérents, fermeture de la salle le week-end, absence de public aux représentations... Les conséquences d'une mauvaise gestion du théâtre que le maire, Steeve Briois, associe à la démission de six administrateurs de l'association ces douze derniers mois.

Des résultats qui seraient également liés à l'ouverture d'une procédure d'alerte sur l'état financier de l'association par son Commissaire aux Comptes et d'une enquête préliminaire visant le directeur de L'Escapade, pour des faits de harcèlement moral.

Nouveau conseil d'administration, nouveau départ ?

Un ensemble de circonstances dont l'actuel président de l'association, Jérôme Puchalski, reconnaît effectivement une part de vérité. "Je pense que depuis quelques mois, l'association était effectivement à deux doigts d'imploser. Mais ça, c'était avant que l'on crée un nouveau conseil d'administration." Suite au départ de plusieurs membres du bureau, dont les motivations ne sont pas réellement connues aujourd'hui, un vote a logiquement été organisé afin de renouveler le conseil d'administration. Une session au cours de laquelle l'ancien président, Jean-Luc Dubroecq, a été amené à céder sa place, au profit de Jérôme Puchalski.

"Après la réception du courrier de la mairie indiquant la fin du bail, les seules possibilités que mon prédécesseur envisageait étaient de baisser les bras. Je respecte le travail qu'il a mené pour l'association, mais il fallait réagir", note l'actuel président de l'Escapade.

Une fois le bureau installé, leur mission première a été de prendre contact avec la mairie, afin d'ouvrir un dialogue concernant l'avenir du théâtre. Une demande de recours amiable avait d'ores et déjà été adressée à Steeve Briois par l'association, sans qu'aucune réponse n'ait été reçue.

Encore aujourd'hui, avant la sortie d'un communiqué de presse, nous ne savions pas exactement ce que l'on nous reprochait. Niveau légal, la fin du bail est dans les clous et on ne leur reproche qu'un manque de communication qui est arrivée sur le tard.

Jérôme Puchalski, président de l'association L'Escapade

Jérôme Puchalski conciliant, explique comprendre que la situation peut avoir mené à une perte de confiance du côté de la Ville, notamment dans le contexte de la procédure judiciaire en cours. Cependant, ne pas ouvrir la porte de la mairie au nouveau bureau de l'Escapade, qui souhaite montrer une volonté de renouveau, est pour lui "un contresens".

Un coup d'arrêt pour les compagnies programmées

Au-delà des justifications qu'apporte l'association pour répondre au conseil municipal, l'Escapade partage son profond désarroi de devoir perdre ses salariés et d'annuler les résidences d'artistes, déjà programmées jusqu'en mars. "Beaucoup de gens vont être laissés sur le carreau, les spectateurs, mais surtout les artistes", fait savoir Jérôme Puchalski, avec inquiétude. "Certains pourraient même déposer le bilan, vu la crise que connaît la culture en ce moment."

Dans son communiqué, la Ville d'Hénin-Beaumont précise, elle, que le théâtre de l’Escapade "va continuer à vivre", avec une reprise des ateliers et du personnel. Également "une programmation est d’ores et déjà en cours qui permettra à un large public de pouvoir profiter d’une offre culturelle accessible à tous et notamment le week-end."

L'association était financée à 70% par la mairie d'Hénin-Beaumont, via un montant de 800 000 euros. Sans cet apport financier, les membres de L'Escapade ne savent pas comment leur association pourra continuer à joindre les deux bouts. Résignés à devoir quitter le théâtre municipal, bénévoles et salariés espèrent pouvoir continuer leurs activités à l'extérieur, dans un autre lieu qu'il reste encore à définir.

Quoi qu'il en soit, penser à l'avenir n'est pour l'instant pas leur priorité.

On va à l'urgence. Et l'urgence actuellement c'est de relocaliser les résidences d'artistes qui étaient programmées.

Jérôme Puchalski

La Compagnie Lazlo, qui devait donner une représentation le 30 janvier prochain à Hénin-Beaumont, était censée entrer en résidence ce 22 janvier. L'Escapade a réussi à relocaliser la Compagnie à Méricourt, dans la salle de La Gare, où ils pourront terminer leur préparation avant d'enchaîner sur d'autres dates... Reste encore à trouver une place pour les autres troupes.

Pour informer les artistes et les adhérents de l'association sur sa situation, l'Escapade organise une réunion publique ce mercredi soir à partir de 19 heures dans le théâtre municipal dont ils rendront officiellement les clés vendredi, à 8h30.

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