Pilote prometteur, Benjamin Schots a pris un cours de vie différent il y a 17 ans, à l'Enduropale 2008. Depuis l'accident qui a failli le tuer, il vit avec le handicap. Aujourd'hui, les conditions de sécurité ont fortement évolué sur les pistes, après une prise de conscience collective et l'implication de plusieurs personnalités pour que les choses changent. Notamment après un deuxième accident qui coûtera la vie à Tim Potisek, l'année suivante.
Il y a 17 ans, lors de l'Enduropale 2008, durant le premier tour de piste, les images avaient glacé le sang des téléspectateurs. Après une grosse bosse proche de la ligne d'arrivée, Benjamin Schots, 20 ans, traverse littéralement l'amas de sable, formant une deuxième bosse, avec sa moto, ce qui propulse son corps en l'air, effectuant un "soleil" avant de retomber inconscient par terre, une vingtaine de mètres plus loin. Le soir, au CHR de Lille, un premier bilan est publié : vertèbre lombaire fracturée et hémorragie cérébrale sans fracture de la boîte crânienne. Le jeune homme, un pilote prometteur, est dans le coma.
Le tracé est alors fait par un directeur sportif qui a été placé là par la fédération, mais n'est pas vraiment compétent puisqu'il n'est aucunement un ancien pilote
Denis Guérin, ancien journaliste-commentateur de l'Enduropale
Denis Guérin, journaliste qui commentait les images de la course pour France Télévisions se souvient avoir découvert le replay de la chute en même temps que les téléspectateurs. Effroi. Moment de sidération. L'ancien journaliste se souvient que les blessures de Benjamin Schots vont provoquer un avant et un après, en termes de sécurité. Ému par l'accident, et souhaitant l'expliquer, il enquête et se rend compte de plusieurs dysfonctionnements. Selon lui, "le tracé est alors fait par un directeur sportif qui a été placé là par la fédération, mais n'est pas vraiment compétent puisqu'il n'est aucunement un ancien pilote. Il ne pensait pas à mal, mais il a mis deux bosses après une première qui n'avaient rien à faire là. Le projet était, avec les deux petites bosses, de ralentir les pilotes avant l'arrivée... Après coup, je ferai le forcing avec d'autres, pour qu'un directeur sportif compétent trace le circuit. Et que David Hauquier (1) rentre dans l'organisation."
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Après le retrait d'A.S.O.
Frédéric Schots, père de Benjamin, et président de la commission des courses sur sable et directeur de course de l'intégralité du championnat. Il explique que son fils s'est adapté à sa nouvelle vie et à son handicap. "Il travaille à tiers-temps, a une voiture, a son habitation et que son moral est plutôt bon". Sur la disposition de la bosse où Benjamin a chuté, il explique : "Il leur restait un peu de sable et ils se sont dit : 'on va le mettre là'. Il faut savoir que c'était deux ou trois éditions après le retrait d'ASO de l'organisation (2). La reprise s'était faite un peu au pied levé pour que l'épreuve perdure. Mais après cet accident, on ne pouvait pas laisser des gens mettre des tas de sable ici ou là". Sur la décision de ne pas porter plainte : "Quand on met ses fesses sur une moto au départ, il faut savoir qu'on court un risque. Ce risque aurait pu être évité... Il faut accepter cette part de risque. De toute façon, ça ne lui aurait pas rendu la vie qu'il avait avant et on était tellement contents de le voir sortir du coma après 18 jours de coma profond..."
Depuis, le travail mis en place, après l'accident de Benjamin et, après la mort de Tim Potisek (survenue le 10 novembre 2009, quatre jours après sa chute à l'entraînement) est remarqué et apprécié par tout le monde. "On débriefe sur les blessés avec la préfecture chaque soir d'épreuve. Leur nombre est toujours trop élevé, mais on est sur de la bobologie, une trentaine de blessés pour 3 000 motards au total."

Soit 1%, seulement grâce à la piste plus sûre, aux sauts différents... "Ça passe par la formation des commissaires de course, par la façon d'intervenir des secours, de la sensibilisation des pompiers. On se connaît tous et il y a une confiance mutuelle. Sur le Touquet, comme sur le reste du championnat", rassure Frédéric Schots.
Retrouvez la course en direct de l’Enduropale du Touquet dimanche 9 février sur France 3 Hauts-de-France.
(1) David Hauquier, ancien pilote vainqueur de l'Enduro du Touquet en 1997 et directeur d'une école de pilotage est directeur sportif de l'épreuve depuis 2009.
(2) trois ans, précisément, l'édition 2005 ayant failli être annulée à cause du retrait d'ASO.