La reconstitution du féminicide d'Alicia Philippe doit avoir lieu ce 21 janvier à partir de 9 heures, dans la maison où la jeune femme de 28 ans résidait avec son conjoint, Nicolas Hanquez, qui a avoué le meurtre. Ce dernier souhaitait refaire sa vie avec une femme rencontrée sur Facebook, qui n'était finalement qu'un brouteur.
À Beussent, petite commune paisible située sur le littoral du Pas-de-Calais, le bruit d'une dizaine de véhicules qui se garent sort les habitants de leur torpeur ce mardi matin. Il est presque 9 heures et des camionnettes estampillées gendarmerie s'installent de chaque côté de la "route de Montreuil". D'autres véhicules venus du CHU de Lille, ou appartenant à l'administration pénitentiaire, roulent au pas avant de s'arrêter dans le même périmètre, délimité par des barrières.
Une concentration de forces de l'ordre inhabituelle, venues à Beussent ce 21 janvier pour reconstituer le meurtre d'Alicia Philippe, jeune femme de 28 ans tuée dans la nuit du 28 janvier 2024 par son compagnon Nicolas Hanquez. Il s'agissait du 33e féminicide de l'année 2024.
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Les aveux du conjoint
Il y a presque un an, les secours reçoivent un appel de Nicolas Hanquez, complètement paniqué, leur expliquant avoir découvert le corps ensanglanté de sa compagne après s'être absenté plusieurs heures. Devant les forces de l'ordre, il soutient la thèse d'un cambriolage qui aurait mal tourné, justifiant l'idée par la disparition d'une tirelire, que les individus auraient pu dérober.
L'enquête confiée à la section de recherche de Lille et à la compagnie d'Écuires soulève rapidement les nombreuses incohérences de cette hypothèse, et les enquêteurs l''écartent définitivement. La maison est placée sous scellés et l'enquête tâtonne pendant plusieurs semaines, jusqu'au 12 mars. Ce jour-là, contre toute attente, Nicolas Hanquez est placé en garde à vue par la gendarmerie d'Écuires et passe aux aveux. Dès le lendemain, l'homme est placé en examen.
Une relation avec un brouteur
Derrière cette énième affaire de féminicide et de violences sexistes et sexuelles (VSS), un autre phénomène a été mis en lumière par les enquêteurs : l'influence d'un brouteur, avec qui Nicolas entretenait une liaison sur Facebook.
Les brouteurs sont des escrocs qui se servent d'internet pour extorquer de l'argent à leurs victimes. Ils usent de plusieurs stratagèmes, dont l'un des plus connus est l'arnaque aux sentiments : les brouteurs se créent une fausse identité pour contacter des internautes aléatoires, les séduire et leur demander des sommes d'argent de plus en plus importantes. Récemment, "l'arnaque au faux Brad Pitt" qui a causé une vaste polémique et le cyberharcèlement de la victime, impliquait par exemple un brouteur se faisant passer pour l'acteur américain, bien connu du grand public.
Dans le cas du féminicide de Beussent, Nicolas Hanquez aurait entamé une liaison avec une femme rencontrée sur Facebook, à qui il avait envoyé une certaine somme d'argent. Vous l'aurez compris, cette femme avec qui le nordiste avait décidé de refaire sa vie, au point de vraisemblablement projeter le meurtre d'Alicia, n'était autre qu'un brouteur.
Un an plus tard, la reconstitution des faits
Ce 21 janvier, l'enquête débutée il y a un an se poursuit donc avec la reconstitution des faits. Une nouvelle étape clé pour comprendre un peu mieux le déroulé de la soirée du 28 janvier 2024 et les agissements de Nicolas Hanquez.
Jusqu'en fin de journée, le périmètre autour de la maison où résidait le couple sera bouclé. Toute la reconstitution doit se dérouler en intérieur, au sein du domicile, afin de retracer les évènements et, peut-être, trouver de nouveaux indices faisant avancer l'affaire.