Fermé au public depuis 2019, le centre aquatique Aqualud du Touquet (Pas-de-Calais) est régulièrement visité depuis la publication d'une vidéo d'urbex sur les réseaux sociaux. Le maire a pris un arrêté pour sécuriser le site, et espère une décision rapide du tribunal pour débuter les travaux de construction d'un hôtel 5 étoiles en lieu et place du complexe aquatique.
La vidéo, publiée au début du mois de novembre sur le compte Tiktok "nord_Urbex", comptabilise plus d’un million de vues. "Nous nous sommes infiltrés dans un parc aquatique abandonné depuis le covid-19", indique l’internaute auteur des images.
Les bassins sont complètement vides, des déchets en tout genre s’amoncellent au pied des toboggans et les bureaux, fouillés, ont été retournés par des visiteurs peu scrupuleux. Dans les vestiaires, dépourvus d’électricité, la scène est figée. À l’aide de sa lampe torche, l’auteur de la vidéo éclaire de part et d’autre les casiers, dans une ambiance digne d’un film d’horreur.
@nord__urbex Des millions d’euros et des souvenirs bientot demolis 😨😱@Seb.vlt #urbex #fypシ #aventure #explore #infiltration #foryou #fyp #abandonnee #swimmingpool ♬ stellar (Sped Up) - .diedlonely & énouement
Cette pratique, appelée exploration urbaine – ou urbex – se développe. Des photographes sont de plus en plus nombreux à explorer des lieux abandonnés : châteaux laissés à l’abandon, usines désaffectées ou comme au Touquet, centre aquatique fermé au public.
Un arrêté pour sécuriser les lieux...
Face aux intrusions à répétition depuis la publication de cette vidéo sur les réseaux sociaux, le maire de la station balnéaire a décidé d’utiliser son pouvoir de police et de prendre un arrêté municipal pour sécuriser les lieux. "Ceux qui rentrent dans le site se mettent en danger", rappelle Daniel Fasquelle. En cause : les éléments fragiles qui pourraient se détacher, mais aussi la présence de produits toxiques (chlore, acide sulfurique) qui n’ont pas été évacués.
En mai dernier, un adolescent de 14 ans était mort après avoir chuté d’une dizaine de mètres alors qu’il faisait de l’urbex dans une usine désaffectée de Cambrai (Nord).
Ceux qui rentrent dans le site se mettent en danger car la société, contrairement à ses engagements, n’a pas assuré la maintenance ni le gardiennage.
Daniel Fasquelle, maire LR du Touquet
Le maire l’affirme : la société propriétaire de l’Aqualud n’a pas respecté ses engagements depuis la fermeture du site à la fin de la saison en 2019. "Face à l’inaction de la société a qui j’ai écrit à plusieurs reprises et au regard de la multiplication des tentatives d’intrusion, j’ai été obligé de me substituer à cette société pour des raisons évidentes de sécurité avec un objectif : éviter un drame, raconte-t-il. Mais je leur enverrai la facture de la sécurisation mise en place".
... En attendant le début du chantier
Une sécurisation qui pourrait durer dans le temps. Car le site de l’Aqualud, voué à devenir un hôtel de luxe 5 étoiles, est dans l’impasse depuis plusieurs mois. Le permis de construire, délivré en 2022, est en effet attaqué devant les tribunaux. "Nous sommes toujours dans l’attente de la décision du tribunal administratif de Lille", regrette Daniel Fasquelle.
Des recours, déposés par plusieurs associations, ont déjà été rejetés. "Les 4 premiers recours portant sur la délibération du conseil municipal de 2021 se prononçant en faveur du projet ont été tranchés en notre faveur et certains ont été condamnés à verser une contrepartie financière", rappelle le maire. Les juges doivent désormais se prononcer sur le fond, à savoir si l’hôtel peut s’installer sur la plage du Touquet malgré la loi Littoral.
Entrée en vigueur en 1986, elle stipule qu’aucune construction ne peut être réalisée à moins de 100 mètres de la laisse de mer, soit ce que la mer laisse sur la plage après une marée haute comme des algues ou des coquillages. "Le projet est dans les clous", assure le maire, qui s’impatiente de la décision de justice. "Nous n’avons aucune date, et nous commençons à trouver le temps long".