Ce lundi 9 décembre 2024, l'école élémentaire de Saint-Martin-d'Hardinghem (Pas-de-Calais) a officiellement été baptisée "école Dominique Bernard". Un hommage aux enseignants et aux valeurs de la République que le conseil municipal tenait à mettre en œuvre, "pour ne pas oublier".
Dans la cour de l'école élémentaire de Saint-Martin-d'Hardinghem, une nouvelle plaque a fait son apparition au niveau de l'entrée. Juste sous la devise "Liberté, égalité, fraternité", l'écriteau "école Dominique Bernard" a été bien fixé, flambant neuf sur le mur beige.
Depuis le 9 décembre, journée nationale de la Laïcité, l'école de cette petite commune de 270 habitants perdue au cœur du pays de Saint-Omer, est devenue le premier établissement scolaire de France à adopter le nom de Dominique Bernard. Un projet lancé par le conseil municipal en septembre dernier, pour rendre hommage à l'enseignant arrageois assassiné en octobre 2023 par l'un de ses anciens étudiants radicalisé.
Un honneur de porter ce nom
Lors d'une courte cérémonie forte en émotions, les quelques élèves de l'école élémentaire, accompagnés par leurs parents, enseignants et le conseil municipal, ont déposé une gerbe, chanté la Marseillaise et brandit un dessin réalisé par leurs soins sur le thème de la liberté. La plaque a finalement été apposée pour baptiser l'établissement scolaire.
Avant ce lundi, l'école n'avait pas de nom. "Elle n'en avait pas besoin", souligne Émilie Gosselin, enseignante chez les CM1-CM2 et directrice. "C'était juste l'école du village. Quand Monsieur le maire m'a proposé ce nom je ne m'y attendais pas. C'est un véritable honneur de voir ce nom apposé sur notre école." Touchée par le geste de la mairie, la professeure des écoles a tout de suite adhéré au projet, "triste et tragique" mais "nécessaire".
On aurait préféré que Dominique Bernard reste anonyme. Mais par cette plaque nous souhaitions rendre hommage à un symbole de laïcité, et à l'ensemble du corps professoral et éducatif.
Émilie Gosselin, directrice de l'école Dominique Bernard
Rendre également hommage à Samuel Paty
C'est lors d'un conseil municipal, tenu il y a 4 mois, que l'idée a été mise sur la table. Quelques discussions ont dû être entreprises pour trouver la bonne tournure à adopter sur la plaque, et pour se mettre d'accord sur l'identité de la personne qui serait ici mise à l'honneur. "Notre choix s'était tourné vers Dominique Bernard, mais également vers Samuel Paty. On ne savait pas qui choisir, ou si nous devions adopter les deux noms", révèle Bertrand Pruvost, maire de Saint-Martin-d'Hardinghem. Finalement, la dimension régionale liée au meurtre de Dominique Bernard a pesé dans la balance.
Après avoir consulté la famille du défunt, le conseil municipal a mis son dessein à exécution. Un projet qui souhaite démontrer "que le monde n'est pas fait que de gens indifférents", selon l'édile. Que "certains ont conscience de la difficulté de fonctionnement de notre société et de ce que signifie la notion de valeurs de la République."
Informer les plus jeunes
Bertrand Pruvost salue le travail mené par Émilie Gosselin, qui a travaillé avec ses élèves sur cette notion de liberté et surtout, de laïcité.
J'ai de la chance d'avoir une directrice très ouverte et prête à participer à ce genre de démarche. Maintenant devant la porte il y a cette plaque qui permet aux élèves de s'interroger, et aux futurs enseignants de les éclairer sur ces sujets parfois compliqués.
Bertrand Pruvost, maire de Saint-Martin-d'Hardinghem
Les dessins et petits mots créés par les élèves de l'école Dominique Bernard en attestent : le sujet les concerne. L'an passé, une journée avait été banalisée après l'attentat d'Arras, pour aborder ce terrible sujet d'actualité et répondre aux questions des enfants. "lls se rappelaient de cette journée et certains se souvenaient même du nom de Dominique Bernard. Ils ont accueilli cette journée de façon très positive", souligne Émilie Gosselin, appuyée par le maire de Saint-Martin-d'Hardinghem, heureux que la "nouvelle génération" s'attelle à ce travail de mémoire. "Il ne faut pas oublier. Il faut passer de l'époque du souvenir à l'époque de la mémoire pour rappeler toute la fragilité, tous les évènements dramatiques qui peuvent remettre en cause nos valeurs et la République."