Dans le cimetière de Maizy, on trouve des tombes de poilus morts au combat. Et puis, il y a une plaque, dédiée (photo ci-dessus) à trois soldats tombés sous les balles françaises en juin 1917. Leur tort ? S’être mutinés. L’un a giflé un officier, les autres ont tiré en l’air. Sur cette plaque, il devrait y avoir un quatrième nom, celui de Vincent Moulia, mais la veille de l’exécution, Vincent Moulia s’est évadé.
Moulia est un bon soldat. Ce natif des Landes s’est distingué en sauvant un officier blessé, il a été fait caporal et a gagné une croix de guerre à Verdun. Avec ses camarades, il a une nouvelle fois montré sa bravoure, sur le Chemin des Dames. En mai 1917, huit cent cinquante hommes sont tombés pour conquérir Craonne. Moulia a été proposé pour une citation. Revenu au repos, le régiment apprend qu’il doit repartir au combat.
Les soldats boivent beaucoup ce soir-là. D’autres Poilus leur racontent avoir refusé de monter au feu, les esprits s’échauffent, les hommes s’assemblent, le drapeau rouge est déployé, on chante l’Internationale et... on tire. Des grenades sont lancées, des officiers menacés. La mutinerie est maîtrisée au petit matin : 130 hommes sont arrêtés, 12 traduits en justice, 5 condamnés à mort, dont Moulia, reconnu comme meneur.
La nuit qui précède l’exécution, les Allemands bombardent le village. Moulia profite de la confusion, et s’évade. Il parviendra à rentrer chez lui, dans les Landes, puis il filera en Espagne, par peur d’être dénoncé. Il reviendra en France en 1936. Décennie après décennie, sa réhabilitation sera réclamée. Son avocat le plus célèbre fut l'historien et homme de télé Alain Decaux. En 1979, des anciens combattants lui remettent symboliquement une croix de guerre.
Vincent Moulia, le condamné à mort, vivra 96 ans
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