Au moins dix personnes ont été placées en garde à vue lundi à Amiens, mais également en Ile-de-France et en Bourgogne, dans le cadre d'une enquête sur le blocage de l'A1 fin août près de Roye dans la Somme par des gens du voyage.
Onze personnes soupçonnées d'être impliquées dans cette opération de blocage de l'autoroute ont été identifiées, à la suite d'une enquête préliminaire du parquet d' Amiens, coordonnée par la section de recherches de la gendarmerie de la ville.
Cette enquête ouverte pour "vol en réunion", "entrave à la circulation de véhicules" et "dégradation par incendie", devrait aboutir à la mise en examen des principaux suspects, mais "probablement pas aujourd'hui", a précisé le parquet.
"Toutes les personnes font partie de la communauté du voyage", selon une source proche de l'enquête, et ont été convoquées dans des gendarmeries en Picardie, en Ile-de-France et en Bourgogne, et non seulement à Amiens comme indiqué dans un premier temps par une autre source proche de l'enquête.
Le rappel des faits
Dans la soirée du vendredi 28 août au samedi 29, week-end de retour de vacances, l'autoroute A1, l'une des plus fréquentées d'Europe, avait été bloquée dans les deux sens.
Les gens du voyage avaient érigé des barrages au niveau du péage de Roye, commune de 6.200 habitants, en brûlant sur la chaussée, puis aux alentours de l'A1, des pneus et des palettes avant d'alimenter le feu avec des poubelles ou des arbres qu'ils avaient tronçonnés.
La Sanef, Société des autoroutes du Nord et de l'Est de la France gestionnaire de l'A1, avait estimé à 500.000 euros les dégâts causés.
Les gens du voyage avaient décidé cette action spectaculaire quatre jours après une fusillade ayant fait quatre morts, dont un gendarme, dans un campement voisin.
Ils voulaient contraindre les autorités à accepter que le fils de l'une des victimes, alors incarcéré à la maison d'arrêt d'Amiens pour trafic de voitures, puisse assister aux funérailles de son père. La justice avait finalement autorisé cette permission.
La fusillade avait fait trois victimes membres d'une même famille, une femme de 19 ans, sa fille de 9 mois et son beau-père, ainsi qu'un gendarme de 44 ans. Le tireur présumé, âgé de 73 ans, avait été mis en examen pour assassinat et tentative d'assassinat, et écroué.
Les autorités accusés d'inertie par la droite
Accusées d'inertie par la droite, les autorités avaient refusé d'intervenir "pour éviter un effet boule de neige", selon la préfecture de la Somme.
"Une telle manifestation, un tel blocage, sont inacceptables, et en tous points contraires à l'Etat de droit", s'était emporté Xavier Bertrand, candidat Les Républicains aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, réclamant "des sanctions exemplaires".
La candidate d'extrême droite dans la même région, Marine Le Pen, avait pour sa part twitté: "Autoroute A1 bloquée : une fois de plus un gouvernement dépassé, impuissant, indigne !"
Face à la pression, le président François Hollande avait dû justifier le 7 septembre la non-intervention des forces de l'ordre, affirmant qu'il n'avait pas voulu risquer des vies : "Est-ce qu'il fallait envoyer les forces de l'ordre faire en sorte que ces gens-là soient mis de côté avec des risques très sérieux pour leur propre vie?" "Nous sommes dans un pays où nous devons assurer l'état de droit, assurer la sécurité, et en même temps comprendre qu'il peut y avoir des moments où des perturbations existent, et même si elles créent des difficultés, elles doivent être comprises", avait-il jugé