Une pagode pour portail, des idéogrammes inscrits sur les tombes : 849 Chinois reposent à Noyelles-sur-Mer. Nous sommes dans un cimetière militaire, mais ces hommes étaient des civils, recrutés par l’armée britannique, pendant la Grande Guerre que leurs camarades les ont ensevelis ici. Anglais et Français enrôlèrent ces travailleurs débarqués en nombre en 1917.
Quand la guerre éclate, la Chine reste neutre. Mais le conflit dure et les Français se tournent vers cet immense pays, armés de clichés : « Sobre, robuste endurant et docile », le Chinois du Nord fera une main d’œuvre idéale !
Un contrat est négocié, d’une durée de cinq ans. Les Asiatiques resteront à l’écart du front, et seront employés dans des ports, des usines, des forêts. Ils travailleront dix heures, sept jours sur sept pour un salaire d’un à cinq francs.
Les Français recrutent 40 000 hommes, les Anglais ne sont pas en reste : 100 000 hommes sont enrôlés, encadrés par l’armée. Après des mois de voyage éprouvant, ils se retrouvent dans le nord de la France, à proximité des combats. Les avions allemands et leurs bombardements sèment la panique dans leurs rangs. Les Chinois creusent des tranchées, réparent les voies de communication, et entretiennent aussi les tanks.
Encadrés par une stricte discipline militaire, les coolies, comme les Anglais les appellent, se rebellent plusieurs fois. Des mutineries réprimées dans le sang. Côté français, ces hommes qu’on croyait malléables défient eux aussi l’autorité : rixes, grèves, ils sont solidaires face à des étrangers qui ne parlent pas leur langue et ne les comprennent pas. Les Chinois participeront à la reconstruction, vaille que vaille. Des milliers ne reverront jamais leur pays.
Toute la collection des 670 vidéos Histoires 14-18