Le procès de Salah Abdeslam qui doit s'ouvrir lundi à Bruxelles nécessite la mise sur pied d'un dispositif de sécurité hors normes dans et aux abords du palais de justice, un gigantesque bâtiment public souvent décrié pour sa vétusté.
D'une superficie supérieure à celle de la basilique Saint-Pierre de Rome, ce bâtiment du 19e siècle, "exceptionnel par ses dimensions", compte "1.530 portes et 1.513 fenêtres", décrivaient les autorités belges en 2008 en le proposant pour l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco.
Situé sur une des hauteurs de la ville, le palais de justice est indissociable de l'horizon de nombreux Bruxellois, et associé dans l'esprit de tous à un chantier de rénovation devenu permanent. "Si vous êtes né après 1982, vous ne (l')avez donc pas connu sans échafaudages", ironisait en mai dernier un média belge, confirmant que l'Etat fédéral, propriétaire du bâtiment, envisageait une fin des travaux en 2028.
C'est dans ce cadre à la fois majestueux et désuet que doit être jugé pendant quatre jours Salah Abdeslam, seul survivant des commandos jihadistes qui ont attaqué Paris le 13 novembre 2015 (130 morts), et aujourd'hui détenu réputé le plus surveillé de France.
Abdeslam dormira à Vendin-le-Vieil
Au côté d'un complice, il comparaît pour sa participation présumée à une fusillade avec des policiers le 15 mars 2016 à Bruxelles, trois jours avant son arrestation. La présence policière et les mesures de sécurité seront pour l'occasion renforcées au palais de justice, les professions judicaires devant se soumettre, comme le public et les journalistes, au détecteur de métaux. Le stationnement sur les parkings jouxtant le palais sera interdit, la circulation fermée dans la rue située derrière l'édifice et le ciel surveillé par des hélicoptères.
Les arrivées et départs quotidiens de Salah Abdeslam, qui doit être incarcéré pendant le procès dans une prison du nord de la France, à Vendin-le-Vieil, se feront sous l'escorte d'unités d'élite, par la route ou par hélicoptère. Aucune option n'est exclue. La décision sera prise au dernier moment.
Tentative d'évasion ou de suicide du prévenu, risque d'attentat : tous les scénarios mobilisent l'attention des forces de sécurité pour la première comparution publique d'un suspect-clé de la cellule franco-belge à l'origine des attentats de Paris et Bruxelles. Mais pour Luc Hennart, maître d'oeuvre du procès en tant que président du tribunal de première instance francophone de Bruxelles, cette audience correctionnelle doit malgré tout rester "normale".
A l'inverse d'un accusé aux assises, qui comparaît dans un box, le prévenu sera placé comme à l'habitude face au tribunal, au premier rang de la salle d'audience, tournant le dos au public.
Cette salle est prévue pour accueillir 80 personnes, avocats, journalistes, représentants d'associations de victimes ou simples curieux. Pour les journalistes, attendus par centaines, une retransmission vidéo des débats est programmée dans une autre salle de plus grande capacité.