Pendant deux mois, les éleveurs de moutons sur le littoral picard travaillent d'arrache-pied. C'est le moment pour eux de l'agnelage, la naissance des nouveaux agneaux. Une étape essentielle pour la filière des prés salés de la baie de Somme, reconnue pour sa qualité.
Jérémy Malo travaille à un rythme effréné. Éleveur de moutons, il surveille jour et nuit les naissances dans son exploitation à La Mollière, quartier de Cayeux-sur-Mer. C’est la période de l’agnelage, commencée vers le 15 décembre pour cet élevage.
"On est en plein dedans, raconte-t-il. Les premiers ont vu le jour juste avant Noël". Pour les accueillir, Jérémy Malo dispose même d’enclos dédiés. "Quand on voit que la mère bêle, qu’elle ressent des douleurs, qu’elle pousse, on l’allonge et le travail commence".
Sous l’effet des contractions, le nouveau-né engage sa tête à l’entrée du bassin. La poche des eaux se rompt sous la pression, "ensuite, on vérifie que les bêtes vont bien des deux côtés. On désinfecte par exemple le cordon pour éviter toute infection". L’agneau reçoit ensuite le colostrum, le lait, de sa propre mère, avant l’étiquetage et d’identification.
Une période cruciale pour le reste de l’année
Ces mises à bas ne sont pas à négliger. "C’est ça qui va définir notre activité pour les prochains mois, notre chiffre d’affaires", précise Jérémy Malo. Ce dernier mise sur 600 agneaux en ce début d’année pour 800 brebis. Un bon résultat, stable par rapport aux années précédentes.
L’épisode de fièvre catarrhale, identifié dans le Nord le 5 août et propagé pendant le mois vers la Somme, n’a "apparemment pas eu d’impact. On avait des craintes pendant les accouplements avec les béliers, mais ça n’a pas eu d’impact sur l’agnelage".
Prochaine étape : accompagner au mieux les nouvelles bêtes pour la transhumance. L’arrivée des beaux jours, généralement fin mars, sera l’occasion de prendre quartiers aux prés salés de la baie de Somme.
Pour le moment, il faut bien les suivre et on les sortira ensuite. L’agnelage touche à sa fin.
Roland Moitrel, berger et président de l'association de défense de l'AOP des agneaux des prés-salés
Ces pâturages sont essentiels pour les agneaux "qui devront pâturer au minimum 75 jours. C’est ça d’ailleurs qui leur donnera une viande tendre", explique Roland Moitrel, président de l’association. "Pour le moment, il faut bien les suivre et on les sortira ensuite. L’agnelage touche à sa fin".
Berger à Saint-Valery-sur-Somme, il dirige l’association de défense de l’Appellation d’origine protégée (AOP) "Prés-Salés de la Baie de Somme", certification obtenue en 2007. Une dizaine d’éleveurs font partie du groupement, répartis sur près de 1 200 hectares. Les premières ventes auront lieu dès l’été prochain.