Un appel avait été lancé par une délégation de la préfecture, à l'occasion d'une journée internationale de lutte, et alors que des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dès hier dans les plus grandes villes de France.
Malgré la pluie et le froid, environ 200 personnes se sont rassemblées sur le parvis de la gare d'Amiens et ont défilé jusqu'à la place Gambetta, dimanche 25 novembre, à l'occasion de la "Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes". Un appel avait été lancé par Seelanaye Appa, fonctionnaire de la préfecture de la Somme, déléguée départementale aux droits des femmes et à l'égalité.
Un an après #MeToo, qui a fait bondir de 23% le nombre de cas de violences sexuelles signalées à la police, "on voit qu'entre le nombre de victimes et le nombre de plaintes déposées, il y a encore un fossé, regrette une jeune manifestante. Mais la parole se libère, alors on perd pas espoir et on continue de lutter."
Une autre femme explique sa démarche : "L'idée, c'est de changer les comportements, avoir une nouvelle culture de respect, une culture d'égalité. Sans égalité entre femmes et hommes, on ne peut pas éradiquer les violences".
1500 personnes à Lille hier
Dès samedi, des dizaines de milliers de femmes et d'hommes - selon les organisatrices - sont descendus dans les rues d'une cinquantaine de villes de France, à l'appel d'un collectif qui avait appelé à un "raz-de-marée féministe", un an après le début de la vague #MeToo. Les défilés se sont souvent tenus à l'écart des gilets jaunes et se sont parés de violet, couleur choisie par le mouvement #NousToutes.
A Lille, les organisatrices comptaient 1500 participants et se réjouissaient d'un "immense succès". "Le sexisme tue", "la rue est à nous toutes", "un non est un non", pouvait-on lire sur les pancartes, à côté de drapeaux de mouvements politiques (Générations, EELV) ou syndicaux (CGT et Sud).
"C'est la plus grosse mobilisation (féministe) qu'on ait connue en France", s'est félicitée son instigatrice, Caroline De Haas, annonçant 50.000 personnes dans les rues, dont 30.000 à Paris.
Police et préfectures ont pour leur part annoncé 12.000 manifestants à Paris (contre 2000 l'an dernier), 2.400 à Lyon, 1.500 à Marseille, 950 à Rennes, 900 en deux cortèges à Nantes, 600 à Toulouse...
Une plateforme de signalement lancée mardi
"La lutte contre les violences faites aux femmes progresse chaque jour mais notre société part de loin : chacun doit agir et lutter car c'est l'affaire de tous!", a tweeté le président Emmanuel Macron avec le hashtag #NousToutes.
La secrétaire d'Etat à l'Égalité femmes-hommes Marlène Schiappa a "salué" sur Twitter cette "grande manifestation (...) qui doit être vue et entendue", se disant "mobilisée sans relâche".
La plateforme de signalement en ligne des violences sexistes et sexuelles promise depuis un an sera d'ailleurs lancée mardi, a annoncé Edouard Philippe. "C'est le premier des jalons, technique et politique, pour éradiquer" ces violences, a fait valoir le Premier ministre dans une tribune publiée sur Facebook. "Désormais quelques clics peuvent aider chacune à prendre un nouveau départ : pour soi, pour sa famille. Et peut-être pour éviter le pire", a-t-il insisté.
#NousToutes veut "des moyens financiers suffisants"
Il y a un an, Emmanuel Macron avait décrété l'égalité femmes/hommes "grande cause du quinquennat". Mais "s'il n'y a pas d'argent, les politiques publiques ne suivront pas", a alerté Caroline De Haas.
Les fonds consacrés à aider les femmes victimes de violences conjugales devraient être portés à au moins 506 millions d'euros par an, contre 79 aujourd'hui, ont plaidé cette semaine cinq organisations, dont le Conseil économique, social et environnemental (CESE).
En France, en 2016, 123 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, soit environ une tous les trois jours. Chaque année, près de 220.000 femmes subissent des violences de la part de leur conjoint ou ex-compagnon, selon des chiffres 2017 officiels. En outre, plus de 250 femmes sont violées chaque jour, et une sur trois a déjà été harcelée ou agressée sexuellement au travail.